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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 00:25

~ Billet 329 ~

En prélude, l'évocation d'Edgar Morin au talent et à l'amour que mettait sa femme pour faire de leur domicile un havre, un cocon, précisément un nid.
Juste le temps de retrouver les pages où il décrit avec une émotion retenue tout l'amour partagé qu'il peut y avoir à cette activité.et je grapille ces quelques phrases extraites des pages 68 et 69 du chapitre Nous.
Edwige, l'inséparable, Edgar Morin, éditions Fayard, 2009

" Mais elle rêvait d'un vrai nid et se mit à le chercher [...] Moi, incrusté rue des Arquebusiers, je répugnais à déménager, mais Edwige a réussi à "retirer son bigorneau avec une épingle".
Alors a commencé la véritable nidification [...] Avec quelle ardeur elle a nidifié, y mettant son énergie, son goût, son invention [...]
Elle était fourmi et abeille, oiseau architecte faisant son nid en allant chercher au loin les éléments pour le décorer ... Et quand elle trouvait un objet qui lui convenait, elle me disait avec un visage d'une tendresse inouïe : " C'est pour le nid ".
[...]
Elle se donnait au-delà de ses forces [...] "


La petite fermière
Lajemy proposait un Casse-tête de la semaine tout en douceur : Cocooning.

Le cocooning n'est pas tout à fait l'activité décrite ci-dessus, elle en est plutôt la résultante recherchée si le nidification est réussie.

Dans les années 1980, cet anglicisme est devenu tellement à la mode qu'il est passé dans le langage courant, en mode positif et actif (pour faire son nid comme l'écrit joliment Edgar Morin à propos de sa compagne de tant d'années mais surtout dans un mode d'incitation à décorer son intérieur et donc à acheter), ringardisant l'expression voisine mais plutôt péjorative et passive de comportement casanier.

Point besoin par le froid engivré du début de semaine de me creuser beaucoup pour mettre en mots mes impressions. Même mon chat, ce n'est pas très original, m'avait inspiré une photo pour l'illustrer, tant il est vrai qu'ils sont les champions en ce domaine.

J'avais profité d'un samedi et d'un dimanche tranquilles pour vous proposer un conte oriental sur Une Création du monde, j'avais renoncé une journée de plus à rédiger quelques vraies cartes pour la nouvelle année. J'avais décroché mon téléphone pour échanger des voeux et des nouvelles immédiates malgré les distances.
Lundi, manquait juste l'énergie et une connection internet défaillante, puis le temps.
Mardi, je me consacrais à la ronde joyeuse des prénoms du mercredi après une matinée sous la couette pour recharger mes batteries à plat et une après-midi pastel.
La ritournelle est venue sous mes doigts sans peine. Me restait l'illustration. J'ai trouvé des photos magnifiques sur Internet mais dans le doute, et par amusement, j'ai préféré m'inspirer de l'une d'elle pour exquisser, vite fait, le dessin d'
Igor le ténor que j'ai mis en ligne.
Il était tard, je n'avais pas pu rattraper le retard pris dans mes visites bloguesques à cause de la connection sans doute givrée elle aussi.
Je me sentais dans cet état indéfinissable que je connaissais trop bien. Peu fréquent. Une sorte de sensation de flottement, une léger tremblement intérieur, un désarroi (angoisse serait trop fort) indéfinissable.
Demain mercredi, je mettrais en forme ma vision du "cocooning".
... en décrivant mes premières heures d'éveil, à flaner dans le noir en écoutant bien au chaud dans mon lit ma radio du matin.
Celles et ceux qui me lisent depuis longtemps ont sans doute ici ou là compris que j'écoutais France Inter. Une chronique arrivée à propos m'avait même inspiré un billet pour
Bigornette.

