Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
Par Jeanne Fadosi
Réédition pour le défi n°141 d'Enriqueta pour les CROQUEURS DE MOTS
à suivre aussi et surtout sur Fadosi continue
Première édition ~ Billet 459 Le berger qui préférait les contes, 14/06/2010 08:00 ~
Je programme, entre deux empêchements, le défi n°31 pour les Croqueurs de mots,
La barre y est fermement tenue pour la quinzaine par Hauteclaire, et vaille que vaille, nous surnagerons bien aux orages.
Mais si mon blog saute du billet 456 au billet 458, c'est que je n'aurai pas pu programmer le casse-tête de la semaine. Il faut dire que les caprices de la météo ne s'invitent pas que sur la toile.
Mais revenons aux contes.
Certains de mes plus anciens visiteurs se souviennent peut-être du berger qui dévorait les livres.
Certes, il s'était attaqué aussi à des trucs sérieux causant de comptes. Il faut dire qu'il était faché avec l'orthographe et n'avait aucune notion de la valeur des choses. Ou alors, il avait des goûts de luxe.
Dévorer l'un des rares livres de la bibliothèque qui ait un peu de valeur ! Figurez-vous que je l'ai découvert seulement à l'occasion de cette mésaventure !
Ainsi donc, cet ami de l'homme habituellement docile n'aimait pas rester seul. Et pour tuer le temps, trouvant trop coriace les mots clés de l'univers fiscal de 1991, touchant à peine au manuel d'Excel, il décida de rééecrire à sa manière non pas un mais des contes de Charles Perrault et de Madame d'Aulnoy ...
... avec une étrange prédilection pour les illustrations de Germaine Bouret ...
cette croqueuse de gamines, un rien effrontées, un brin coquines et délurées, déclinant en pleine guerre une proposition de Walt Disney de rejoindre sa jeune équipe pour dessiner des collections d'images pour les pupilles de Pétain et plus prosaïquement faire vire, en France, ses propres imprimeries.
La question demeure aujourd'hui posée. Pour quelle sorte d'écrits tournaient les rotatives ?
On oublia. Après tout, ce fut aussi une parenthèse pour Coco Chanel et bien d'autres VIP de l'époque.
L'appétit pour les contes de notre berger fut sélective :
Respect pour les voeux desfées penchées sur le berceau ... La part de rêve ...
Le chat botté et le roi n'en ont perdu que quelques plumes du chapeau. Sans doute le berger avait-il deviné que dans notre monde post-moderne, ne survivent que les puissants et les débrouillards rusés.
Aucune pitié en revanche pour le pauvre Riquet à la Houpe dont la difformité l'excluait. Nous ne verrions plus ce genre de discrimination de nos jours, pas vrai ?
Notez bien que notre berger a un faible pour les scalps de dames. Il a bien entamé la mie de Riquet et s'est délecté de la chevelure de la soeur Anne.
Il est curieux de le voir bien plus respectueux des enfants : laissant intact le petit poucet,
il a dû trouver l'ogre plus en chair et à son goût !
D'ailleurs, c'est le loup qu'il a croqué, épargnant le petit chaperon rouge
semblant dire ainsi combien il en avait assez de cette réputation infondée de férocité héritée des contes et de ce lointain ancêtre.
Comme le bon vieux Georges*, je suis prêt à lui manger dans sa menotte, parole de berger !
* Georges Brassens, 1921 - 1981, Je me suis fait tout petit, chanson de 1956
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