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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 06:00

Le néon de Pascale la Tricôtineuse a profité du défi n°55 pour prendre ses RTT accumulés depuis plus d'une année.

C'est donc dans l'obscurité la plus totale que LES CROQUEURS DE MOTS  sont invités à faire jaillir la petite étincelle de leur pensée phosphorante ...

 

Dans les années 1950 ...

Dans la pénombre du vestibule, la petite fille regarde, le coeur en vrille, les sanglots de sa maman.

 

Les larmes ne se voient pas sur son visage, mais elle sait bien qu'elle est toute en pleurs et en tremblements à l'intérieur. La porte du bureau est restée entre-ouverte et, tandis  qu'elle l'aide doucement à s'appuyer dans le moelleux des manteaux pendus aux patères, la voix hargneuse continue à sortir du combiné qui a été laissé à l'abandon sur le pupitre du chef d'équipe.

 

Sa maman a pour consigne de répondre au téléphone quand tout le monde est parti en intervention ; et de ne jamais raccrocher au nez des usagers.

 

La voix ordonne et insulte pour que le courant soit rétabli avant l'heure de la traite du soir. Ils sont peu nombreux encore ceux des agriculteurs qui se sont équipés de machines à traire, voire d'une salle de traite.

 

Mais les orages de cette année-là ne leur laissent pas de répit. Les trois équipes sont déjà de sortie. Dans la pluie et le vent, quelquefois sous la grêle. Dans les éclairs et le tonnerre. 

 

La petite fille n'a pas peur de l'orage, pas pour elle. Encore que. Mais elle en connait le danger, d'autant plus grand lorsqu'il faut aller à découvert, en plein champ, pour grimper aux poteaux et réparer les fils électriques. Elle sait, pour en avoir été instruite par son papa, les bienfaits et les dangers de l'électricité : cette énergie déchainée pour l'heure dans le ciel et domestiquée pour le confort des humains depuis à peine un demi-siècle.

 

Elle n'entend pas toujours car elle dort à l'autre bout de la maison, mais elle sait aussi qu'il arrive à son papa de partir en pleine nuit réparer une panne. Un deuxième téléphone de l'EDF a même été installé pour cela dans leur chambre à coucher de leur logement de fonction.

 

Alors la petite fille est très en colère contre cette voix qui gronde et qui exige ...

 

Elle n'a pas peur de l'orage mais elle est terrifiée par ce téléphone suffisant et belliqueux. Elle soulève cette lourde poignée et dit doucement dans le côté du micro : ma maman a bien noté votre demande. Votre ligne sera réparée dès que possible. L'autre voix, surprise, se tait et l'on entend le déclic de quelqu'un qui raccroche.

 

La petite fille replace délicatement l'écouteur sur son support. La poignée est toute moite de sa sueur.

 

- Pourquoi papa , il a dit dimanche que c'était la faute des calculateurs ? Que les tempêtes, elles se moquaient bien des écarts-types. Dis maman, tu sais ce que c'est toi, un écart-type ?

 

- Non, mais tu apprendras cela à l'école quand tu seras plus grande. Tu sais, ton papa, il en a électrifié des campagnes. En calculant bien sûr, mais en observant aussi sur le terrain et en écoutant la mémoire du temps.

Maintenant, les ingénieurs et les techniciens font de très beaux dessins industriels et de savants calculs et c'est dans leurs bureaux modernes qu'ils décident le tracé et le nombre de poteaux. Le moins possible.

 

C'est dans ces scènes et ces bribes de conversation qui l'interpellent et la questionnent, que se forge le goût de la petite fille pour la rigueur des nombres et des schémas, mais aussi pour leur mise à distance, au regard de la vie et de la réalité.

 

On entend déjà au loin, depuis le bureau, retentir à nouveau la sonnerie du téléphone ...

pilone1 - reduc1

j'ai déjà utilisé ce cliché dans l'un de mes billets sur Un air de diva (1) ; (2) ; (3) et (4). J'ai aussi évoqué l'électricité dans Félicité,  la petite fée électricité 

.

