Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
~ Billet 452 ~
Ludothèque pour petits écrits
C'est le titre que j'avais donné à un brouillon de billet commencé en juillet 2009.
Il débutait ainsi :
Je vous ai parlé de mes errements dans la première communauté.
Pour écriture ludique, ce fut une autre affaire.
J'ai débarqué un peu égarée, ...
Jeanne Fadosi, juillet 2009
L'éloge de la lenteur est le casse-tête de la semaine proposé par la petite fermière Lajemy.
J'illustrerai son thème par une citation trouvée dans le livre L'art de la méditation de Mathieu Ricard , aux éditions NiL, octobre 2008, page 77
Je pense que cette phrase peut aisément s'appliquer à bien d'autres pratiques que celle de la méditation, sujet de cet ouvrage.
" Le Dalaï-lama dit avec humour : " en Occident, les gens sont parfois un peu trop pressés. Ils aimeraient atteindre l'Eveil rapidement, facilement et, si possible ... à peu de frais !" De même qu'il faut de la patience pour faire pousser une récolte - il ne sert à rien de tirer sur les plants pour les faire sortir plus vite ! -, la constance est indispensable à la pratique de la méditation."
Qui d'autre qu'une fermière peut mieux comprendre que le temps ne se plie pas en accordéon comme le monde moderne croit pourtant en avoir le pouvoir ...
Et je ne resiste pas à la tentation de vous citer tout le paragraphe :
" L"effort excessif peut (aussi) résulter de l'impatience ou de l'exaltation, deux états qui ne mènent nulle part(1). Si, pour gravir une haute montagne, on commence par courir, on devra vite s'arrêter, les poumons en feu. De même si on bande trop un arc, il se brisera, et si l'on règle le feu trop fort pour cuire un plat, celui-ci brûlera au lieu de mijoter.
Exiger un résultat immédiat relève du caprice ou de la paresse. Le Dalaï-lama dit avec humour : " en Occident, les gens sont parfois un peu trop pressés. Ils aimeraient atteindre l'Eveil rapidement, facilement et, si possible ... à peu de frais !" De même qu'il faut de la patience pour faire pousser une récolte - il ne sert à rien de tirer sur les plants pour les faire sortir plus vite ! -, la constance est indispensable à la pratique de la méditation."
Pourquoi reprendre dans ce billet le début qui ne semble pas avoir de rapport avec le sujet ?
Figurez-vous que pour moi, il en a. Ce texte inachevé a été commencé en juillet dernier et conservé dans mes brouillons.
Avec le papier aussi , il m'arrive fréquemment de procéder ainsi. J'écris, des pensées du moment ou je décris ce qui se passe alors. Et ... je laisse reposer ... quelquefois des années.
J'oublie jusqu'aux mots que j'ai posé et souvent le moment car je ne pense pas toujours à mettre une date sur ces petits bouts de papier ou sur ces carnets.
Hors contexte, les mots retrouvés ont une autre résonance, quelquefois insignifiante, mais bien souvent alors ils m'apportent un nouvel éclairage à l'Histoire en mouvement.
Et je me dis alors : mais c'est bien sûr !
Et pendant ce temps, le temps a fait défiler son sablier imperturbable et quelquefois, ... il est trop tard.
(1) ou pire encore, à des catastrophes.
Au mur extérieur d'une ferme du Vexin,
Cet abreuvoir désaltèrait les montures des voyageurs
Dont la lenteur du chemin laissait libre leurs pensées
Leurs regards.
Cet abreuvoir ne desaltère plus rien,
Juste l'oeil ou l'objectif de promeneurs.
Et pendant ce temps, l'eau précieuse, bien commun,
Est devenue marchandise,
convoitise des financiers.
Et pendant ce temps, il faut des heures
Sur les chemins escarpés
Pour aller la chercher, pieds nus,
Juste avec une cruche
Il est des moments
Où la lenteur à reconnaitre un droit élémentaire
Qui peut vivre sans eau potable ?
Où cette lenteur de gens pressés
De faire sonner leurs écus,
Où leur lenteur calculée
Est un outrage à l'humaine condition !
Jeanne Fadosi, pour le vendredi 4 juin 2010