Chez les Croqueurs de mots, pour le défi n°42 chez Lily Jane, l'animal de compagnie est sollicité pour dresser le portrait de son maître ou de sa maîtresse.
Mais qui va prendre la plume ?
- Moi, je suis le chef de meute.
- Pas du tout Rantanplan, c'est moi la mère de famille qui ai fait preuve de savoir faire avec toute ma tribu.
- Notre tribu, tu oublie que je suis le père et que j'ai assuré moi aussi ! Pourquoi m'appelles-tu Rantanplan ?
- Parce que tu me fais penser au chien qui suit partout Luky luke. Tu t'es vu sur la photo.
- Ben quoi, je fais allégeance à notre maîtresse. Ce n'est pas pour cela que je suis trop gentil, bête et maladroit, même si je lui suis tout dévoué. Tandis que toi ...
- Dites donc les cabots, c'est moi qui habite ici depuis bien plus longtemps que vous. ... D'ailleurs, votre séjour ne devait pas être provisoire ? Bon, en qualité de vétéran, je la connais bien mieux dans tous ses états.
Ca m'étonnerait, tu n'as pas le droit d'aller dans sa chambre.
- Hélas, j'aimerais bien dormir sur ses pieds, ou me lover dans un tiroir plein de linge propre. Mais quelle histoire quand je parviens à me faufiler ! Elle me déloge avec un balai. De toutes façons l'été il fait trop chaud sous les combles et l'hiver il y fait trop froid pour moi. Il parait qu'elle dort mieux en chauffant peu, mais moi, je préfère la cuisine. Ca, c'est grâce à vous, avant j'avais le couloir et le pallier mais maintenant c'est votre domaine pour la nuit. Et le jour, j'apprécie les moments où elle m'accueille sur ses genoux et me prodigue les caresses que je lui réclame. C'est moi qui décide quand, mais j'ai bien repéré les moments où c'était possible. Le reste du temps, je me prélasse sur un coussin ou je suis la vie du dehors. Ah comme j'aimerais aller de l'autre côté de la fenêtre.
- C'est vrai cela, tu ne sors jamais. Pourquoi ? tu essaie bien pourtant. Comme nous essayons en vain d'aller sur ses genoux.
- C'est logique ! Vous vous voyez sur le canapé ou ses genoux avec votre taille et votre poids ? Et puis il y a des choses que les chats ont le droit de faire et pas les chiens. C'est comme ça. Je grimpe sur le piano, je pose près des divas. Mais je ne sors plus.
- Ah oui, tu es sorti ?
- Tout un été, quand mon maître m'hébergeait. Ils avaient fait tant de bruit et de fureur une nuit avec ses copains que je m'étais enfui dans la rue. Il faisait beau, les poubelles étaient bien garnies ... Je regrettais seulement les visites de sa mère. Je l'avais tout de suite kiffé. Non seulement elle voulait bien de moi contre elle et me caressait, mais c'est souvent grâce à elle quand le frigo n'était pas vide et que j'avais un paquet de croquettes. Pendant mon escapade, je m'approchais quand elle arrivait avec sa voiture. Mais c'est mon maître qui cherchait à m'attrapper.
- Et il a réussi à t'attrapper ?
- Non, il s'est mis à faire très froid et je suis rentré me réchauffer. Ensuite, je suis arrivé ici pendant qu'il partait vers ses ailleurs incertains.
- Et l'ailleurs ne te manque pas ?
- Non, seulement le dehors. Ici, c'est le confort et la sécurité, le calme aussi, sauf depuis la fin du printemps. Elle m'empêche de sortir parce que je suis porteur du FIV, le sida des chats. C'est autant pour protéger les chats du voisinage que moi. Quand on l'a découvert, le véto a dit que je pouvais vivre jusqu'à 4 ou 4 ans et demis ... et je suis toujours là. Mais le moindre bobo s'infecterait. Alors j'y tiens à ma maîtresse, comme à la prunelle de mes yeux et je veille sur elle et vous avez intérêt à la respecter, compris !