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 11:06

Le néon de Pascale la tricôtineuse a profité du Défi n°55 pour prendre ses RTT accumulés depuis plus d'un an ...

LES CROQUEURS DE MOTS sont donc plongés dans l'obscurité pour faire jailllir la petite étincelle de leurs pensées phosphorantes ...

 

Je ne sais pas ce que j'aurai le temps de préparer. En ce moment les pannes qui se succèdent viennent d'autres tuyauteries. Petits soucis et grands tracas dont on se passerait bien, mais qui me font apprécier la gestion de l'eau à taille humaine et avec compétence et gentillesse de ma commune, qui a opté, en un temps déjà ancien, pour une gestion municipale et la découverte d'un plombier de proximité, lui aussi compétent et ... je ne trouve pas le mot juste car il recouvre un ensemble de qualités humaines et de métier que je suis ravie de trouver chez un "jeune" artisan.

 

Ce pas de côté exécuté pour vous expliquer mon absence de la toile en ce moment, pour d'autres occupations plus ... contingentes

 

Cette semaine, mon planning a été bousculé et j'ai manqué de temps pour programmer quelques billets et aller sur les blogs, commenter, répondre aux commentaires aussi.

 

Les jours qui viennent vont encore être bien occupés d'une autre manière ...

 

Mon blog est donc en demi-pause. Profitez-en pour découvrir eou redécouvrir quelques uns de mes billet précédents.

 

A bientôt !

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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 15:53

Salut les moussaillons et l'amirauté, les ex et futurs barreurs et les gardiens de phare ....

J'ai beaucoup aimé naviguer, en mère peinarde, sur les ailes de tous vos vents, humer les vêtements, prendre le temps de lire vos mots, et ceux des poètes proposés, me frotter aux temps tonitruants et murmurants, traverser en quelques clics des espaces-temps si divers ...

 

Un grand merci à toutes et à tous d'avoir joué le jeu et de nous avoir si joliment fait rêver ...

 

Et comme je musarde sans itinéraire bien précis et sans boussole, j'ai peut-être omis quelques îles dans ma virée. Point d'omission volontaire. Signalez-moi vite si j'ai manqué l'entrée de vos ports ...

 

Que j'y fasse une halte et répare mes oublis.

 

Nous sommes presque prêts à appareiller pour l'escale du défi n°55 qui se passera chez Tricôtine pour la nouvelle quinzaine. 

Il ne reste plus qu'à mettre les voiles !

suede1974bateau-a-quai.jpg

 

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 06:00

Capitaine de quart interimaire, c'est moi qui barre, vêtements au vent,

pour ce défi n°54 des CROQUEURS DE MOTS.

Amirale Tricôtine, depuis un an déjà.

Amiral d'honneur, Brunô qui fait flotter ses vêtements

en roue libre vers les cols de Alpes ou d'ailleurs.

 

soulitré10

 

Un autre temps de lessives ...

 

Il faudrait un très mauvais temps

pour modifier l'emploi du temps.

Aujourd'hui, nulle esquive,

le lundi est jour de lessive,

invariablement.

 

Hier, on a troqué les vêtements de labeur,

chargés de poussière et de sueur,

pour les habits du dimanche,

chapeau de feutre et veste à manche,

élégamment.

 

Hommes trinquant au zinc en chemise,

femmes, foulard noué, allant à l'église.

On a mis les robes de popeline,

le tout sentant la naphtaline,

obstinément.

 

Lundi et le lavoir ne désemplit pas,

tapant du battoir à la force du bras ;

avec ses rites et ses rires,

ses grands éclats de voix et ses discrets soupirs,

inlassablement.

 

Certes, c'est une corvée,

mélange d'eau et de suée.

C'est aussi une rare occasion

de sortir de sa maison

ponctuellement.

