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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 10:00

 

Je me souviens de ces matins de l'hiver 1968, largement avant les fameux événements du même nom, dans le bus scolaire qu'on avait obtenu au bout de deux ans de trajets à pied (deux bons kilomètres) pour nous rendre de l'Ecole Normale des Filles, notre lieu de résidence, à l'Ecole normale des garçons, où nous avions nos cours ;

Je me souviens de notre groupe de filles de la section expérimentale de B "science économique", sans s et sans "et sociales", pour préparer un baccalauréat B qui était en test dans un certain nombre d'établissements avant d'être ou pas généralisé ;

Je me souviens dans le bus au petit matin, dans la nuit froide, nous entonnions en rituel l'Internationale. systématiquement.

Ca ne plaisait pas trop au chauffeur qui en a référé au Directeur et à la Directrice lesquels ont convoqué le chef de classe pour ... je ne me souviens plus si il y a eu une conséquence ou pas ... peut-être que je raconterai ... ou pas

 

Cette fin de matinée, la cérémonie pour Charb a débuté par l'Internationale, en présence des élus, dont le maire de droite.

Qui l'eut cru seulement possible ?

 

Aujourd'hui j'ai surtout une pensée pour les proches de Charb, ses parents et tout particulièrement sa maman, ses camarades de classe, ses professeurs, ceux qui le comprenaient comme ceux qui n'appréciaient pas, déjà, qu'il bouscule gentiment l'autorité.

 

Charb, je n'achetais que rarement Charlie hebdo, mais cela m'arrivait.

Tu vas nous manquer.

 

Pissarro_gelee-blanche.jpg

Camille Pissarro, Gelée blanche, 1873

clic sur l'image pour écouter un clip de L'Internationale

 

 

L’INTERNATIONALE

 

Au citoyen Lefrançais, membre de la Commune.

 

 

C’est la lutte finale :

Groupons-nous, et demain,

L’Internationale

Sera le genre humain

 

Debout ! les damnés de la terre !

Debout ! les forçats de la faim !

La raison tonne en son cratère :

C’est l’éruption de la fin.

Du passé faisons table rase,

Foule esclave, debout ! debout !

Le monde va changer de base :

Nous ne sommes rien, soyons tout !

 

Il n’est pas de sauveurs suprêmes :

Ni Dieu, ni César, ni tribun,

Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !

Décrétons le salut commun !

Pour que le voleur rende gorge,

Pour tirer l’esprit du cachot,

Soufflons nous-mêmes notre forge,

Battons le fer quand il est chaud !

 

L’État comprime et la loi triche ;

L’Impôt saigne le malheureux ;

Nul devoir ne s’impose au riche ;

Le droit du pauvre est un mot creux.

C’est assez languir en tutelle,

L’Égalité veut d’autres lois ;

« Pas de droits sans devoirs, dit-elle

« Égaux, pas de devoirs sans droits ! »

 

Hideux dans leur apothéose,

Les rois de la mine et du rail

Ont-ils jamais fait autre chose

Que dévaliser le travail ?

Dans les coffres-forts de la bande

Ce qu’il a créé s’est fondu

En décrétant qu’on le lui rende

Le peuple ne veut que son dû.

 

Les Rois nous soûlaient de fumées,

Paix entre nous, guerre aux tyrans !

Appliquons la grève aux armées,

Crosse en l’air, et rompons les rangs !

S’ils s’obstinent, ces cannibales,

À faire de nous des héros,

Ils sauront bientôt que nos balles

Sont pour nos propres généraux.

 

Ouvriers, paysans, nous sommes

Le grand parti des travailleurs ;

La terre n’appartient qu’aux hommes,

L’oisif ira loger ailleurs.

Combien de nos chairs se repaissent !

Mais, si les corbeaux, les vautours,

Un de ces matins, disparaissent,

Le soleil brillera toujours !

 

C’est la lutte finale :

Groupons-nous, et demain,

L’Internationale

Sera le genre humain

 

Eugène Pottier, Paris, juin 1871.

 

Au départ chantée sur l'air de la Marseillaise, la musique de l'Internationale a été créée par Pierre Degeyter en 1888.

.


