Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
~ Billet 238 ~
Dana nous invite pour le thème de la semaine à revisiter "les coutumes et traditions de votre région, de votre pays, de votre village".
Sujet aussi vaste et délicat que les mots prêtant le flan à toutes les séductions, toutes les récupérations, au nom du bon vieux temps ou de l'esprit de Clochemerle.
Mais comme il ne vous aura pas échappé que j'ai provisoirement posé mes malles dans le Vexin français, comment ne pas évoquer une tradition vieille de plus de 800 ans.
La Foire saint Martin de Pontoise a en effet traversé les siècles avec une régularité tout à fait exceptionnelle puisque qu'elle se serait déroulée chaque année depuis lors. Là je mets le conditionnel même si les plaquettes annoncent la 839ème foire.
Les habitants de la région s'étaient réfugiés sur l'éperon rocheux qui domine l'Oise, un chateau fort y avait été construit, ainsi qu'une abbaye bénédictine sur le Plateau Saint-Martin. C'est vers 1090 qu'en commença la construction et elle devint vite prospère.
En 1170 le pape Alexandre III confirme dans une bulle les biens et privilèges de l'abbaye, y compris une foire de trois jours où les moines vendent le vin de leurs côteaux et les harengs dans les tavernes du voisinage.
Pour ce qui est des poissons, tout aurait commencé par un don de 5000 harengs par an du Conte d'Eu, commune proche duTréport à l'abbaye de Saint Martin de Pontoise consigné sur un cartulaire antérieur à 1171.
(voir le document numérisé de L'Ecole Nationale des chartes, lien à partir de Wikipédia, foire saint Martin Pontoise)
Le vin de côteaux est appelé le ginglet. Il est toujours produit et vendu, et aujourd'hui, le bénéfice de sa vente permet à la commune libre de Saint-Martin (selon le même principe que la commune libre de Montmartre) de distribuer des colis de noël aux personnes âgées.
Je ne vous dirai pas ce que vaut le ginglet dont les grappes doivent heureusement bénéficier du réchauffement climatique. Le nom latin qui en est à l'origine signifie petit vin aigrelet.
Quant aux harengs, une légende veut que le trajet étant long de Boulogne à Paris, il a fallu griller les harengs à Pontoise. (un petit tour sur le blog de Martine, Cergyrama pour un reportage de la foire 2008, ICI ou encore ICI) ou encore pour les commentaires de Siratus ICI.
(pour la sirène c'était en 2008)
Bien sûr, il ne reste rien de la foire aux animaux de ferme du XIXème siècle, une tradition ne dure aussi longtemps qu'en évoluant avec les époques.
Signe des temps, un salon des énergies renouvelables proposera cette année de solutions intégrant les nouvelles problématiques environnementales.
Je n'oublie évidemment pas la fête foraine qui accompagne inévitablement la foire. J'en connais beaucoup qui s'y amusent en ignorant superbement la foire exposition.
Les forains aussi ont évolué depuis les jongleurs et autres montreurs d'ours du Moyen-âge, mais il y flotte toujours dans l'air, la musique des manèges, l'odeur de la barbe à papa, des marrons grillés et des pralines, pour peu qu'on s'éloigne des barraques de harengs grillés.
En 2006, il s'était quand même vendu 5 tonnes de harengs sur la foire !!!.
Quoi de plus local que la foire annuelle d'un lieu, grand marché réunissant des marchands venus de loin pour l'occasion et qui ont prospéré avec l'établissement de villes pacifiées notamment au Moyen Âge, même si n'en doutons pas, de grandes foires existaient depuis la plus haute antiquité. Depuis qu'il existe des villes et des routes de circulation des marchandises, et des exemptions de taxes pour attirer les marchands.
Quoi de plus universel que cette fête des échanges et des rencontres de cultures. Berceau de nos sociétés de consommation et menacée par ses débordements dans l'hyperconsommation débridée.
La foire de Pontoise se déroulera du vendredi 6 novembre au dimanche 15 novembre 2009.