 

Même la grande nana lascive

y vient côtoyer les matrones actives,

retroussant ses manches et ses jupons,

partageant cancans et crépages de chignons,

inévitablement.

 

On envie la femme du maçon

qui à côté de sa maison

a la pompe à bras près de la buanderie

et ses étendages bien à l'abri,

luxueusement.

 

Faire sécher le linge à l'air

est bien souvent la grande affaire

car vous savez qu'en Normandie,

le temps est souvent indécis,

indubitablement.

 

Elle a changé ses habitudes

On plaint sa grande solitude.

Le confort de sa moderne lessiveuse

Ne la rend pas plus heureuse.

 

Mais au dessus du toit de la laverie

les commères guettent à l'envi

le panache de buée d'argent

qui signalera d'où vient le vent,

imperturbablement ...

Jeanne Fadosi, le vendredi 29 avril 2011

pour le défi n°54 des CROUEURS DE MOTS

 

pour une autre histoire de ...  lavoirs à voir

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 16:00

Coucou aminautes des CROQUEURS DE MOTS et d'ailleurs !

 

J'avais découvert comment programmer un article un peu par hasard et j'avoue que depuis, j'en use sans me préoccuper du temps où j'ignorais cette facilité.

 

Alors la consigne de programmer pour le lundi telle date 8 heures du matin ... inaugurée par Tricôtine lorsqu'elle a repris la barre ne me semblait pas être une difficulté. On oublie vite ses propres tâtonnements, une fois franchi une étape ... 

 

Vous avez mis au point votre article dans le module de publication

 

 

Défi n° 54 "Vêtements dans le vent"

 ( METTRE EN TITRE DE VOTRE ARTICLE POUR LA LISIBILITE)

 

 

et vous voulez le publier, mais pas maintenant.

 

 

Postez votre texte pour

 Lundi 02 Mai à 8 heures

(programmez)

  COMMUNAUTE CROQUEURS DE MOTS

 

 

Ceux qui travaillent auront sans doute des patrons qui s'accomoderont mal de leur excuse de retard et ceux qui ont comme moi la chance d'être à la retraite rechigneront peut-être à se lever si tôt !

 

La consigne suggère programmez.

 

Oui mais comment ?

 

Pas de panique, c'est facile.

 

Vous cliquez sur la petite croix de     Afficher toutes les options de publication  

(et toujours un clic sur l'image pour l'agrandir)

programmer-etape-1.png 

 

Vous obtenez ceci :

Il faut alors changer l'heure et la date.

programmer-etape-2.jpg 

 

Pour la date, cliquez sur le petit calendrier et sélectionnez le mois (si ce n'est pas le mois en cours) et le jour.

programmer-etape-3.jpg

 

Pour l'heure, mettez l'heure en surbrillance et tapez l'heure sous la forme 08:00, en respectant l'espace entre la date et l'heure.

programmer-etape-4.jpg

 

autre exemple pour un article que vous souhaitez publier à 16h30, mettez l'heure affichée en surbrillance et tapez 16:30 à la place. Vérifiez que vous avez bien l'espace entre la date et l'heure.

 

Voilà, c'est tout. 

programmer-etape5.jpg 

Si la mise en page de votre article vous satisfait par ailleurs (pensez à le prévisualiser pour vérifier), vous n'avez plus qu'à le publier.

 

Over-blog vous prévient de la prochaine parution de votre article. Vérifiez tout de même que la date et l'heure sont les bonnes.    

publication-programmee.jpg

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 22:01

le-defi 

 

Défi n° 54 "Vêtements dans le vent"

 ( METTRE EN TITRE DE VOTRE ARTICLE POUR LA LISIBILITE)

 

    Prenez le temps de prendre le p du temps

Avec grâce, arrondissez joliment sa jambe

jusqu'à ce qu'il ait l'air d'un e

Secouez l'air pour en faire du vent

  libérez les vetements ou livrez-les au vent

avec ou sans  chapeau

Et laissez libre cours à votre imagination, à partir de ce que vous inspire cette image,

pourvu que vous utilisiez au moins une fois chacun des mots

vent, temps (météo), temps (durée) et vêtements

soulitre10.JPG


Postez votre texte pour

 Lundi 02 Mai à 8 heures

(programmez)

