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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 17:45

 

Brouillon interrompu par le téléphone samedi soir vers huit heure moins le quart

Je voulais juste partager avec vous ce que Bernard Maris, avec un sens aigu de la dérision autant que de la pensée fouillée et réfléchie

 

"La fin de l'histoire"

(avec un h minuscule, note personnelle)

 

Albert Camus, qui ne dédaignait aucun jour de la vie et ne méprisait aucune de ses souffrances, fit remarquer (après tant d'autres) que nous ne vivons pas pour ce jour, mais pour demain : demain quand je serai libre, riche, grand, guéri, de retour, etc. Or demain, c'est la mort. Le mur final contre lequel se brisera notre misérable petit tas de secrets. Un raisonnement backward induction (en note de bas de page "rétroactif" : raisonnement très utilisé en théorie des jeux) dont le point de départ serait le moment fatal, devrait nous conduire à reconnaître l'absurdité du moment présent et nous en libérer, à la manière des Cyniques ("Que risques-tu ? Mourir ? Alors tu ne risques rien") ou, tout au contraire, nous inciter à vivre intensément le moment présent, comme s'il devait se répéter une infinité de fois. C'est l'image opposée du Cynique : le fou de vie, le romantique nietzschéen. L'existence de la mort ne résout absolument rien : toute attitude est justifiable par la conscience de la mort, y compris celle du contemplatif ou du styliste, qui est de ne pas bouger en l'attendant. "A quoi te sert-il d'apprendre cet air de musique avant de mourir ?" Socrate, peu avant de boire la ciguë, répond "A l'apprendre avant de mourir" ...

 

Bernard Maris, Antimanuel d'économie, 2 Les cigales, éditions Bréal 2008,

INTRODUCTION (sous-titre L'espérance de vie), p 26-27

 

      Ce soir de dimanche, après ce rassemblement de Paris inédit, je me pénètre des mots de ce texte dont le sens m'apparaît, au regard des événements de cette semaine, multiple et de plus en plus. 

Aujourd'hui, je me demande qui a vécu intensément le moment présent et qui s'est projeté dans les jours d'avant ou dans les jours et les mois d'après.

Aujourd'hui, je me demande quelle ont été les dernières pensées de Maris et ses collèges et amis juste avant "le moment fatal" ? S'ils ont seulement eu conscience de ce qui arrivait.

Aujourd'hui, je me demande comment et si l'on peut seulement inscrire de tels actes terroristes dans cette réflexion sur la vie la mort le temps. En ce qui concerne les tueurs.

Aujourd'hui, je veux seulement m'émerveiller de cette formidable force de vie qui a animé tant de monde.

 

Sisyphos 1732

Illustration pour le mythe de Sisyphe

.

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commentaires

Q
Comme suite à ta réponse... tu as raison, je ne crois pas qu'il y en ait.<br /> Même si certains meurent en sauvant des vies.<br /> <br /> ...
Répondre
J
<br /> <br /> alors oui si cela peut sauver d'autres vies<br /> <br /> <br /> <br />
Q
Ta réflexion me touche beaucoup, ainsi que le texte cité dans ton début d'article.<br /> <br /> J'ignore s'ils ont eu le temps de penser et quels ont été leurs dernières pensées...<br /> <br /> Mais je ne peux m'empêcher de penser à ces morts inutiles, à cette violence qui déferle sur notre monde et que nous ne savons pas arrêter.<br /> <br /> Pourtant, j'ai envie de croire en la vie.
Répondre
J
<br /> <br /> y a-t-il des morts utiles ? je ne sais pas. Quelquefois des morts inévitables peut-être après des dérives qui n'ont pas pu être évitées mais utiles je ne crois pas<br /> <br /> <br /> Alors croyons en la vie<br /> <br /> <br /> <br />
F
Cet élan vital d'hier doit continuer et non pas retomber comme un soufflé.
Répondre
J
<br /> <br /> je l'espère aussi mais je crains l'après malgré tout.<br /> <br /> <br /> <br />
C
une discrète pensée<br /> bonne soirée<br /> clem
Répondre
J
<br /> <br /> merci pour eux, pour Bernard Maris<br /> <br /> <br /> <br />
E
Tu as raison Jeanne, c'était une force, un sorte de rouleau compresseur en marche qui peut-être a pu un tout petit peu écraser la haine et la bêtise.<br /> Puisse après notre passage faire pousser un peu plus de solidarité entre tous les hommes !
Répondre
J
<br /> <br /> et tu peux en témoigner<br /> <br /> <br /> merci pour vous <br /> <br /> <br /> Je n'aurais pas pu. Pas la peine de risquer faire un malaise au milieu de la foule qui n'aurait terrorisée<br /> <br /> <br /> bises<br /> <br /> <br /> <br />
J
Bonsoir Jeanne... Tout s'est passé si vite dans cette pièce qu'ils sont partis étonnés et sont tombés mortellement blessés... Mme Volinski sur TF1 à l'instant a livré un beau témoignage sur son<br /> mari et son deuil... merci, jill
Répondre
J
<br /> <br /> tu as sans doute raison. J'essayerai de trouver le temps d'aller voir ce reportage de Mme Wolinski<br /> <br /> <br /> merci Jill<br /> <br /> <br /> <br />
M
C'est cette force de vie, cette cohésion de tous malgré nos différences qui compte et rien d'autre. Puisse-t-elle être un commencement et non une fin.
Répondre
J
<br /> <br /> j'ai bien peur que ce ne soit qu'une parenthèse, mais si encourageante qu'il y en aura bien de miettes nourrissantes<br /> <br /> <br /> <br />

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