Pourquoi une crèche ? pour cela aussi CLIC et CLIC
Nouvelle réédition
première édition 18/12/2010 ; puis en 12/2011, 24/12/2012, 14/12/2013
J'avais publié ce billet peu avant noël 2010.
Il avait de nouveau toute sa place pour illustrer l'esprit de Noël proposé par Sherry pour LE CASSE-TÊTE DE LA SEMAINE de la fin de l'année 2013.
Cette année (2014), le sujet fait débat sur la place publique (si j'ose dire). Ces crispations me désolent. D'autant plus que le petit dieu de la consommation trône avec la même débauche dérisoire.
La veille, comme tous les ans, j'avais fait des miracles pour trouver une place hors d'atteinte du chat*, pour y dresser la crèche de Noël. Une crèche sans prétention, avec du papier rocher soigneusement replié d'année en année et qui devient de plus en plus réaliste avec l'usure du temps. Les figurines sont en plastique, pardon pour les puristes, mais quand j'en ai fait une pour la première fois, je n'avais pas les moyens d'acquérir des santons. Ces statuettes des années 1970 étaient assez fines, même si j'ai la nostalgie des petits plâtres de ma petite enfance. Ensuite, j'ai de temps à autre complété par un berger ou une bergère, sans plus ...
La veille, l'un de mes fils, le maître des chiens, qui était venu faire une halte de deux jours à la maison, reparti pour ne pas rester coincé dans ma campagne, s'était prudemment risqué à me poser cette question :
(les mots ne sont peut-être pas les mêmes, mais je ne pense pas trahir sa formulation)
"Je ne te comprends pas bien. Pourquoi continues-tu à faire la crèche ? C'est une représentation religieuse ..."
Que lui dire ? Alors que je n'ai pas pour moi-même la réponse à cette question.
J'aurais eu envie de lui répondre par une autre question, (héhé, comme Socrate, pas comme les Jésuites ...), pourquoi la plupart des familles font-elles un sapin de Noël ? Mais le procédé aurait été simpliste.
J'aurais pu, je lui ai dit le plus délicatement possible car il est affreusement susceptible, tu continues bien à croire au Père Noël. Il ne s'est pas fâché.
Il n'aurait pas forcément tort, d'ailleurs, d'y croire encore. Le Hic, c'est qu'il se laisse tromper par ses leurres. Et ils sont nombreux.
Alors, je lui ai dit que c'était par tradition familiale, comme le symbole de la tolérance. Comme ma madeleine d'enfance à moi.
J'ai laissé vagabonder mes souvenirs, sans les lui raconter.
D'ailleurs, il était déjà passé à autre chose.
J'ai ajouté pourtant, en prenant garde à ce qu'il m'entende,
et pour les crèches exposées au Pavillon de la Palestine (1), à l'Exposition universelle de 1998, à Lisbonne, comme un symbole d'espoir ...
Parce que Noël puise ses racines bien au-delà de la nativité, sûrement dans des religions plus anciennes,
parce que le message est celui de la paix et la réconciliation, du moins au tout début du christianisme, comme à celui de l'Islam, d'ailleurs.
Après, cela s'est assez vite gâté. Les fanatismes ont rompu le lien, de part et d'autre.
Les marthyrs chrétiens composent l'essentiel du calendrier des saints. C'est oublier que la répression initiée par les empereurs romains était une réponse à des dérives sectaires. Qu'un empereur, effaré de l'intolérance, avait renoncé au christianisme, qu'on n'évoque presque jamais les marthyrs païens persécutés par les chrétiens arrivés au pouvoir.
Les religions portent dans leur nom la volonté de relier. Elles portent toutes dans leur histoire leurs oeuvres de division. Du moins, celles qui ont laissé des empreintes. Pour les plus anciennes, nous l'ignorons car nous n'en avons pas de traces ou que nous ne savons pas les déchiffrer.
Comment appelle-t-on un nom qui est le contraire de ce qu'il nomme ?
Alors, pour continuer à entretenir cette petite flamme d'utopie, pour continuer à croire qu'un monde de plus de concorde, de plus d'humanité, de plus de douceur est possible, je continuerai à dresser ce petit promontoire qui attend ce cadeau des dieux, et dont la mystique se répète chaque fois qu'un enfant vient au monde dans l'attendrissement de celles et/ou ceux qui l'accueillent, quelles que que soient leurs croyances ou leurs résistances (ce qui est une autre forme de croyance).
Le jour où cette petite flamme s'éteindra, les humains arrêteront d'enfanter, à moins que l'humain ne devienne une marchandise comme une autre !
(1) j'avais obtenu l'autorisation de faire ces clichés (pardon pour leur qualité médiocre). Mais évidemment les blogs n'existaient pas à l'époque (ou d'une manière confidentielle). Je salue les artistes qui ont fait ces merveilles de finesse et de beauté et dont j'ignore tout.
Il faut souligner qu'à l'été 1998, les efforts diplomatiques des uns et des autres étaient pleins d'espoir (cf les accords de Wye River, octobre 1998) et que le cours de l'Histoire a depuis lors, hélas dramatiquement régressé**.
* Brève du 11 décembre 2011, comme je l'avais montré dans Un drôle de petit Jésus !, je n'avais pas encore réussi cette année-là ! Serai-je plus inspirée cette année ? complément 2012, il semble bien, alors cette année, j'ai réutilisé l'astuce de l'an passé.
** (ajout du 12 décembre 2014 à 10h 45) Deux événements dramatiques tout récemment :
- la séquestration et l'agression barbare d'un jeune couple de Créteil (France) à leur domicile, parce qu'ils auraient été juifs et donc avec de l'argent à leur domicile. Triste fait divers évoqué par les médias sans guère d'écho y compris envers les protestations officielles (info Libération).
Outre le caractère scandaleux de ce relent d'antisémitisme alimenté par des idéologues redoutablement habiles à manier les mots, il s'avère que les jeunes gens forment un couple mixte.
- La mort suspecte du ministre palestinien Ziad Abou Eïn le 10 décembre 2014, lors d'une manifestation pacifiste contre la confiscation des terres palestiniennes au profit de la colonisation israélienne (info Libération). Je comprends l'émoi que cette mort provoque dans le peuple palestinien et j'espère de tout coeur que la volonté de protestation pacifiste perdurera.
Ces deux événements (et toutes les autres agressions et humiliations racistes et cultophobes qui sont tues), procèdent de la même absurdité, de la même blessure contre le vivre ensemble.
Et que l'on ne vienne pas me dire que les uns justifient les autres et réciproquement. Rien ne peut justifier la barbarie. Rien. Pas plus que la torture.
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