~ Billet 327 ~
Pour le jeudi en poésie des Croqueurs de mots, j'avais préparé une autre page.
Je la mets de côté pour une autre fois.
Ce matin au réveil, dans un demi-sommeil, bien à l'abri sous mes chaudes couvertures, je n'ai pas tout de suite réalisé qu'un nouveau soubresaut de la croûte terrestre venait de jeter tout un peuple dans la rue.
Ce soir de janvier, pour me distraire,
une série américaine, un match de foot,
une émission de pierres et de gens
des histoires de gens,
qui mettent beucoup de passion
à sauver de vieilles pierres
avec sans doute beaucoup d'argent,
aussi
J'ai parcouru le programme télé
rien ne m'a vraiment accroché.
J'ai éteint cette lucarne.
Je me sens si mal.
Je voudrais ne jamais avoir
mis en ligne ce conte idiot
de pierres et de gens
qui se chamaillent.
je voudrais ne pas avoir vu
ces grands yeux étonnés
sur ce galet du Tréport .
Je voudrais que le sol n'ait pas tremblé,
que les pierres ne soient pas tombées.
Ce soir sur un petit fragment de terre,
la misère s'ajoute à la misère.
Et la terre rappelle aux gens
Qu'ils doivent compter avec ses pierres.
Jeanne Fadosi, mercredi 13 janvier 2010
J'avais écrit les quelques vers qui suivent au dos d'une carte postale en regardant l'envers du faste parisien .
Ma peine venait d'ailleurs, mais, en remplaçant Paris contraste par Haïti dévasté, un "je" peut sans doute avoir ce ressentir devant la dévastation, en Haïti, là et maintenant.
Tant de beauté
Tant de misère
Paris contraste
Où est ton âme ?
La mienne hurle !
Tu me voles
Voleuse, friponne.
Tu éclates d’un rire goulu
Derrière un mur effondré.
Hier guenilles,
Bientôt building.
Chut c’est franglais.
Interdit ;
Défense de …
L’oiseau s’envole,
Chante !
L’homme, où cours-tu ?
Où est nulle part ;
Nulle part est ailleurs.
Ici peut-être ?
Jeanne Fadosi, Paris avril 1977