Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
Par Jeanne Fadosi
~ Billet 462 ~
Le Jeudi en poésie des Croqueurs de mots fête la nuit de la Saint jean cette semaine. Oui mais je viens de découvrir comment le soleil éclaire les nuits d'un autre Jean et que j'aurais adoré vous proposer pour le thème du soleil de la semaine dernière.
La vie et ses occupations*, la connectique qui danse souvent la gigue, mon ordi avec lequel on n'arrive pas à faire de miracles, tout ceci me tient le plus souvent loin de la blogosphère et cette situation risque de se prolonger encore.
Alors pardon si une croqueuse ou un croqueur de mots a déjà pensé à Cocteau. Si c'est le cas, je mettrai un lien vers l'article concerné.
Batterie
Soleil, je t'adore comme les sauvages,
à plat ventre sur le rivage.
Soleil, tu vernis tes chromos,
tes paniers de fruits, tes animaux.
Fais-moi le corps tanné,salé ;
fais ma grande douleur s'en aller.
Le nègre, dont brille les dents,
est noir dehors, rose dedans.
Moi, je suis noir dedans et rose
dehors, fais la métamorphose.
Change-moi d'odeur, de couleur,
comme tu as changé Hyacinthe en fleur.
Fais braire la cigale en haut du pin,
fais-moi sentir le four à pain.
L'arbre à midi rempli de nuit
la répand le soir à côté de lui.
Fais-moi répandre mes mauvais rêves,
soleil, boa d'Adam et d'Eve.
Fais-moi un peu m'habituer,
à ce que mon ami Jean soit tué.
Loterie, étage tes lots
de vases, de boules, de couteaux.
Tu déballe ta pacotille
sur les fauves, sur les Antilles.
Chez nous, sors ce que tu as de mieux,
pour ne pas abîmer nos yeux.
Baraque de la Goulue, manège
en velours, en miroirs, en arpèges.
Arrache mon mal, tire fort,
charlatan au carrosse d'or.
Que j'ai chaud ! C'est qu'il est midi.
Je ne sais plus ce que je dis.
Je n'ai plus mon ombre autour de moi
soleil ! ménagerie des mois.
Soleil, Buffalo bill, Barnum,
tu grises mieux que l'opium.
Tu es un clown, un toréador,
tu as des chaînes de montre en or.
Tu es un nègre bleu qui boxe
les équateurs, les équinoxes.
Soleil, je supporte tes coups ;
tes gros coups de poing sur mon cou.
C'est encore toi que je préfère,
soleil, délicieux enfer.
Jean Cocteau, 1889 - 1963
Poésies,
soleil de pacotille ramené du Mexique par ma soeur Jacotte
En 1919, le compositeur Millhaud l'a mis en musique pour en faire une chanson, mais, sans doute insatisfait de sa composition, il a détruit la partition et n'en a gardé aucun brouillon. J'aurais souhaité en connaître la date de première édition.
Mais, en consolation, ma recherche m'a conduit à la découverte du site éternels éclairs, du poète Stephen Moysan et je m'y suis attardée.
* J'essaierai de soulever un coin du voile sur ce qui m'occupe en ce moment, mais je ne peux rien promettre.
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