J'ai découvert cette semaine la poésie de Léon Dierx dont j'ignorais jusqu'à l'existence. Comme beaucoup. C'est pourquoi je l'avoue sans honte.
Pourtant en son temps, il a été élu Prince des poètes pour succéder à Stéphane Mallarmé, avant d'être, à sa mort, remplacé par Paul Fort. Excusez du peu !
Il a fréquenté tous ceux que la notoriété a retenu pour leur postérité ...
Guy de Maupassant lui a même, en 1883, dédié sa nouvelle, Regret.
J'hésitais, ces jours derniers, à mettre en ligne quelques uns de ses vers. Pas facile de faire un choix dans cette oeuvre sombre et dense.
Le sujet de la semaine 2 de Miletune m'y encourage. Ce tableau de 1920 par l'allemand Otto Dix est un écho magistral au poème de Léon Dierx, Les paroles du vaincu, écrit à la suite de l'armistice de 1871 imposé par Bismark aux français pour mettre fin à la guerre franco-allemande de 1870.
En voici le début et la fin. Sur wikisource, vous pouvez retrouver l'intégrale ICI
LES PAROLES DU VAINCU (extraits) Léon Dierx
I
Tu rêvais paix universelle !
Tu disais : « Qu’importe un ruisseau ?
Pourquoi le globe qu’on morcelle ?
La terre immense est mon berceau ! »
A présent, tu dis : « Hors la gaîne,
Le glaive à deux mains des aïeux !
Hors des cœurs le sang furieux !
Et vous, autour de notre haine,
Rangez-vous, impassibles Dieux ! »
[ ... ]
XIV
Dans les aurores, les vois-tu,
Montrant, l’une sa noire flèche,
L’autre ses murs toujours sans brèche,
Nos deux sœurs, ivres de vertu ?
Les vois-tu sortir dans l’aurore
Des bras dénoués du Germain,
L’une, allongeant sa maigre main,
L’autre, vierge farouche encore,
Nos sœurs, après l’horrible hymen ?
***
Hélas ! Dis-nous, chanteur cruel,
Quand finiront les cris de haine,
Quand cessera la gloire humaine
D’être un vain meurtre mutuel ?
Vainqueurs, vaincus, à tour de rôle,
Tous ont dressé, courbé l’épaule.
Quel jour enfin, par tous fêté.
Fera, d’un pôle à l’autre pôle,
S’unir en paix l’humanité ?
Léon Dierx, Les paroles du vaincu, février 1871
Voici sur miletune mes mots sur ce jeu de miroirs, par delà le temps
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