Pour le défi n°51 des CROQUEURS DE MOTS, piloté cette quinzaine par catiechris, les maîtres mots sont planètes, poussières d'étoiles, infini, sur fond de lettre d'amour intergalactique.
J'envie un peu les gens, la plupart en fait, qui sont capable de s'apitoyer devant les images de leur écran de télé et qui vivent leur petite vie égocentrée autour de leurs petits cercles.
Ma sidération est trop grande pour que je puisse encore la sublimer dans une inspiration qui me déserte et à fortiori continuer à jouer ces petits jeux littéraires qui sont habituellement mes bulles de légèreté, distractions anodines aussi nécessaires que la respiration d'un air préservé de trop grandes pollutions.
J'ai retrouvé ce sonnet de Louise Labé qui me semblait adapté à la consigne de ces jeudis,avant de prendre connaissance de ce magnifique haïku de Dominique.
Inutile de vous dire que les mots de Louise Labé me semblent bien vains, même tempérés par les derniers vers ...
Luisant soleil, que tu es bienheureux
De voir toujours de t'amie(1) la face !
Et toi, sa soeur, qu'Endymion(2) embrasse,
Tant te repais de miel amoureux !
Mars voit Vénus ; Mercure aventureux
De Ciel en Ciel, de lieu en lieu se glace ;
Et Jupiter remarque en mainte place
Ses premiers ans plus gais et chaleureux(3).
Voilà du Ciel la puissante harmonie,
Qui les esprits divins ensemble lie ;
Mais, s'ils avaient ce qu'ils aiment lointain,
Leur harmonie et ordre irrévocable
Se tournerait en erreur variable,
Et comme moi travailleraient en vain.
Louise Labé, Sonnets, XXII,
Louise Labé, Oeuvres poétiques, Poésie/Gallimard, 2006, p130
(1) t'Amie : la lune, Séléné ou Diane qui aima Endymion
(2) Endymion : selon les sources, roi d'Elyde ou berger de la mythologie grecque aimé par Arthémis (grec) ou Séléné ou Diane (déesses romaines de la lune et pour Diane, de la chasse).
(3) Ses premiers ans ... chaleureux : ce vers est obscur, écrit le commentateur de Gallimard.
Il semble pourtant qu'il s'agisse de la référence aux jeunes années de Jupiter et de tout un chacun et de leur aptitude à la gaité et à l'insouciance, naïveté que la vie et les expériences se chargent de refroidir.