- Nous ne savions pas ! tu n'as pas intérêt à nous griffer oui nous mordre alors. Ne nous approche plus.
- Il n'y a pas de danger, vous n'êtes pas des chats ! Et mes rebiffades, c'est seulement pour vous tenir à distance. Vous m'intimidez avec votre dynamisme et votre stature de géants. Rita surtout ! Te souviens-tu Virus, du jour où après une bêtise, j'étais venu me réfugier contre toi ? Au lieu de me punir, elle s'était mise à rire.
- Oui, je me souviens, c'est l'époque où elle m'avait soigné d'une vilaine morsure. Je suivais mon maître mais là, elle avait accepté de me garder. J'avais dévoré un livre de contes et, ça, elle n'avait pas aimé du tout. Tu comprends cela, Rita. On ne mange pas les livres, même quand on s'ennuie en son absence.
Après, quand elle revient ce sont des cris et elle nous punit tous les deux !
- oh je ne ferais pas de bêtises si tu ne m'aidais pas à les faire. Tu te souviens des longues heures où l'on attendait notre maître ! et quand elle part le conduire au train, j'ai toujours peur qu'elle ne revienne pas non plus !
- Oh oui ! nous sommes bien chez elle. Juste un peu ennuyeux maintenant que le froid et la pluie nous confine à l'intérieur.
- Et puis son jardin est bien trop petit. Nous avons besoin de grands espaces pour courir et nous dépenser.
- Alors évidemment, quand elle nous laisse seuls et que nous avons le loisir de chahuter, eh bien oui, il y a des dommages collatéraux.
Nous, nous n'avons pas d'intention malicieuse. Mais elle, elle dit que nous faisons des bêtises et alors là, elle crie et nous gronde. Tu comprends cela toi, qu'elle ne soit pas contente ? C'est pourtant drôle tout ce sable qui sent bon et qui s'éparpille !
- J'avais fait des progrès, ils ne sont grignotés que sur les bords. Elle nous a flanqué dehors attachés comme dans la fable de La Fontaine. Elle n'avait pas l'air content du tout.
- Bah ! je savais bien qu'elle ne nous oublierait pas. La pluie nous a délivré très vite. Et puis au moins on était dehors.
Tu parles ! sans pouvoir courir et creuser des trous.
- Ca non plus elle n'aime pas. C'est comme quand on se bagarre sous la haie de tuyas.
- On fait semblant.
- C'est ce que tu prétends mais tu vois, elle a bien raison de te houspiller, Rita, même pour rire tu me fais vraiment mal quand tu me mordilles la peau du cou. Moi, je suis le chef de meute, c'est parce que j'ai peur de te faire encore plus mal que je ne me défends pas. et puis je sais qu'elle va crier.
" Rita ! laisse le. sors de la haie.
Et toi aussi Virus sors de là sors de la haie. "
- Toi, tu vas toujours t'y réfugier. tu parles que tu serais le plus fort. ...
- Bon je vais essayer de lui obéir. Je n'aime pas quand elle a de la peine de me voir indocile et exubérante. Mais j'ai de la vitalité inemployée,moi !
- Chut ! ne la fais pas crier, on l'aime bien notre maîtresse de substitution. Avec elle; c'est la douceur et la sécurité d'une vie bien réglée et avec notre maître, c'est l'aventure et l'incertitude.
C'est drôle, tu dis comme le chat, mais nous ne resterons pas, c'est elle qui l'a dit.
Vous l'aurez compris, si le chat obéit à sa maîtresse (enfin, pas toujours), les chiens apprécient la compagnie de leur maîtresse mais sont encore très inventifs quand elle les laisse seuls. Et leur maître semble bien profiter de la disponibilité contrainte de sa mère.
Nous savons bien que nous l'encombrons et aussi que nous l'empêchont de partir dans sa famille ou en vacances.
Mais notre maître n'a pas conscience de ce que cela lui coûte de renoncements.