Mais voilà ! C'est dans un demi-sommeil que la nouvelle du séisme à Haïti s'est vaguement infiltrée dans mon esprit. Je n'ai pas immédiatement pris la mesure de la gravité de l'information. Mais au bulletin suivant, je prenais conscience de ce qui se disait là dans le poste. La tiédeur de l'édredon et le confort des draps de flanelle, en dépit des petits 15° de la chambre, autant par économie que parce que la chaleur artificielle des convecteurs m'indispose, me semblent tout à coup bien dérisoires. Et bien futile et déplacé de m'être préparée à décrire avec délectation ces petits bonheurs dedans quand dehors il fait froid. Bien sûr avec la conscience de la chance d'avoir un toit. Mais là, c'était trop tout d'un coup. Je ne pouvais plus.

Alors j'ai laissé passer la crise. La terre n'était pas calmée. D'ailleurs, mercredi soir, le chat est soudainement sorti de sa léthargie pour faire des bonds tout à fait inhabituels dans toute la pièce pendant que j'étais au téléphone. Sur le moment je me suis étonnée de cette lubie inhabituelle sans cause apparente. J'ai compris en apprenant que les sismographes de Paris percevaient les secousses. Car je me souviens de l'affolement de la chatte de mon amie un matin à La Rochelle, juste avant que les verres ne tintent étonnamment et que de la rue monte une rumeur semblable à celle d'un train. Rien de comparable il est vrai avec l'effroyable catastrohe qui vient d'accabler ce peuple et ce pays après les inondations de 2008.

Hier soir, je suis allée faire un tour du côté des définitions. Pour retrouver une motivation, et une inspiration.
J'ai découvert avec satisfaction le nom québécois de coconage, que l'office québecois de la langue française définit comme le « comportement psychosocial qui se caractérise par une tendance au repli dans le cocon protecteur du domicile que l'on tente de rendre le plus douillet possible ».
Mais j'ai aussi découvert, et cette découverte m'interpelle bien davantage, que le mot cocooning aurait été utilié par l'écrivain anglais Edward Morgan Forster dans une nouvelle d'anticipation (on dirait science fiction maintenant) de 1909, The machine stops, où il décrit un futur où les êtres humains, cocoonant dans le sous-sol terrestre, son sous la domination totale de la technologie, où l'humanité va à sa perte avec fatalisme, les systèmes fonctionnant de plus en plus mal !
En quelque sorte, outre une humanité à son déclin, sous l'emprise de la machine, il pressentait (au sous-sol près, et encore ...) quelques blogueurs compulsifs devant leur machine dévorante !

Pour me réconforter, je suis, entre deux coupures de connection internet, allée furtivement sur les blogs des coconeuses(eurs). Sourires ... amusement d'y voir nos charmants compagnons nous montrer avec talent l'art du cocooning.
Evidemment je vous montre le chat en pleine activité de coconage. Non, non,vous n'aurez pas sa course effrénée. Mais notez que, trop cabot, il n'a pas résisté à ouvrir les yeux dès qu'il a senti l'appareil photo posé sur lui. Il est vrai qu'il se prenait déjà pour une diva dans Cha cha cha.

chat-coconant1.jpg

Et pour faire bonne mesure, voici Vénus, la chatte de ma soeur Jacotte qui n'est pas moins experte dans l'art de la sieste.