  COMMUNAUTE CROQUEURS DE MOTS

 

 

et n'oubliez pas les Jeudis en poésie

(thèmes   libres ou les vêtements et/ou le temps pour le 28 avril et le vent pour le 05 mai)

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 06:00

C'est Le défi n°53 pour LES CROQUEURS DE MOTS, sous la dunette pilotée pour la quinzaine par m'ammette.

D'habitude, ce sont les nains de jardin qui disparaissent dans les entre-filets de journaux, lorsque les actualités laissent la place à ces informations jugées futiles. Mais ce n'est sans doute pas si anodin pour que le célèbre Front de Libération de Nains de Jardin se donne la peine de délivrer ces statuettes.

 

Alors pensez ! Si maintenant on en vient à faire les honneurs du journal pour une disparition de dés à coudre !

 

C'est que, sur la planète D, celle qui se trouve de l'autre côté de celle de l'allumeur de réverbère, toutes sortes de Dés jouissent d'une vie rêvée et confortable.

Il y a des dés à jouer, des gros, des petits, des bien équilibrés, des dés pipés, un peu honteux, ceux-là, ils se font le plus discrets possibles ici et jouent maintenant juste entre eux.

 

Il y a des D, aigus, medium, graves ... Sur la planète terre, le D est plus souvent appelé ré. Etait-ce la fréquence du dieu Rê ou Râ ! Les D jouent aussi mais avec d'autres notes. ensemble ils forment de petits et de grands airs ...

 

Et puis, il y a les dés à coudre (les Dac) ! Ceux-là ne jouent qu'avec des aiguilles et des fils. Ils aident les brodeuses, les cousettes, les ravaudeuses, les tailleurs ...


Alors quand les D ont entendu du plus lointain des horizons interstellaires la plainte de dés terrestres enfermés dans une boite, ils ont vite délégué leurs destriers pour aller les délivrer. Ce n'était certes pas la première fois et ils songeaient même à former la division de délivrance des Dac (DDDD). Avec à leur tête, Pierre Dac bien entendu !

 

Ils ne pouvaient pas deviner qu'ils avaient été rangés là provisoirement, pour laisser la place aux santons de la crèche, le temps de noël. Comment pouvaient-ils faire la différence ? Après la grande vogue de la collectionnite de dés, dans les années 1980, au bout de quelques années, nombre de dés de parade s'étaient retrouvés au placard.

 

Il faudrait ensuite faire le tri entre les utiles et les juste décoratifs. Les premiers sont redistribués aux artisans du cousu main. Il faut bien reconnaître que la seconde catégorie les embarrassent plutôt. Sur cette planète où tous ont des fonctions et des loisirs, le pur décoratif vient vraiment d'une autre planète et les plonge dans l'imcompréhension !

 

Comme toujours quand les Diens se trouvent devant un défi ou une énigme, ils se réunissent en assemblée pleinière pour décider. Chacun dit ce qu'il en pense.

On en retient dix propositions.

Dix sages se réunissent ensuite pendant dix tours de planète avant de dicter leur décision.

 

Parmi les propositions, il faut bien vous dire que celle du retour a la préférence des sages comme de l'ensemble des Diens. Je serais m'ammette, je ne me ferais pas trop de soucis pour ses dés. Ils seront bientôt de retour, avec sans doute des histoires à raconter ...

D'ac ?

562px-ThimblesBedfordMuseum.JPG

Cliché de Simon speed, Bedford Museum, travail versé au domaine public, mis en ligne sur wikimedia. (informations en cliquant sur l'image)

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 18:00

Avis : J'ai différé la publication de ce billet pour un billet d'humeur paru ce matin. qui n'est pas sans rapport avec le propos du jour.

