Pourquoi je ne fête pas la Fête des grand-mères aujourd'hui ...
... ni aucun des autres premier dimanche de mars.
Je me souviens de cette première fois où je n'étais pas la seule à résister à cette injonction commerciale.
Même si, à l'époque, je me souviens, je ne dédaignais pas toujours le café GrandMère quand je n'avais pas le temps d'aller me ravitailler à l'une des brûleries qui embaumaient alors le centre de ma ville ou celui du Centre Commercial. La généralisation des cafetières électriques et du café en poudre ont fini par avoir raison de la plupart des échopes artisanales et des moulins à café.
Les instits., (on utilisait encore ce raccourci pour ces beaux mots de la langue française "instituteur" et "institutrice", dérivés de "instituer") je me souviens, étaient divisés sur la question :
pour des raisons pragmatiques ... encore des colliers de nouilles à gérer au lieu d'instituer les fondamentaux de la lecture et du calcul et de la belle écriture et ...
pour des raisons humaines ... C'était déjà bien compliqué au moment de la Fête des Mères et de la Fête des Pères : souvenez-vous, celles et ceux qui ont vécu ces temps d'interrogations. Certains instits, dont ceux de mes enfants, avaient même substitué la Fête des Parents. comme si cela effaçait les questions dérangeantes que de mettre les poussières de la vie sous le tapis.
pour des raisons, là je bute sur le qualificatif à utiliser, alors je n'en mettrai pas : Ceux-là dont j'étais, refusaient de se plier au dictat de plus en plus prégnant de la société de consommation.
Au risque de se contredire en omettant le fabuleux coup de pouce de Coca cola pour la promotion du Père Noël. Au moins existait-il un bonhomme cadeau dans les traditions populaires avant cette marque.
Et pour la raison d'évidence que les grand-mères étaient des mères et que leur fête était de droit avec la Fête des Mères.
Et non ! ce n'est pas Pétain qui l'a institué en France, elle a été officialisée par le gouvernement français et généralisé à toutes les mères en 1929 mais des traces de célébration des mères existent depuis l'antiquité et depuis le Moyen-âge pour les pères.
En 1987, mon boycott était clair envers cette fête purement mercantile. Des deux grand-mères de mes enfants, je ne doutais pas de l'adhésion de la laïque écolo et anti-cléricale, prônant le faire plutôt que l'acheter à notre démarche. Elle rejetait, pour les mêmes motifs que je partageais, les tentatives d'introduction de la fête d'Halloween en France, dont la greffe n'arrivait d'ailleurs pas encore à prendre. J'étais plus circonspecte quant à la réaction de ma mère, dont le coeur, prompt à donner de sa tendresse, était aussi friand de ces petites attentions, sans trop se poser de questions sur le pourquoi du comment.
J'aurais pourtant dû m'en douter ! Je n'ai pas eu besoin de prévenir ma maman qui m'a dit la première son sentiment : C'était en effet ses petits enfants (elle en avait vingt-quatre) qui étaient les premiers à l'associer à la Fête de Mères, grande en sagesse, même si les ans avaient grignoté quelques centimètres à sa taille physique.
Les soucis vinrent, une fois de plus, de celle qui prit cette omission, comme toujours malheureusement, pour une vexation volontaire à son encontre à elle !
Et voilà bien encore une bonne raison de ne pas dissocier la Fête des grand-mères de la Fête des Mères.
En schématisant beaucoup bien sûr, je dirais qu'il y a deux grandes catégories de grand-mères, celles, trop nombreuses, qui considèrent les mères de leurs petits enfants (y compris quelquefois leurs propres filles, plus rarement que leurs belle-filles, c'est vrai) comme des rivales et celles qui considèrent les mères de leurs petits enfants comme des mères, comme elles l'ont été et le sont toujours et qui s'en montrent solidaires.
La Fête des Mères pour toutes les mères, jeunes, grandes, arrière-grandes et même arrière-arrière-grand (avec l'allongement de la vie) ... sans résoudre tous les problèmes bien sûr, sans éviter certains conflits, avait au moins l'intérêt qu'un jour dans l'année, la conscience de la mère pouvait traverser les générations et même les fédérer dans le meilleur des cas.
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