Pour le jeudi en poésie et parce que mes pas, et d'autres, nous ont conduit, sur l'un des chemins du Téléthon de notre village, près d'un faon qui venait d'être bousculé par une voiture en plain milieu du bourg.
Oui, je sais que le sujet de ce jour concerne des légendes de mer.Le poème de Baudelaire mis en ligne la semaine dernière nous emmène sur ses flots imaginaires et j'ai dans mes archivesl'Angelus de la mer, trouvé dans le cahier de chansons de mon père, collecté en 1924.
Et parce que sa mère biche l'aura sûrement pleuré dans la nuit froide et enneigée.
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux :
Son petit faon délicieux
A disparu dans la nuit brune.
Pour raconter son infortune
A la forêt de ses aïeux,
La biche brâme au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux.
Mais aucune réponse, aucune,
A ses longs appels anxieux !
Et le cou tendu vers les cieux,
Folle d'amour et de rancune,
La biche brâme au clair de lune.
Maurice Rollinat, Les refuges
Maurice Rollinat, 1846, 1903
Les refuges, une des parties de son recueil Les névroses, paru en 1883.
Portrait de Maurice Rollinat, effectué par Jean Désiré Ringel d'Illzachs (1847 - 1916), image empruntée à wikipedia. Un clic sur le portrait pour lire les détails.
Voici un autre lien sur ce poète oublié, et que j'ai bien envie de découvrir autrement que par ce souvenir de poème dont j'avais l'incident de samedi m'a fait remonté le premier quatrain qui me restait en mémoire.
Après Baudelaire que j'ai mis en ligne la semaine dernière, à propos de ses souvenirs d'enfance, celui-ci en est un prolongement cohérent, souvenir de récitation de l'enfance de milliers d'écoliers, dont aucun n'a retenu le nom du poète. Et sulfureuse cette querelle des critiques de l'époque, parce que son succès de chanteur l'aurait obligé à choisir sa clique, ce qu'il s'est refusé. Poète sincère et décrié, il a organisé son propre oubli en se retirant du monde médiatique.
je ne doute pas un seul instant qu'il en aurait été autrement avec la radio et les disques qui ne nous ont fait oublié ni Jacques brel, ni Jean Ferrat, que je tiens autant pour des poètes du XXème siècle que pour des chanteurs.
Nul doute aussi que cet unique poème remonté dans les anthologies des enfants, on le doit à Walt Disney et à son premier grand succès après Blanche neige, je veux parler de Bambi, dessin animé de 1942. Mais aussi, cet autre film de mon enfance, Jody et le faon par Clarence Brown, sorti en 1946.