Pour Quichottine et ses "quichotrains",
Evidemment, ce n'était pas sans y avoir pensé, mais sans arrière-pensées, que j'avais choisi, le 21 juin si proche des vacances d'été, de la fin de l'école tant attendue par certains, (pas tous), pour le jeudi en poésie "Le monde" de ABC,
En sortant de l'école, de Jacques Prévert et la photo qui l'accompagne.
Même si je n'avais pas mis de lien vers ce chemin de fer blogquichottinien, découvert avec retard, et qui avait déjà une belle collection de wagons-lectures.
Ce lundi-là, le 14 mai 2012, j'avais enfin profité du soleil pour découvrir le sentier fraichement défriché sur l'ancienne voie de chemin de fer.
J'avais bien l'intention aussi d'en faire quelque chose pour le blog, mais quoi au juste ? Je n'ai jamais d'idée préconçue, elles prennent forme à mesure que je découvre les choses et les histoires croisées, de lieux, de gens, de ... tant de choses et d'idées qui m'interpellent, suscitent ma curiosité et où je m'égare si souvent en chemin sur leurs pistes multiples.
Cette histoire de voie ferrée, plus je creuse, plus elle me semble infiniment plus complexe qu'il n'y paraissait.
Ce jour-là, je m'étais perdue en chemin, à moins qu'un tronçon restât encore à nettoyer, ou qu'il n'eût pas été1 rendu accessible ...
attentive aux accidents du terrain sous mes pieds ...
... davantage plongée en pensée dans mes lectures et mes activités non bloguesques du moment.
Le train de Quichottine, si je me réfère aux dates des commentaires qui ont impulsé cette idée, était, qui sait, juste une petite graine clandestine et encore ignorée, qui ne demandait qu'à germer dans ses pensées et devenir une idée en passant ... par la Quichottinie.
Pour parcourir le monde. ... non pas pour buter contre des frontières et des barrières fermées.
je ne suis pas dans un état d'esprit à avoir envie de trop bloguer, en ce moment. Lassitude, petits chaos, Grands départs ... Il est des petits cailloux qui vous font tordre les pieds et vous conseillent des chemins plus solitaires.
Je n'aurais probablement pas accroché mon petit wagon de traverse au quichotrain sans le commentaire de Quichottine sous le poème de Prévert.
merci Quichottine pour tes mots et lutineries le long de ces rails pleins de souvenirs, comme les miens le long d'autres chemins.
Ces lectures-ci sont plus récentes.
Le Mur invisible du moins, dont on m'avait parlé avec enthousiasme ... et que j'ai beaucoup aimé aussi.
Développer pourquoi sur ce billet m'emmènerait trop loin et trop longtemps.
Juste deux ou trois citations qui laissent assez bien imaginer l'intrication2 si bien tricotée entre la description d'un quotidien dans ses détails et une pensée, débarassée en grande partie de nos béquilles habituelles. Peut-on d'ailleurs s'en affranchir vraiment ?
Le Mur invisible, Marlen Haushofer, Actes Sud, éd. 1985, p42 :
"Après avoir poussé aussi loin que mon intelligence me le permettait mes tentatives d'explication, je rejetai ma couverture et entrepris d'allumer le feu, car il faisait froid ce matin."
p137 :
"J'étais devenue très sage mais ma sagesse venait trop tard et d'ailleurs, même si j'étais née sage, je n'aurais rien pu faire dans un monde qui ne l'était pas."
p242 :
"Les choses arrivent tout simplement et, comme des millions d'hommes avant moi, je cherche à leur trouver un sens parce que mon orgueil ne veut pas admettre que le sens d'un événement est tout entier dans cet événement. Aucun coléoptère que j'écrase sans y prendre garde ne verra dans cet événement fâcheux pour lui une secrète relation de portée universelle. Il etait simplement sous mon pied au moment où je l'ai écrasé : un bien-être dans la lumière, une courte douleur aiguë et puis plus rien."
