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2 août 2012 4 02 /08 /août /2012 04:00

 

Beaucoup de mots se bousculent pour le E en poésie. 

A commencer par écrire ... être ... émotion  ... esclaves ... exil et exode ... épave ...

 

Emotion : c'est ce qui définirait la poésie, un écrit transmetteur d'émotion, 

 

et peu importe si les mots sont disposés en vers ou en prose.

 

Sur terre, sur mer, quand les épaves reprennent du service, c'est toujours le temps du malheur

"Depuis des semaines nous nous traînons à travers des plaines désespérées, dans la neige, sous la neige, dans le dégel et la boue, sans savoir vers quoi nous sommes menés, ni si ça finira jamais. Dans des villages hors du temps, des hommes et des femmes nous regardent passer avec une stupeur de bêtes. Des Polonais, des Ukrainiens, des Serbes, comment savoir ? Empaquetés dans des guenilles couleur de terre et de muraille. Tous esclaves. Ils font penser à ces paysans du Moyen Âge dans les livres d'histoire. Et sur les routes, en files interminables, inépuisablement venus de Posen, de Bromberg, les lents chariots branlants des réfugiés, couverts de hideux tapis bariolés, conduits par des vieux à dos rond hérissés sous leur bonnet de fourrure pelée. Des gens à qui on a ordonné de partir vers l'ouest et ils sont partis et ils n'en connaissent pas davantage. Et cela aussi c'est du Moyen Âge, du temps des grandes peurs et des exodes. On n'en est pas sorti du Moyen Âge, malgré les villes et les livres et tout ce qu'on croit. On en est toujours à l'an mil. 

G.Hyvernaud. Lettre à une petite fille.(exode 45 en Allemagne)

 

 

 

Georges Hyvernaud, 1902 - 1983

Citation déposée en commentaire par Emma sous mon billet Hors d'usage ...

 

et aussi être ou ne pas être ... au milieu de mes élucubrations sur l'erreur et le savoir ...

 

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30 juillet 2012 1 30 /07 /juillet /2012 07:30

Alphabet en poésie pour l'été des CROQUEURS DE MOTS : A ; B ; C ;

 

Dans ce poème de Louise Ackermann, le doute n'est jamais mentionné explicitement mais tout ici le suggère1 à chaque ligne, à chaque respiration.

 

Mon livre

 

Je ne vous offre plus pour toutes mélodies

Que des cris de révolte et des rimes hardies.

Oui ! Mais en m'écoutant si vous alliez pâlir ?

Si, surpris des éclats de ma verve imprudente,

Vous maudissez la voix énergique et stridente

Qui vous aura fait tressaillir ?

 

Pourtant, quand je m'élève à des notes pareilles,

Je ne prétends blesser les cœurs ni les oreilles.

Même les plus craintifs n'ont point à s'alarmer ;

L'accent désespéré sans doute ici domine,

Mais je n'ai pas tiré ces sons de ma poitrine

Pour le plaisir de blasphémer.

 

Comment ? la Liberté déchaîne ses colères ;

Partout, contre l'effort des erreurs séculaires ;

La Vérité combat pour s'ouvrir un chemin ;

Et je ne prendrais pas parti de ce grand drame ?

Quoi ! ce cœur qui bat là, pour être un cœur de femme,

En est-il moins un cœur humain ?

 

Est-ce ma faute à moi si dans ces jours de fièvre

D'ardentes questions se pressent sur ma lèvre ?

Si votre Dieu surtout m'inspire des soupçons ?

Si la Nature aussi prend des teintes funèbres,

Et si j'ai de mon temps, le long de mes vertèbres,

Senti courir tous les frissons ?

 

Jouet depuis longtemps des vents et de la houle,

Mon bâtiment fait eau de toutes parts ; il coule.

La foudre seule encore à ses signaux répond.

Le voyant en péril et loin de toute escale,

Au lieu de m'enfermer tremblante à fond de cale,

J'ai voulu monter sur le pont.

 

À l'écart, mais debout, là, dans leur lit immense

J'ai contemplé le jeu des vagues en démence.

Puis, prévoyant bientôt le naufrage et la mort,

Au risque d'encourir l'anathème ou le blâme,

À deux mains j'ai saisi ce livre de mon âme,

Et j'ai lancé par-dessus bord.

 

C'est mon trésor unique, amassé page à page.

À le laisser au fond d'une mer sans rivage

Disparaître avec moi je n'ai pu consentir.

En dépit du courant qui l'emporte ou l'entrave,

Qu'il se soutienne donc et surnage en épave

Sur ces flots qui vont m'engloutir !

 

 

 

Paris, 7 janvier 1874.

Louise Ackermann, Poésies philosophiques

 

Louise Ackermann, 1813 - 1890

relire sa rédaction

Quand j'essaie de m'imprégner du sens multiple et dense qui émane de ces vers, j'ai du mal à imaginer que c'est cette poétesse qui a écrit :

 

« Pour écrire en prose, il faut absolument avoir quelque chose à dire ; pour écrire en vers, ce n'est pas indispensable »

 

1. petit clin d'oeil à Sherry pour LE CASSE-TÊTE DE LA SEMAINE prolongée de la deuxième quinzaine de juillet.

