Dire ou se taire ? ... (1) ; Dire ou se taire ? ... (2)
nb : si mon blabla vous semble trop long ou inutile, allez au moins au lien figurant en bas de ce billet.
Si chacun, en conscience, doit s'interroger sur ce qu'il convient de dire et taire (oui il faut parfois se taire, revoyez le film Menteur menteur, de Tom Shadyac, 1997, avec Jim Carey si vous avez encore des doutes), sur le tempo du silence et de la parole, et à qui ?, et quand ? et comment ? Si la Toile a ouvert de fantastiques opportunités de s'étaler sur les réseaux sociaux, avec tous les excès de la nouveauté, en oubliant que ce que l'on y met est visible par tous ou peut être transféré dans une répétition qui nous échappe, si elle efface la frontière, la protection, entre soi et les autres, tous les autres, longtemps ce sont les medias, qui ne s'appelaient pas encore ainsi, qui étaient les transmetteurs des nouvelles, importantes ou non, lourdes de conséquences, ... ou non.
Et avant cela, n'oublions pas le rôle des colporteurs et des chemineaux, celui des compagnons du Tour de France, des messagers, des grands voyageurs tels Marco Polo ou des petits glaneurs de nouvelles tels les gardes champêtres ou même le curé ou les crieurs.
En ce qui concerne les messages écrits, beaucoup de libelles recopiés le plus souvent à la main mais quelquefois imprimés circulaient sous le manteau. Les informations officielles telles la sinistre conscription ou les appels à impôt ou à corvée faisaient l'objet d'affiches placardées, d'où leur nom de placards.
Les nouvelles prennent leur temps à se diffuser dans les provinces et l'almanach est souvent une source précieuse des potins de l'année comme des conseils pour les culture ou pour l'hygiène, la santé et la moralité.
Le premier périodique, un hebdomadaire de 4 pages, est lancé à Strasbourg en 1605 et publié régulièrement à partir de 1609. L'invention de l'imprimerie existe alors depuis les années 1450, soit depuis 150 ans
image glanée sur wikimedia, Domaine public (informations CLIC)
Des mesures politiques ont dès le départ freiné la diffusion des idées et des informations par des censures et des contrôles très stricts et tout écart est radicalement sanctionné.
Il faut attendre le XIXe siècle et son essor industriel, pour que la presse puisse se développer, en dépit de la présence omniprésente des ciseaux d'Anasthasie (allégorie de la censure créée par le caricaturiste André Gill). Il fallait aussi que l'instruction progresse. Car il fallait au moins que quelques uns sachent lire. Après, l'information circulait, filtrée, souvent déformée, par le bouche à oreille.
Dire ou se taire ... et quoi, et quand, et comment ... Voilà bien les interrogations essentielles que devait, que devrait, se poser tout journaliste.
D'autant que, outre les pouvoirs officiels, la méfiance est relayée en chaire, ou par des écrivains utilisant leur notoriété. La presse a des détracteurs redoutables et parmi eux Baudelaire.
Vous retrouverez mes réflexions entremêlées dans divers billets :
Que penseraient-ils des gazettes actuelles I
Que penseraient-ils des gazettes actuelles II
L'actualité interpelle plus que jamais sur cette question fondamentale dont les réponses font le ciment ou l'éclatement du vivre ensemble.
Les étés du matin sur Franc Inter ont pris l'habitude de nous emmener revisiter des écrivains français parmi les plus connus, il y a deux ans c'était Montaigne, l'an dernier Proust
Cette année, Baudelaire.
Et justement, un matin de cette semaine, c'est Baudelaire et les journaux dit par Zabou Breitman et commenté par Antoine Compagnon
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