Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
Par Jeanne Fadosi
Pour le jeudi en poésie des Croqueurs de mots, et avec Noune au gouvernail cette quinzaine qui nous conduit dans les eaux bouillonnantes et attirantes de Mélusine et de Merlin.
Voici, en contrepoint des rêves de mes petits héros, des paradis d'enfance confondus aux enfers par des adultes qui ont tout oublié de leur innocence et de leur pureté. Pour Baudelaire, c'est ce monde ici qui sent le soufre, et ce lointain rêvé qui est délicieusement parfumé.
Moesta et errabunda*
Dis-moi, ton coeur parfois s'envole-t-il agathe,
Loin du noir océan de l'immonde cité,
Vers un autre océan où la splendeur éclate,
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité ?
Dis-moi, ton coeur parfois s'envole-t-il Agathe ?
La mer, la vaste mer, console nos labeurs !
Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse
Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs,
De cette fonction sublime de berceuse ?
La mer, la vaste mer, console nos labeurs !
Emporte-moi wagon, enlève-moi frégate !
Loin ! Loin ! Ici la boue est faite de nos pleurs !
- Est-il vrai que parfois le triste coeur d'Agathe
Dise : loin des remords, des crimes, des douleurs,
Emporte-moi wagon, enlève-moi frégate !
Comme vous êtes loin, paradis parfumé
Où sous un clair azur tout n'est qu'amour et joie,
Où tout ce que l'on aime est digne d'être aimé,
Où dans la volupté pure le coeur se noie !
Comme vous êtes loin paradis parfumé !
Mais le vert paradis des amours enfantines,
Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets,
Les violons vibrant derrière les collines,
Avec des brocs de vins, le soir, dans les bosquets,
- Mais le vert paradis des amours enfantines,
L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs,
Est-il déjà plus loin que 'Inde et que la Chine ?
Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs,
Et l'animer encore d'une voix argentine,
L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs ?
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
* (latin) triste et vagabonde
Pour aller plus loin :
Charles Baudelaire, 1821 - 1867, publié dansles Fleurs du mal, édité par le courageux Auguste Poulet-Malassis en 1857 et imprimé à Alençon par ce qui deviendra l'Imprimerie alençonnaise.
Je l'avais recopié sur mon recueil de poésie en oubliant la dernière strophe. Mon écriture était plus ferme et bien plus fine. J'ai eu du mal à écrit aussi droit et surtout aussi petit tout en restant lisible.
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