Honneur au 1er mai dans tous ses états, je réédite le premier billet mis en ligne pour la circonstance, le 1er mai 2009.
une mise au point toujours d'actualité ...
Si la tradition d'offrir du muguet comme porte bonheur au premier du mois de mai est attribuée à Charles IX en 1561, les Celtes en avaient fait un porte bonheur,
peut-être grâce à une utilisation experte comme plante médicinale.
C'est en effet une plante dont toutes les parties sont très toxiques.
Les petites baies rouges sont particulièrement dangereuses car elles attirent la curiosité des enfants, mais le simple fait de machouiller un brin de muguet peut provoquer des vomissements et des troubles cardiaques graves.
Ses propriétés cardiovasculaires et rénales, adéquatement utilisées par les "mages", dans un savoir médical traditionnel, ont pu sauver des personnes dans un état désespéré, comme antidote à d'autres poisons et venins par exemple.
Mais encore une fois, ce savoir traditionnel était transmis par un long apprentissage de maître à disciple, dans une ambiance de secret, à une époque ou la science et la magie étaient à la fois vénérées comme accessibles à un très petit nombre de personnes et craintes voire rejetées, tant par les pouvoirs de vie et de mort qu'elles semblaient conférer à ceux qui les possédaient que par leur réputation de tirer ce savoir du diable.
Le retour à une considération plus respectueuse pour les produits naturels est un premier petit pas , mais ce serait une grave erreur de considérer que tout ce qui est naturel est sain.
Les plantes et les animaux comestibles sont l'exception dans une flore et une faune pour l'essentiel plus ou moins toxique ou hostile que les humains ont mis des millénaires à connaître puis à domestiquer.
Il est infiniment regrettable, que la peur et le sentiment stupide de supériorité des civilisations conquérantes aient, de tous temps contribué à la disparition des savoirs experts antérieurs.
Quant à la fête du travail, le La en est donné à Chicago en 1886 lors d'une grève pour la journée de 8 heures.
Rappelez-vous mon billet 68 Quand les midinettes ... qui faisait suite à Vous avez dit midinettes ?, on en est encore loin même en 1923 où seule la journée de travail des enfants de moins de 16 ans est limitée à dix heures.
Cette revendication d'une journée de 8 heures sera reprise par la IIème internationale socialiste réunie en congrès à Paris à l'occasion du centenaire de la Révolution française qui décide de faire du 1er mai un jour de lutte dans le monde entier.
Cette journée de manifestations fut donc pendant plus de cinquante ans affaire de revendication des salariés.
Si aujourd'hui, la fête du travail est un jour chômé, on le doit au gouvernement de Vichy qui l'a rendu officielle en 1941 pour rallier les salariés selon la même logique que la politique familiale et la fête des mères à l'intention des familles et particulièrement des mères de famille.
Le premier mai évoque aussi la fête de Jeanne d'Arc. J'en ai entendu parler depuis mon enfance, ayant alors quelquefois l'occasion d'aller à Orléans.
Cette ville y fête depuis 1430, sauf empêchement de l'Histoire, l'arrivée de la pucelle à Orléans qui fut délivrée entre le 30 avril et le 8 mai 1429, il y a donc 580 ans. Comme d'autres villes fêtent d'autres anniversaires traditionnels, évidemment pas Rouen quand elle a vu brûler celle qui avait été adulée, ni Calais dont les bourgeois donnèrent les clés aux Anglais pour éviter que la ville ne soit entièrement brulée et détruite.
Tout le monde peut ne pas adhérer à ces commémorations tournées vers un passé lointain, mais il est regrettable que le souvenir de cette jeune fille ait été récupéré à des fins politiciennes, car l'Histoire d'un pays appartient à tous ses habitants.
Et non, mon pseudo ne vient pas d'une admiration pour cette donzelle de Donrémy, tiens, encore des notes de musique (hasard). Je dois à Jeanne, l'une de mes grand-mères, de l'avoir reçu en deuxième prénom. Ce prénom était à la mode au moment de sa naissance qui est aussi celle de la petite fille de Victor Hugo, mise si souvent en poèmes dans L'art d'être grand-père (1869).
D'ailleurs, pour tout dire, si je devais me référer à une Jeanne célèbre, je choisirais plutôt la Jeanne de George Brassens, encore que je n'aie jamais eu de cane.
Les Jeanne, Jeannette et autres jeunettes, travailleuses, et double travailleuses, il y en eut beaucoup plus qu'on ne le pense habituellement. Souvent à la tâche*, souvent à la maison**. Et elles ne défilaient pas le jour du 1er mai. L'émancipation des Coco Chanel est l'exception. Bien souvent, lorsque la ferme familiale ne pouvait pas les nourrir ou lorsque leurs parents étaient eux-mêmes ouvriers, elles allaient très tôt, vers dix, douze ans, se louer auprès de familles plus aisées comme bonnes à tout faire, contre le gite et les repas, et quelques maigres gages, pas toujours.
Se marier, pour ces presqu'enfants, c'était échapper à cette quasi-servitude pour une autre servitude au mari, plus acceptée car prônée par les autorités religeuses pour la survie de l'espèce humaine.
* rémunérées à la pièce
** elles faisaient des travaux de couture ou de broderie chez elles pour les manufactures ou pour leur propre compte quelquefois.
Alors, le muguet qui, selon Brassens, se plaint de trop travailler en ce jour triplement fêté, j'en ai rendu trois brins à la terre de mon petit jardin, en espérant qu'ils s'y acclimateront et feront d'autres jolis brins de muguet.
Avant cela, j'en ai esquissé un avec des pastels, à la va vite, juste pour le souvenir.
Bonheur en offrande
Un instant pour la pause
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