Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
Par Jeanne Fadosi
La lettre T pourrait aussi bien se décliner avec le temps, celui de la durée et celui des tempêtes, ou avec la tristesse tant présente dans les poèmes ou chercher dans les superlatifs le tant, le trop, le tellement, scruter les étoiles au téléscope, troquer les abréviations à la rime avec le téléphone. J'entends d'ici les esprits tatillons dire on ne respecte plus la langue ... m'enfoncer dans l'immensité tellurique pour m'éloigner des travers de la terre ...
Oui certes, j'aurais sans doute aussi trouvé moult poèmes soulignant la tendresse d'un sourire, ou cette absolue nécessité du toucher pour continuer à exister.
et combien d'autres mots jonglant avec cette initiale téméraire ...
Je choisis Jules Supervielle et Tout ce que que l'on peut poser sur ses moTs.
Le regret de la terre
Un jour, quand nous dirons : « C'était le temps du soleil,
Vous souvenez-vous, il éclairait la moindre ramille,
Et aussi bien la femme âgée que la jeune fille étonnée,
Il savait donner leur couleur aux objets dès qu'il se posait.
Il suivait le cheval coureur et s'arrêtait avec lui,
C'était le temps inoubliable où nous étions sur la Terre,
Où cela faisait du bruit de faire tomber quelque chose,
Nous regardions alentour avec nos yeux connaisseurs,
Nos oreilles comprenaient toutes les nuances de l'air
Et lorsque le pas de l'ami s'avançait nous le savions,
Nous ramassions aussi bien une fleur qu'un caillou poli.
Le temps où nous ne pouvions attraper la fumée,
Ah ! c'est tout ce que nos mains sauraient saisir maintenant »
Jules Supervielle, Le regret de la terre, Les Amis inconnus, 1934
Jules Supervielle, poète et écrivain français né en Uruguay, 1884 - 1960
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