 

C'est Hauteclaire  l'Amirale de quart pour le défi n°52 des CROQUEURS DE MOTS.

 

 

La flotille est parée à voguer loin des écueils vers notre nouveau cap : Notre Terre de légende. Avec une telle destination, nos coquilles vont investir toutes criques de la terre, tous les astres de l'univers ...

 

Justement, en ce moment, mes nuits sont occupées à consolider la merveilleuse réussite de Schéhérazade, dont l'une de mes tâches est d'en être l'ange gardien.

 

Oh, je vous demande pardon ! Je ne me suis pas présentée. Jeanne Fadosi, alias Janfadazade. Vous me connaissez en tant que scribouilleuse bénévole de ce blog. Dans mes sommeils nocturnes, j'ai maintenant la fonction de ange multi-tâches. Dans mes vies antérieures j'étais ange gardien et à l'occasion je prêtais mes ailes à une tâche plus délicate, mais ces diversions étaient ponctuelles.

 

Depuis le milieu du XXième siècle, l'explosion démographique d'un côté, l'engouement des financiers des Dieux pour le management au service de leurs gains d'un autre côté, ... On nous a de plus en plus demandé de faire de plus en plus ... sans contrepartie. Je suis sur les rotules et j'en ai les ailes brisées ...

 

Alors voilà, samedi, c'est le grand soir ! et je prépare cette pige pour vous transmettre mes premières impressions.

Pensez donc, c'est la millième ! Oui, la millième nuit de légendes. Une nuit sur deux, plus souvent quand mon emploi du temps me le permet, je la remplace pour qu'elle se ménage. La pauvre a besoin de toute son énergie, de toute son éloquence, de toute son intelligence, pour suspendre la sentence que le Sultan son époux a déjà exécuté tant de fois.

 

Mille nuits moins une que le sultan lui demande de revenir la nuit suivante afin de connaître la suite de l'histoire. Oups, je suis déjà en retard. Je file vers les palais du Sultan. Heureusement que Mélusine a b ien voulu me prêter son balai. Il fonctionne à l'énergie orageuse, (à ne pas confier à n'importe qui) plus rapide que le vent des tapis. Plus discret aussi.

 

- Enfin ! Janfadazade ! Je commençais à paniquer; La dernière nuit a été riche en leçons mais je suis épuisée. Je me demandais quand tu allais arriver !

- Bonsoir, Schérérazade ! Tu sais bien que je ne t'aurais pas laissé tomber. Surtout pas une nuit comme celle-ci. Tu te rends compte, mille jours de sursis dans le couloir de la mort, à distiller la sagesse dans ces contes, à préparer ta grâce définitive. Alors, as tu fini l'Histoire des deux soeurs jalouses de leur cadette ? J'espère que non.

- J'ai bien failli. Les financiers aiment bien les chiffres qui se terminent par des 9. Il parait que leur montant en parait moindre. Mais moi, tu le sais bien, je n'aime pas ces conseillers financiers et j'ai fini par deviner que le Sultan n'était pas insensible aux mises en garde discrètement glissées dans les contes ...

Mais le sultan m'a fait conter toute la nuit et j'ai bien peur qu'il ne reste plus de matière que pour une nuit ou deux.

- Scéhérie, je vais broder afin que tu puisse en terminer le récit la nuit de dimanche. Dis-moi seulement où le récit en est.

- Eh bien, le Sultan a reçu les princes, leur a trouvé toutes les qualités et a accepté de leur rendre visite ainsi qu'à leur soeur dans leur campagne. Entre nous soit-dit cher ange, je ne vois toujours pas pourquoi cette quête de ces trois objets aussi luxueux qu'inutiles. Et puis, de l'eau d'or, un arbre chantant, un oiseau esclave, ce n'est pas très moral ! Tu connais mes réticences à décrire ces moeurs des puissants, si éloignées des moeurs quotidiennes du temps. Quel besoin avaient-ils de vouloir les imiter dans leurs vaines voluptés. Il leur suffisait dans avoir appris le meilleur !

