Quand l'ombre menaça, de Stéphane Mallarmé

En marge du jeudi en poésie, je continue à égrainer mon Alphabet en poésie,

dimanche avec la lettre P, aujourd'hui avec Q, dans deux ou trois jours avec R.

Hauteclaire tient la barre du défi n°86 des CROQUEURS DE MOTS sur la mer du Mystère en poésie. Ce n'est pas notre amirale Tricôtine qui éventera le secret ...

Qui mieux que Mallarmé peut laisser au lecteur le soin de tracer sa propre route ?

Quand l'ombre menaça ...

Quand l'ombre menaça de la fatale loi 

Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres, 

Affligé de périr sous les plafonds funèbres 

Il a ployé son aile indubitable en moi.

Luxe, ô salle d'ébène où, pour séduire un roi

Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres, 

Vous n'êtes qu'un orgueil menti par les ténèbres 

Aux yeux du solitaire ébloui de sa foi.

Oui, je sais qu'au lointain de cette nuit, la Terre

Jette d'un grand éclat l'insolite mystère, 

Sous les siècles hideux qui l'obscurcissent moins.

L'espace à soi pareil qu'il s'accroisse ou se nie 

Roule dans cet ennui des feux vils pour témoins

Que s'est d'un astre en fête allumé le génie.

Stéphane Mallarmé, ...

Si quelqu'un peut éclairer ma lanterne, j'aimerais connaître la date de ce poème ou au moins celle de publication du recueil où il a figuré pour la première fois ainsi que les références de la citation ci-après. C'est une des lacunes de l'Internet que de ne citer qu'à moitié la plupart du temps.

« Un poème est un mystère dont le lecteur doit chercher la clef.  »

Stéphane Mallarmé

Mallarmé peint par Edouard Manet

Comments

[Rafik Bessad]

c'est dans le recueil Poésies en 1899.C'est de la poésie"symboliste", car Baudelaire l'a inspiré (thème du spleen, du dépassement grâce à l'Art): il évoque l'angoisse de la vieillesse et de la mort conjurée grâce à la Foi et à l'écriture, et la lutte intérieure (le combat de la Lumière face aux Ténèbres). Rien n'est expliqué, mais tout est suggéré par les procédés poétiques (allusion, litote, périphrase...). Pas le temps d'expliquer ici, maison peutserecontacterparmail.

[Jeanne Fadosi]

merci pour le renseignement sur le recueil. Je ne suis pas sûre que l'on puisse enfermer Mallarmé dans une catégorie mais il me semble que le mot clé "symbolisme" lui convient en partie. De même concernant son rapport à ce que vous appelez la Foi. Son écriture révèle me semble-t-il une interrogation et une quête ouverte.
Quant à l'angoisse de mort, plus que celle de la vieillesse dont il se doutait qu'il ne l'atteindrait pas, sa santé précaire et suspendue à une crise d'asthme le lui a fait l'habiter au quotidien dans sa chair même jusqu'à la crise fatale en 1898.
Ma première interrogation demeure, quelle est la date de ce poème ?

[Monelle]

Un peu "noir" Mallarmé dans ce beau poème ! Désolée de ne povoir te renseigner.


Bonne fin de journée - bisous

[Jeanne Fadosi]

noir et torturé dans son écriture et si j'en crois sa biographie, dans sa vie aussi. mais une pensée émergeante et singulière qui en émerge


bises

[Hauteclaire]

Bonjour Jeanne,


oh là tu me touches avec Mallarmé, mon poète de référence ! Et de plus je ne connaissais pas ce poème.


Pour ce qui est de la date, j'ai un important recueil, je vais le consulter voir si je trouve..


Gros bisous, merci pour cette très belle lecture

[Jeanne Fadosi]

Pas facile Mallarmé. Respect Madame de trouver quelqu'un qui l'apprécie comme toi.


Bises et belle semaine


(j'ai un retard fou sur le blog et les blogs par conséquent ...)

[Lenaïg]

les paysages contradictoires qui s'offraient, pardon.

[Jeanne Fadosi]

pas besoin de demander pardon pour cela. Je suis persuadée que bien peu des lecteurs l'auraient remarqué de toutes façons.


bises

[Lenaïg]

Bonjour Jeanne.


