Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
Par Jeanne Fadosi
Juste comme une matière supplémentaire à fournir à notre réflexion sur le silence,
La parole vous est donnée, vos paroles, je les bois (Harmony37)
Un jour peut-être je vous dirai (Quichottine)
Dans le silence des mots tus (sur ce blog)
Alors que je cherchais le début et les références bibliographiques du poème de Victor Hugo, Ô jeunes gens, que j'ai mis en ligne aujourd'hui, et que je n'ai pas trouvé*, j'ai en revanche trouvé un autre texte du poète qui s'intitule Jeunes gens
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites**.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,
Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -
Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.
Victor HUGO (1802-1885), recueil Toute la lyre
* Je suis toujours preneuse de renseignements complémentaires sur le dit poème.
** dans un registre comique, le film Menteur, menteur (1997) avec Jim Carey dans le rôle principal fait une démonstration magistrale que tout n'est pas bon à dire !
Paroles entendues cette semaine dans une émission sur le secret, (ce qui est une des formes du silence mais pas la seule) : ce n'est pas le secret en lui-même qui est problématique mais lorsque le secret s'accompagne de souffrance qui toujours transparait dans l'infime de nos réactions. et c'est cette souffrance, ce poison qu'il faut extirper ou adoucir.
Eclipse Next 2019 - Hébergé par Overblog