Ma Schéhérazade, je reconnais bien là ton grand coeur et ta soif d'absolu. Les contes que nous avons élaboré ensemble, avec ta soeur Dinarzade aussi, n'oublions pas toutes ses suggestions si judicieuses ..., sont plein de propos édifiants. Mais sans cet enrobage propre à intéresser ceux qui sont à convaincre, tu aurais depuis longtemps lassé le Sultan sur un chemin par trop dépaysant. Pour l'amener à plus de sagesse, il faut ne pas l'effaroucher. Du tact, de la patience, quelques concessions, sinon, tu ne convaincras que celles et ceux qui sont déjà convaincus.

 Jami_Rose_Garden-miniature-persane.jpg

Image du domaine public emprunté à l'article, wikipedia - miniatures persanes

C'est l'heure, à demain, à l'aube ... Désolée chers lectrices et lecteurs, au-delà de cette porte, ce qui s'y raconte est confidentiel.

Mais vous pouvez retrouver ce dernier conte des mille et une nuits dans la traduction qu'en a fait Antoine Galland de 1704 à 1715 à partir de manuscrits ramené d'Alep, datant du XIVième siècle.  L'origine de cette oeuvre chorale est bien plus ancienne (au moins avant le Xième siècle) mais le texte arabe n'en a été imprimé pour la première fois qu'en 1814 à Calcutta.

J'en ai gardé l'édition 1965, texte intégral en trois tomes dans la collection Classiques Garnier-Flammarion.
La référence en est le fonds arabe de la Bibliothèque Nationale, 3609, 3610, 3611 selon l'introduction de 1965 : Il est possible que la cote en est été modifiée.

 

Dimanche, à l'aube, après une nuit de récitation, Schéhérazade m'attend avec fébrilité :

- Le conte est presqu'achevé, j'ai laissé le Sultan du conte s'extasier du concombre farci aux perles et le Sultan de ta couche est suspendu aux paroles que va lui dire l'oiseau en cage. Il ne lui restera plus qu'à passer de la légende à la réalité et de te faire grâce ...

- Et s'il n'est pas bien disposé, s'il me faut commencer un autre conte ...

- Je serais bien étonnée si tu y étais obligée. En ce cas, Envoie la belle princesse au bord de la mer de Marmara. Tu feras embarquer le beau Paris afin que ces deux-là se rencontrent. Tu pourras alors enchainer sur l'iliade et l'odyssée.

- Oh non ! Pas l'iliade !

- Rassures-toi ma chère sultane, j'ai la conviction que "La guerre de Troie n'aura pas lieu*" Et de toutes façons, c'est surtout l'odyssée sur laquelle j'ai des tuyaux grâce à l'ange gardien de Pénélope, le femme d'Ulysse, pas la chanteuse.

- Tu ne crois pas que le Sultan voudra entendre des histoires persanes ?

- Ecoute, il est presque sûr que tu n'auras plus besoin de te produire ainsi toutes les nuits, mais après les Mille et une nuits, il vaudrait mieux l'embarquer dans une autre Grande oeuvre de référence. Entre deux, tu ne manqueras pas de textes. Figures-toi que la traduction de Galland a fait redécouvrir les civilisations indo-persanes et arabes. Le XVIIIième siècle, celui de Lumières a abondé dans ces fantaisies à la mode de  et si tu veux, tu n'auras que l'embarras du choix et bien au-delà.

Voltaire avec son Candide et son Zadig, Montesquieu avec ses Lettres persanes !

Si, comme je le pressens, tes récits demandent bientôt plus de volupté, tu pourras puiser à des traductions moins édulcorées des Mille et une nuits ou déclamer au Sultan des poèmes de Baudelaire ou de Gérard de Nerval !

 

- A ce soir pour t'encourager en coulisses et je reviendrai lundi matin comme d'habitude ... Zen, ma belle, zen, les petites graines de sagesse sont en train de lever. Il ne leur manque plus que de fleurir !