C'est bien que tu nous donnes à lire Mallarmé, vers qui je ne vais pas de mon propre chef ! Oh, j'ai trouvé la clé (la mienne est simple, je l'écris sans f) pour entrer par la petite porte de
derrière : la cuisine, lieu chaleureux s'il en est, était désertée, les grands salons trop pompeux pour moi, mais je les ai tout de même admirés ainsi que le paysage contradictoire qui
s'offraient par les larges baies vitrées !


Belle journée, bises.

[Jeanne Fadosi]

Mallarmé n'est pas d'un abord facile et je ne connais pas grand monde qui en fréquente souvent ses textes.


Comme toi, je préfère l'ambiance de la cuisine à celle des salons de réception.


Bises

[Quichottine]

Il semblerait que les premières éditions datent de 1882... mais qu'il ait été écrit vingt ans plus tôt.


Il faudra que je regarde ce qu'on en dit dans les éditions complètes parues chez Gallimard.


 


Superbe poème... je ne le connaissais pas.


Passe une belle journée. Bisous.

[Jeanne Fadosi]

merci pour ces renseignements. C'est déjà un bon début


Je connais assez mal Mallarmé. Il n'est pas d'un abord facile, même à la lecture


bises

[ABC]

Je ne peux pas répondre à tes questions, ce que je sais , c'est que ce texte est tout à fait encore d'actualité...

[Jeanne Fadosi]

Oh que oui. Je l'ai aussi un peu choisi avec ce ressenti ...

[jill-bill.over-blog.com]

Je ne pourrais t'en dire plus.... moi même je decouvre ce poème ! Bon jeudi poésie Jeanne ! Bises

[Jeanne Fadosi]

Mallarmé n'est pas très connu dans le texte, même si on connait bien son nom. Pas le plus facile des écrivains mais j'aime me pencher sur ses textes


bises

[un soir bleu]

Point de lumière pour ta lanterne, mais juste un grand merci pour ce texte que je ne connaissais pas. C'est effectivement mystèrieux et un brin mélancolique. Il m'évoque la vieillesse
inéluctable, mais c'est mon ressenti ... Bonne journée.

[Jeanne Fadosi]

Mallarmé offre sa poésie au lecteur, qui y puise son propre regard sur la vie et le monde


Il est difficile mais mérite d'être plus connu ou re-connu


belle journée à toi aussi

[patriarch]

Ce n'est pas moi qui pourrait te renseigner... Bonne journée avec bises

[rafik bessad]

Il y a de la modernité chez mallarmé parce qu'il developpe des procedes litteraires novateurs (la deconstruction de la phrase, qui rend hermetique sa poesie). Personne avant lui n' eut cette perception intime de la primauté de la forme sur le fond, de la musicalité en poesie. Selon Mallarmé, la poesie est indissociable de la musique et de la peinture (art abstrait) où chacun est libre d'interpreter le sens de l'ecriture poetique, en fonction de sa sensibilité. Le poeme "quand l'ombre menaca..." evoque la presence d'un danger manifeste et indefinissable (le spleen lié à l'angoisse de la vieillesse et de l'echec litteraire). Il reglechit sur le sens de noel (''guirlandes" et du rejet du vrai sens de noel en liaison avec le sacrifice de Jesus, qui fut moqué comme étant le ''roi'' des juifs) et l'ecriture poetique donne à voir le combat interieur qui conjugue les forces de la lumiere contre celles de l'obscurité, thème present dans tout le poeme. Le thème de la foi, conviction qui permet de dépasser le spleen, durant la periode des fetes où certains hommes se sentent particulietement "solitaires'', se trouve au centre de ce poeme. Ce n'est pas un hasard. Je n'i pas la science infuse, je peux me tromper, mais je n'oublie pas que le poete a été influencé par Baudelaire. La poesie est avant tout question de sensibilité disait Mallarmé. Pour plus de details, contactez moi par mail.

[Jeanne Fadosi]

pas grave Patriarch. Parmi les visiteurs, il y en aura bien.


bises et belle journée à vous deux