Venus coconant

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commentaires

<br /> quel joli cheminement pour arriver finalement aux champions du cocooning les félins !!!! merci Jeanne ! bisous<br /> <br /> <br />
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J
<br /> merci de ce gentil com. c'est vrai que pour moi, le thème était plus difficile à traiter avec ces tristes actualités ...<br /> bises et belle fin de journée<br /> <br /> <br />
I
<br /> Merci d'avoir donné un peu de tes nouvelles, je m'inquiétais un brin. Bisous Jeanne<br /> <br /> <br />
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J
<br /> mon dos m'a titillé toute la semaine dernière et je suis allée mollo devant l'ordinateur. j'ai beau avoir un siège spécial, là, c'était trop. cela va mieux maintenant mais je sens que ce n'est pas<br /> tout à fait OK quand même !<br /> merci de ton gentil com, je t'embrasse<br /> <br /> <br />
F
<br /> Les chats ont l'art de  savoir faire leur "nid"!!<br /> <br /> <br />
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J
<br /> il faut voir le mien installer la couverture comme il lui convient ...<br /> <br /> <br />
B
<br /> <br /> J'adore les chats...<br /> Ces 2 là sont superbes. Envie de les toucher .. Lol<br /> Bonne soirée.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> le premier est très calin et même très pot de colle !<br /> belle journée<br /> <br /> <br />
<br /> on dirait qu'ils posent pour l'objectif :-)  bel article qui remet le cocon a sa place :-)<br /> <br /> <br />
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J
<br /> peut-être pas Vénus qui dort comme une juste mais le chat, c'est sûr qu'il pose devant l'objectif, la minute d'avant son attitude était beaucoup plus éloquente mais il n'a pas voulu se remettre à<br /> dormir !<br /> <br /> <br />
C
<br /> quels merveilleux chats que voici, les rois du cocooning, merci et bonne soirée<br /> <br /> <br />
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J
<br /> cha, c'est bien vrai ...<br /> <br /> <br />
L
<br /> sur l'écran noir de mes nuits blanches magnifique ce rêve félin<br /> <br /> <br />
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J
<br /> la nuit tous les chats sont-ils gris ?<br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Un petit saut sur ton blog pour te souhaiter<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> merci. Le soleil a permis de prendre l'air en faisant un peu de nettoyage dans le jardin.<br /> belle fin de soirée<br /> <br /> <br />
C
<br /> Avec un temps pareil il fait bon d'être bien au chaud chez soi avec un livre ou à ne rien faire du tout.. <br /> bonne journée<br /> clem <br /> <br /> <br />
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J
<br /> sans doute et de toutes façons je suis trop fatiguée pour faire grand chose. J'aia quand même profité du soleil de l'après midi dans le jardin ...<br /> bises et belle soirée<br /> <br /> <br />
C
<br /> j'aimerai bien être à la place de vénus, la tête à l'envers<br /> bon dimanche<br /> <br /> <br />
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J
<br /> je l'ai photographié à contre jour encadrée par le dossier d'un fauteuil rustique. cela avait l'air d'être la béatitude pour elle !<br /> bon dimanche à toi aussi<br /> <br /> <br />
P
<br /> Nous le faisons tous, je pense. Tous les soirs, j'accommode mon lit d'une certaine façon. je sais, c'est un peu bête !!!! Bises !<br /> <br /> <br />
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J
<br /> "comme on fait son lit on se couche". Le nid c'est plus large que cela je pense, toute la maison. Mais c'est important évidemment de s'y sentir bien. et c'est bête peut-être, au sens premier de<br /> bête. Il y a peu de bêtes, il me semble qui n'aménagent pas un minimum leur lieu de vie quelqu'il soit.<br /> bises et belle journée à vous deux<br /> <br /> <br />
V
<br /> J'ai essayé pour agrandir les lettres, tant avec le clavier uniquement ou avec la souris à molette, cela ne fonctionne pas.<br /> Bonne journée<br /> Bisous c+<br /> <br /> <br />
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J
<br /> pour la molette, il faut en même temps appuyer sur la touche ctrl : vers le fil de la souris pour agrandir, vers ta main pour diminuer. Pour l'usage de la touche +, si tu n'as pas de clavier<br /> numérique, il faut faire le + comme on le fait pour l'imprimer en même temps que le touche ctrl.<br /> mais peut-être as-tu comme moi une barre en bas de l'écran avec une petite loupe avec un + dedans et l'inscription 100% à côté. si tu clique avec la souris une fois sur le + de la loupe le<br /> grossissement passe à 125% ce qui est en général suffisant. une deuxième fois le grossissement sera de 150%. Pour revenir à la taille normale, tu clique une troisième fois.<br /> bises et belle journée<br /> <br /> <br />

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