 

* La guerre de Troie n'aura pas lieu, pièce de Jean Giraudoux, 1935, réflexion visionnaire et lucide d'un écrivain pacifiste mais qui sait, avec la montée des fascismes et l'entêtement des hommes, sait la guerre inévitable.

 

Lundi, 8 heures du matin, temps universel.

Flash spécial :

Le Sultan, et par voie de conséquence, la Sultane, m'ont donné l'autorisation exceptionnelle de publier le communiqué suivant qui porte à votre connaissance sa déclaration à schéhérazade à la fin de cette ultime nuit.

 

"Je vois bien, aimable Schéhérazade, que vous êtes inépuisable dans vos petits contes : il y a assez longtemps que vous m'en divertissez ; vous avez apaisé ma colère, et je renonce volontiers, en votre faveur, à la loi cruelle que je m'étais imposée ; je vous remets entièrement dans mes bonnes grâces, et je veux que vous soyez regardée comme la libératrice de toutes ces filles qui devaient être immolées à mon juste ressentiment."

Tome 3 de l'édition 1965 classiques Garnier-Flamarion des Mille et une nuits, page 433 (avant dernier paragraphe)

 

Dis-moi, Janfadazade, tu vas publier ce flash sans commentaire ?

- Oui que voudrais-tu y ajouter sans déroger à la déférence que tu dois à ton Sultan ?

- Ben quand même, il se donne le beau rôle. Et je ne suis toujours pas d'accord avec la légitimité de son ressentiment !

- Je vois où tu veux en venir, c'est un tout petit pas vers une plus grande humanité. Et qui connaîtra dans les siècles et les siècles bien des reculades. Un petit pas fragile, à soutenir, encore et encore. Grâce à de belles âmes comme toi.

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 08:00

La flotille des CROQUEURS DE MOTS est à nouveau sous l'amirauté intérimaire de Hauteclaire pour le défi n°52. Cette fois-ci, cap sur notre légende de vérité ...

Comment cela, ce n'est pas le titre du défi n°52 ? Ah, je n'ai pas noté le titre ? "Terre de légendes", je m'en souviens maintenant, mais la Terre est aussi la mer et  j'y  navigue dangereusement au milieu des oxymores !

Naviguer et par définition une activité passionnante et dangereuse !

Comment vous me reprochez d'être encore en retard ? comment cela en retard ? 

En qualité de marin de tous les âges, et pour éviter les erreurs qui conduisent aux collisions et autres catastrophes, je m'en tiens au temps universel fixé par méridien par rapport au méridien de Greenwich : voilà ! 8 heures, dans mon plateau d'Ile de France, quand il sera 8 heures au soleil, il sera déjà 10 heures à l'heure d'été.

 

Oui une dernière précision ! je devrais dire Temps universel coordonné et oublier Grennwich. Que voulez-vous un e vieille habitude de vieux marin datant de l'hégémonie maritime des anglais sur la mer au XIXème siècle !

 

Mais alors que j'avais programmé sciemment mes légendes de vérité, que je décale pour vous laisser digérer celle-ci, ma radio préférée, voulant faire de l'humour, m'a appris l'existence d'une marque de fringues dont je tairai le nom pour ne pas en rajouter sur la publicité gratuite qu'il lui en a été faite.

 

Juste pour vous montrer le titre de l'un de mes livres de chevet et d'études parallèles** lorsque adolescente, je constituais mon anthologie de poèmes choisis.

280px-VoltaireZadig.jpg

Zadig*, de Voltaire, première édition à Londres en 1747 par l'intermédiaire d'Amsterdam, car Voltaire était censuré en France.

Alors, je ne sais pas qui a prononcé ces trois mots collés l'un contre l'autre et utilisés pour railler leur auteur (des mots pas Voltaire !) et je m'en fiche.