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commentaires

E
Je ne le connaissais pas vraiment, je l'ai découvert à cette occasion, comme ses compagnons c'était quelqu'un de bien.
Répondre
J
<br /> <br /> je connais Charlie Hebdo depuis sa création mais n'en étais pas une lectrice assidue. Je ne connaissais pas Charb mais j'ai du le croiser sans le savoir ayant habité longtemps à Pontoise<br /> <br /> <br /> <br />
N
Cette cérémonie m'a rappelé mai 68 et les discussions pour refaire le monde, il y avait beaucoup d'humanité sans mauvais jeu de mots durant les différentes évocations, ses parents doivent être<br /> anéantis.
Répondre
J
<br /> <br /> j'avais peur d'être un peu seule à faire ce rapprochement<br /> <br /> <br /> Perdre un enfant est toujours un drâme et une injustice mais dans ces conditions épouvantables je ne sais pas comment ils peuvent ne pas s'effondrer. Même s'ils étaient depuis longtemps dans<br /> l'inquiétude que cela pouvait arriver<br /> <br /> <br /> <br />
M
eh bien, je n'avais jamais entendu l'Internationale en entier comme ça, MERCI beaucoup !
Répondre
J
<br /> <br /> oui c'est un chant qui mérite d'être connu en entier (comme la Marseillaise du reste)<br /> <br /> <br /> <br />
L
bel hommage lui a été rendu... Bien dans son style.<br /> Moi aussi je pense à ses proches qui avaient surement dû le mettre en garde mais qui l'ont laissé aller au bout de ses idées...<br /> Dommage que je n'habite pas la région parisienne !<br /> avec le sourire car la vie continue
Répondre
J
<br /> <br /> nous ne sommes pas dans l'intimité des familles et c'est bien ainsi. je pense en tous cas qu'ils devaient craindre pour sa vie tout en espérant que cela ne pouvait pas se produire<br /> <br /> <br /> <br />
M
Je ne connaissais que le refrain de l'Internationale. Merci pour ces paroles, Jeanne. je découvre une très belle chanson<br /> Je passais devant l’École Normale à Aix plusieurs fois par jour, ado, puis jeune fille; Souvenirs... souvenirs...<br /> <br /> Bises<br /> Martine
Répondre
J
<br /> <br /> Nous en connaissions pas beaucoup plus peut-être le premier voire le deuxième couplet. De toutes façons, en bus, nous n'avions pas le temps ...<br /> <br /> <br /> bises<br /> <br /> <br /> <br />
Q
Nous étions sur la route, et je n'ai pas vu l'hommage à Charb... mais sur France-Info, ils l'ont évoqué et j'en ai été très émue... même si je n'étais pas une lectrice assidue de Charlie, je<br /> n'aurais jamais cru que ce massacre pouvait avoir lieu.
Répondre
J
<br /> <br /> je ne l'ai pas vu non plus mais j'en ai eu des échos quasiment instantanés à la radio<br /> <br /> <br /> <br />
L
Ah, l'Ecole Normale ! Moi, c'était celle de Quimper.<br /> Je traversais toute la ville aussi, et ma future femme dans l'autre sens ... Le trajet était souvent allongé, car nous n'avions aucune hâte retrouver ces locaux.
Répondre
J
<br /> <br /> chut ... enfin au retour car à l'aller il fallait arriver à l'heure aux cours<br /> <br /> <br /> <br />
F
J'ai entendu cela ce matin, oui, pour sa famille ce doit être horrible. De beaux souvenirs de ton adolescence ! Bises
Répondre
J
<br /> <br /> c'est d'une atrocité gratuite. Je suis de tout coeur avec celles et ceux qui étaient proches de lui, et particulièrement dans son adolescence<br /> <br /> <br /> <br />
M
Très bel hommage à Charb enfant de Pontoise. Cérémonie très émouvante.
Répondre
J
<br /> <br /> je n'y suis pas allée car je suis agoraphobe mais j'ai eu des bribes de cette cérémonie aussi surprenante qu'émouvante à la radio<br /> <br /> <br /> <br />
J
Eh oui pas que l'hymne national... C'est certain qu'il va maquer à ses proches pour toujours, irremplaçable, côté Charlie il y aura de la relève... merci Jeanne !
Répondre
J
<br /> <br /> il y a beaucoup d'autres dessinateurs talentueux qui vont se faire un devoir de leur survivre<br /> <br /> <br /> <br />
E
Je me souviens quand je suis entrée en Seconde, seuls 4% des bacheliers passaient le BAC B... En 3ème, on voulait m'orienter en A, mais j'ai tenu bon et n'ai jamais regretté d'avoir passé ce<br /> BAC-là, plus ouvert me semblait-il aux réalités quotidiennes, même si j'adorais les lettres...
Répondre
J
<br /> <br /> J'avais choisi B et non A pour ces raisons d'ouverture sur des connaissances et vu le prof que j'ai eu, je (et sans doute puis-je dire nous avec les autres élèves) n'ai pas eu à regretter ce<br /> choix.<br /> <br /> <br /> Après c'est une autre histoire<br /> <br /> <br /> <br />

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