1ère mise en ligne 10/02/2011 8:00
J'avais mis ce poème en ligne pour le Jeudi en poésie des CROQUEURS DE MOTS sous la houlette d'une quinzaine de Anne Lesonneur.
Il me semble que l'un des plus grands progrès de l'humanité, peut-être l'un des rares, a été la maîtrise du feu, pour sa protection contre son environnement et pour l'amélioration d'un confort certainement fort sommaire dans ces temps lointains.
Aussi je le remets volontiers en ligne pour Lilou-Fredotte, dont le deuxième mot pour les jeudis en poésie du défi n°87 est le mot FEU.
D'autres usages du feu sont ludiques, d'autres encore plus ou moins dévastateurs. Ce qu'aurait pu illustrer un poème que j'avais écrit et que j'ai réédité cet été pour miletune : Jeux de la vie ...
Le mendiant
Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.
Je cognai sur ma vitre ; il s'arrêta devant
Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile.
Les ânes revenaient du marché de la ville,
Portant les paysans accroupis sur leur bâts.
C'était le vieux qui vit dans une niche au bas
De la montée, et rêve, attendant, solitaire,
Un rayon de ciel triste, un liard de la terre,
Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu.
Je lui criai : " Venez vous réchauffer un peu.
Comment vous nommez-vous ?" Il me dit : "Je me nomme
Le pauvre." Je lui pris la main : "Entrez, brave homme."
Et je lui fis donner une jatte de lait.
Le vieillard grelottait de froid ; il me parlait,
Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre.
"Vos habits sont mouillés, dis-je, il faut les étendre
Devant la cheminée." Il s'approcha du feu.
Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu,
Etalé, largement sur la chaude fournaise,
Piqué de mille trous par la lueur de braise,
Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé.
Et, pendant qu'il séchait ce haillon désolé
D'où ruisselait la pluie et l'eau des fondrières,
Je songeais que cet homme était plein de prières,
Et je regardais, sourd à ce que nous disions,
Sa bure où je voyais des constellations.
Victor Hugo, , V, 9 ; décembre 1854,
Les contemplations publié en 1856
Je n'ai plus guère de poèmes de mon anthologie d'adolescente à vous montrer. L'essentiel, je vous les ai déjà présentés.
Celui-ci est un poème que j'ai redécouvert en feuilletant tout simplement mon Lagarde et Michard du XIXème siècle, fatigué de tant d'usage, à la recherche de quelque texte allant avec les consignes d'Anne, d'abord le repas, puis le partage.
Et pourtant celui-ci, comme tant d'autres textes, n'a pas été soumis à notre dissection d'élèves besogneux et ignorants de l'âpreté de la vie. Je l'ai lu certes, car j'ai plus tard lu presque l'entier des Contemplations, sans m'y arrêter.
Ces derniers jours, je l'ai lu plusieurs fois, hésitant à le choisir sous le signe du partage. Pas de place ici pour le commenter. Et le temps me manque pour mettre en ligne tout ce que j'ai déjà dans mes brouillons ...
En attendant, un détour vers un de mes billets anciens Solidarité ou charité business, vous aurez un petit aperçu de mes réflexions et de mon vécu. Le fils est de nouveau depuis un an hébergé en pointillés avec toutes les difficultés dues à ses errances et à sa fragilité et à la mienne. Il a depuis deux chiens et non plus un seul et cet été. Ils se sont même multipliés ...
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