Juste mettre en garde ceux qui cherchent à s'informer ou à sourire, ce n'est pas exclusif, contrre les pièges des manipulateurs et de ceux bien plus nombreux qui relayent en toute bonne foi ces manipulations malhonnêtes.

Qu'a-t-il répondu*** à une question sur ses lectures ? Quelle était exactement la question posée d'ailleurs ?

Zadig et Candide de Voltaire

ou bien Zadig de Voltaire et Candide**

ou bien Zadig et d'autres textes de Voltaire ...

ou bien ...

 

Ouf ! Soulagée de mon coup de gueule. Voilà, vous me connaissez, Jeanne Fadosi, rédactrice du blog Fa Do Si. Dans ma vie diurne, je suis comme vous en train de vivre quelque part sur cette planète en turbulences, dans la duexième décénie du XXIème siècle.

 

Dans ma vie de rêves, j'ai la fonction harrassante et dégradée d'ange multitâche. C'est ce que je m'apprêtais à mettre en ligne à la place de ce billet.

Mais comme l'une des tâches qui me sont assignées est de débusquer, autant que faire ce peut, la minuscule part de vérité ensevelie sous les tromperies et trucages, j'ai dû suspendre mes tâches plus quotidiennes pour ce sauvetage en urgence.

 

A suivre ...

 

* Zadig signifie "le véridique" en langue arabe et "le juste" en Hébreux.    

** Ah vous réalisez, Candide de Voltaire cela vous rappelle quelque chose. Peut-être de mauvais souvenirs de pensum sur une dissertation de philo ou un commentaire de texte. C'est Candide que l'on nous a fait étudier mais je m'étais plongée dans Zadig, cette satire du siècle des lumières qui ne dépare pas à peindre notre époque actuelle.

*** si vous visionnez la vidéo du Figaro, gardez à l'esprit qu'il s'agit d'un montage, à partir d'enregistrements originaux coupés collés, resserrés par des professionnels qui disposent et du savoir faire et des outils pour faire du travail de pro où il est impossible de détecter les raccords. Vous n'aurez pas plus que moi, accès au hors-champ, au contre-champ, ...

Ce qui me scandalise le plus dans tout cela, c'est qu'il ait été possible de déposer une marque détournant les noms de Zadig et de Voltaire ! Cette privatisation d'un patrimoine culturel commun tend à se multiplier et c'est insupportable. 

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 07:00

Femme de ce monde

célébrée pour ta beauté

partout sur la terre.

 

En fée du logis

tu es partout appréciée

auprès du foyer.

 

Ton ventre prospère

fait pour la maternité

reçoit des offrandes.

 

Tu es écoutée

dans l'ombre d'un second rôle

sur tous les sujets.

 

Mais dans la lumière

moitié de l'humanité

au mieux  invisible.
Jeanne Fadosi, jeudi 3 mars 2011,

pour le défi n°50 des CROQUEURS DE MOTS

piloté par Lilie 

 

800px-L-Age_Mur-Camille-Claudel.jpg

L'Âge Mûr, sculpture de Camille Claudel exposée au Musée d'Orsay,

photographie de Arnaud25 en juiullet 2010, source wikipedia

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  • : Fa Do Si
  • : Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
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Sur les blogs, les jeux d'écriture témoignent de la vitalité

de la langue française sans tapage

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 Ephéméride de ce jour

 

et chaque jour

je n'oublie pas Anne-Sophie

les yeux dAnne-sophie

et ses compagnes d'infortune :

145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015 ; 123 en 2016 et en 2017 ; 121 au moins en 2018 ; 150 en 2019 (au moins 122 confirmés)

(clic sur son regard pour comprendre ... un peu)

 

Profitez des instants de la vie :

le temps s'écoule à sa cadence,

trop vite ou trop lentement,

sans retour possible

N'oubliez pas que

"Tous les matins du monde sont sans retour"

Métiers improbables

TheBookEdition - Les anthologies Ephémères

La 6ème anthologie est parue en mai

Informations sur 

 Les anthologies éphémères