Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
~ Billet 220 ~
Pour la communauté des Croqueurs de mots en ses sixièmes mots de tête occasionnés par l'enigme d'un testament particulier, sur les traces duquel Brunô a lancé ses fins limiers (nous), voici ma petite contribution, subtil mélange de rêve et de réalité.(pas modeste, la blogueuse ...)
L'indice : l'auteur du testament est celui qui ne possède rien mais donnera beaucoup.
Avis important : historiquement, si le testament évoqué existe bien, ce que je laisse supposer de son contenu, et de sa rédaction sont le fruit de mon imagination, même si c'est plausible. En revanche, tout le reste est véridique.
En ce jour sombre du 5 septembre de l'an 1658, voilà plus d'un an que la gente Dame Marthe de la Perrière garde le lit, affligée d'une langueur inguérissable.
Lasse de ne pas recouvrer la santé, elle se décide, en ce jour triste, à faire venir le clerc du notaire d'à côté, et fait préparer son écritoire avec tout ce qu'il fallait d'encre, de plume et de velin, le tout de la meilleure qualité.
Elle désespèrait de reprendre un jour son ouvrage, les médecins ne lui avaient laissé aucun espoir.
Qu'importe qu'elle n'ait rien de tangible à léguer, elle va mourir, une autre fille doit reprendre le fil.
La rédaction du testament fut longue et laborieuse. Le brave clerc n'entendait rien aux mots qu'elle lui dictait et Marthe ne lui était d'aucun secours, n'ayant elle-même qu'une connaissance minimale des lettres et de l'écrit.
Le testament était destinée à la personne qui lui succéderait dans son activité et devrait ainsi être transmis de génration en génération.
Son contenu devait impérativement en être tenu secret.
Fort heureusement, elle finit par se rétablir et eut encore le temps d'apporter des améliorations à sa première création, le "vélin" qui faillit bien être la seule. En 1660, sa ville eut son point. Celui-ci devint vite si réputé que le Grand Colbert y créa la manufacture royale en 1665, laquelle eut l'exclusivité de la fabrication du point de France jusqu'en 1675.
Pendant ce temps Madame de la Perrière continua de perfectionner son propre point et d'en organiser la fabrication clandestinement, en en protègeant le secret par une division du travail poussée. Chaque dentellière n'avait la parfaite connaissance que d'une seule étape du processus.
Dès 1903 une école dentellière est créée pour perpétuer ce précieux travail et au mileu du vingtième siècle la soeur dentellière Marie du Sacré coeur, dépositaire du secret de fabrication, décide de permettre à toutes les dentelières d'en connaitre la totalité des étapes.
En 1976, à la suite d'une nouvelle menace de disparition, l'Ecole Dentellière est transformée en Atelier National du Point d'Alençon, composé d'une douzaine de dentellières.
Ces informations ont été compliées sur la page du point d'Alencon de netenvies.free ICI , ou encore ICI, ICI ou ICI
sans oublier le recours à wikipédia, Dentelle d'Alençon
Le maire d'Alençon a annoncé en 2009 la candidature de la dentelle d'Alençon comme patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.
Si vous avez encore un peu de temps, une visite virtuelle au Musée des Arts et de la Dentelle d'Alençon vous montrera quelques échantillons des merveilles que l'on doit à cette Dame qui n'avait rien à léguer en 1658.
Et en prime, un petit bout de dentelle d'Alençon encadrée par ma soeur, Jacotte, cliché de son mari (avec son aimable autorisation).