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 19:00

Alphabet en poésie pour l'été des CROQUEURS DE MOTS : A ; B 

 

aujourd'hui, C comme couleurs.

 

J'écris avec l'encre

 

J'écris avec l'encre noire, les chagrins de tous les jours,

Et leur trame sans histoire, et leur éternel retour...

J'écris le deuil des saisons et le mal de la raison,

Et le jour près de s'éteindre.

 

J'écris avec l'encre verte un jardin que je connais

J'écris les feuilles de l'herbe que le printemps remuait...

J'écris la lumière douce des chemins de mon pays...

 

Avec l'encre violette, j'écris les soirs de bruyère

Sur les terres désolées et j'écris les âmes fières

De n'être pas consolées

 

J'écris avec l'encre rouge tous les feux qui m'ont brûlée

Et tous les rubis qui bougent dans le fond des cheminées,

Et le soleil qui se couche sur ses plus longues journées,

Et toutes les roses qui sur la mer s'en sont allées.

 

J'écris avec l'encre bleue le vol du geai dans les bois

J'écris la mer un dimanche et sa frissonnante voix.

 

Germaine Beaumont, 1890 - 1983

batons-de-pastels-secs2.jpg 

 

et aussi Mélangez-vous, de Pierre Perret à écouter avec les Choraleurs. J'ai mis Pierre Perret (pardon le CD2 de Pierrot Dans la lune en plein soleil) dans ma platine laser.

.

 

et qui sait si les couleurs se mélangeront de blogs en blogs ?

premier bond vers Couleurs du temps de Langlais (nouvelle plume)

 

et vous aimerez peut-être écrire jusqu'à l'orange, avec Agnès ou revisiter mes couleurs de nos vies, d'où j'ai ramené ces morceaux de pastel.

 

ou vous rappeler de nombreuses expressions avec les couleurs

.

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 18:00

 

N'en déplaisent à tous ceux qui considèrent que la chanson n'est pas de la poésie, il est des paroles qui sont des poèmes bien plus que des textes qui se proclament tels.

 

LE P'TIT BONHEUR

 

C'était un p'tit bonheur que j'avais ramassé

Il était tout en pleurs sur le bord d'un fossé

Quand il m'a vu passer il s'est mis à crier:

«Monsieur, ramassez-moi, chez vous, amenez-moi

 

Mes frères m'ont oublié je suis tombé, je suis malade

Si vous n'me cueillez point je vais mourir, quelle ballade!

Je me ferai petit, tendre et soumis, je vous le jure

Monsieur, je vous en prie, délivrez-moi de ma torture!»

 

J'ai pris le p'tit bohneur, l'ai mis sous mes haillons

J'ai dit: «Faut pas qu'il meure, viens-t-en dans ma maison»

Alors le p'tit bonheur a fait sa guérison

Sur le bord de mon cœur y avait une chanson

 

Mes jours, mes nuits, mes deuils Mon mal: tout fut oublié

Ma vie de désœuvré j'avais dégoût d'la r'commencer

Quand il pleuvait dehors Ou qu'mes amis m'faisaient des peines

J'prenais mon p'tit bonheur Et j'lui disais: «C'est toi ma reine!»

 

Mon bonheur a fleuri, il a fait des bourgeons

C'était le paradis, ça s'voyait sur mon front

Or un matin joli que je sifflais ce refrain

Mon bonheur est parti sans me donner la main

 

J'eus beau le supplier, le cajoler Lui faire des scènes

Lui montrer le grand trou Qu'il ne faisait au fond du cœur

Il s'en allait toujours la tête haute, sans joie, sans haine

Comme s'il ne voulait plus voir le soleil dans ma demeure

 

J'ai bien pensé mourir de chagrin et d'ennui

J'avais cessé de rire, c'était toujours la nuit

Il me restait l'oubli, il me restait l'mépris

Enfin que j'me suis dit: il me reste la vie

 

J'ai repris mon bâton, mes peines mes deuils et mes guenilles

Et je bats la semelle dans des pays de malheureux

Aujourd'hui quand je vois une fontaine ou une fille 

Je fais un grand détour Ou bien je me ferme les yeux (bis)

Félix Leclerc

 

l'écouter

 

Félix Leclerc, 1914 - 1988, auteur-compositeur-interprète du Québec

 

ruisseau de ruelle - reduc

 

 

 

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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 06:00

 

Quand le dernier arbre

aura été abattu

Quand la dernière rivière 

aura été empoisonnée

Quand le dernier poisson

aura été pêché

Alors on saura que l'argent

ne se mange pas

Proverbe amérindien

attribué souvent à Go Khla Ye dit Géronimo

 

Vexin 24 avril 2012 18h24 - reduc1

 

 

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et chaque jour

je n'oublie pas Anne-Sophie

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145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015 ; 123 en 2016 et en 2017 ; 121 au moins en 2018 ; 150 en 2019 (au moins 122 confirmés)

(clic sur son regard pour comprendre ... un peu)

 

Profitez des instants de la vie :

le temps s'écoule à sa cadence,

trop vite ou trop lentement,

sans retour possible

N'oubliez pas que

"Tous les matins du monde sont sans retour"

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