Je reviendrai sur cette lettre si commode pour dire en langage sms J't'M, chargée de tant de mots porteurs de joies et de douleurs, d'interrogations aussi.
Je me contente aujourd'hui de rééditer le texte de Alphonse Daudet
"Prenez mon bras, ma mère... il ne faut pas rester là"
Il dit cela très haut, d'un ton si calme et si ferme que tous les rires cessèrent, et que la vieille femme subitement apaisée, soutenue par cette étreinte solide où s'appuyaient les derniers tremblements de sa colère, put sortir du palais entre deux haies respectueuses. Couple grandiose et rustique, les millions du fils illuminant la paysannerie de la mère comme ces haillons de saints qu'entoure une châsse d'or, ils disparurent dans le beau soleil qu'il faisait dehors, dans la splendeurde leur carosse étincelant, ironie féroce en présence de cette grande détresse, symbole frappant de l'épouvantable misère des riches.
Tous deux assis au fond, car ils craignaient d'être vus, ils ne se parlèrent pas d'abord. Mais dès que la voiture se fut mise en route, qu'il eut vu fuir derrière lui le triste calvaire où son honneur restait au gibet, Jansoulet, à bout de forces, posa sa tête contre l'épaule maternelle, la cacha dans un croisement du vieux châle vert, et là, laissant ruisseler ses larmes brûlantes, tout son grand corps secoué par les sanglots, il retrouvait le cri de son enfance, sa plainte patoise de quand il était tout petit : "Mama ... Mama ... "
Le Nabab, Alphonse Daudet, première publication en feuilleton en 1877
rendez-vous au billet initial : Une mère, sous la plume d'alphonse Daudet
Je n'ai pas trouvé Le Nabab en version papier mais quichottine l'a trouvé en version numérique gratuite et m'en a donné le lien :
http://beq.ebooksgratuits.com/vents/daudet-nabab.pdf
Bonne lecture à ceux que cela intéresse !
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