Je me demande juste pourquoi le titre original, Die Wand (Le Mur) a été transformé dans la traduction française. Il n'avait pourtant sans doute pas été choisi par hasard.
Cette lecture m'a donné envie de relire ou de lire d'autres réflexions de solitaires ...
Malicorne de Hubert Reeves, que j'ai déjà lu plusieurs fois et qui continue à m'enchanter ; le seul livre de ce grand savant qui me soit accessible. J'ai bien essayé de lire Patience dans l'azur, mais il a vraiment fallu que je m'accroche.
Les rêveries d'un promeneur solitaire, de Jean-Jacques Rousseau. Mais en lisant la première rêverie, me prend un doute. Est-ce bien les rêveries que j'ai lues ou Les confessions ?
Naufragé volontaire, de Alain Bombard, lu dans ma période passionnée de grandes aventures, à la même époque que Expédition Orénoque Amazone, de Alain Gheerbrant, suivi de Tristes Tropiques de Claude Lévi-Strauss.
Peut-être Vendredi ou la vie sauvage de Michel tournier, plutôt que Robinson Crusoé de Daniel Defoe dont je n'ai lu qu'une version condensée pour enfants, mais dont j'ai vu plusieurs adaptations au cinéma ou à la télévision.
Sourires ... un flash me revient mais il s'agit de L'île au trésor : Le mousse court sur les rochers, fuyant un danger ... Un détail a échappé à la script, il court en chaussures de ville.
L'envie, comme toujours lorsqu'il s'agit de méditer sur le sens de la vie, de relire aussi Si c'est un homme de Primo Levi.
Et d'autres suggestions qui m'ont été faites depuis. Pour les livres récents, Sylvain Tesson, Isabelle Autissier. Mais aussi Nicolas Bouvier et d'autres encore.
La Controverse de Valladolid, c'est une autre démarche. J'en avais découvert l'existence par le film. Je l'avais lu il y a quelque temps, disons quelques années, et, comme toutes mes lectures, s'il m'en restait l'essentiel, c'était vague.
Pas assez pour argumenter en l'utilisant.
Alors je suis allée exprès le racheter dans une librairie.
Et j'en ai entrepris la relecture attentive, entre d'autres lectures. Je viens d'écrire plus légères, moins importantes ...
Ces termes ne conviennent pas à ces autres lectures. Certaines le sont sans doute, mais comment le saurais-je ?
L'approche de Jean-Claude Carrière me convient bien. En dépit de la liberté prise avec la réalité historique, ce dont l'auteur s'explique avec honnêteté dans l'introduction. Encore faut-il se donner la peine de lire les introductions.
Je voulais en terminer la relecture avant samedi dernier. Je n'y suis pas arrivée.
D'ailleurs, j'ai été déjà bien trop bavarde ici, c'est que j'ai envie de profiter de ces chansons qui nous ressemblent, bien calée dans un fauteuil, avant de terminer par quelques pages du soir, au lit.
Comment je lis ? C'est un petit tag qui avait circulé à l'été 2009 et j'avais joué le jeu :
A propos de lecture : 1er épisode, 2ème épisode, 3ème épisode
Et quelquefois, très rarement je dois bien l'avouer, il m'arrive d'avoir la nostalgie de l'ambiance des bibliothèques d'antan ... et je me souviens d'une exposition qui m'avait enchantée, contée dans Et si la lecture se donnait à voir.
1. J'ai vérifié la conjugaison. Je suis à peu près sûre pour restât même si je doute encore, mais pas vraiment pour eût été.
2. le mot n'est pas joli à la lecture et encore moins à l'oreille, mais je n'en ai pas trouvé de meilleur pour décrire le contenu de ce livre, aussi bien dans son acception ordinaire que dans le lien qu'il m'a fait faire vers la dimension quantique qui m'a encore ouvert d'autres portes de réflexion.
Je ris... et, tu vois, j'en suis ravie !
Depuis un moment, je me demandais qui citerait ce poème de Prévert... et je suis contente que tu l'aies fait !
Merci, Jeanne.
Ce serait un très joli quichotrain.