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23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 06:00

 

Avec le mot Résistance, enriqueta ouvre grand les portes de l'expression pour ce défi n°139 des CROQUEURS DE MOTS en précisant en fin de présentation :
" Toutes les résistances, de toute nature, de tout lieu et de toute époque sont acceptées pour ce défi."

 

Passée la tentation de s'en tenir à la Résistance avec un R majuscule, nom propre qui désigne (sic le dictionnaire wiktionnaire) "Ensemble des mouvements et réseaux clandestins qui durant la Seconde Guerre mondiale ont poursuivi la lutte contre l'Axe et ses relais collaborationnistes sur le territoire français depuis l'armistice du 22 juin 1940 jusqu’à la Libération en 1944." le nom commun offre un nombre étonnament grand de polysémies, des sciences dures au vivre ensemble ... ou pas.


Des sens qui relèvent tous, dans des champs sémantiques très différents, de la "qualité" (encore un nom qui prête à toutes les confusions) de qui ou quoi s'oppose avec plus ou moins d'efficacité à l'action d'un autre (humain, animal, groupe, objet etc). Autrement dit et pour simplifier à l'excès, la résistance qualifie l'attitude de forces qui se confrontent.


Quelquefois aussi, à l'instar de la définition de la Résistance avec un R majuscule, le nom résistance glisse vers le dispositif qui permet la ou les actions de résistance.


Je m'en tiendrai à la résistance électrique, qui dans mon souvenir d'enfant, désignait le joli ressort du radiateur d'appoint qui rougeoyait dans la nuit et celles du grille pain ou du four, bien avant mes premières notions d'électricité. J'aurais pu alors y ajouter les diodes ou les transistors du poste de TSF, et même le joli filament blanc des ampoules électriques qui un jour finissait par casser. Et plus tard, les circuits imprimés puis les puces électroniques de plus en plus miniaturisées qui permettent ou non le passage du courant électrique.


J'aurais sans doute, avide d'apprendre sur l'électricité, alors que mon père, électricien, m'en tenait à distance sans explications, comme mes soeurs, mais non mes frères, j'aurais pu apprécier les cours de physique de seconde, mes premiers cours puisque j'avais pris une voie d'études classiques, si le programme avait commencé par là.
Au lieu de cela, l'étude a d'abord porté sur les forces mécaniques et leurs oppositions. Allez savoir pourquoi dès lors mes neurones ont opposé une telle force de résistance à l'apprentissage de la physique !


J'aurais pu laisser mes pensées vagabonder sur d'autres illustrations des résistances, j'aurais pu. Il faut bien que je résiste à la tentation de continuer ce billet déjà trop long. Je sais que j'en ai déjà perdu en route qui n'ont pas résisté à l'ennui et à l'envie d'aller lire ailleurs ce qu'en écrivent d'autres croqueurs de mots.
J'ai toujours regretté de ne pas avoir étudié sérieusement les sciences, mais je n'ai jamais regretté ce que j'ai appris d'autre. Le temps d'un élève n'est pas extensible et je mesure ma chance, par rapport à mes soeurs ainées, d'avoir pu faire des études dites supérieures, en dépit de la force de résistance redoutable de l'atavisme familial.
 

Quand on considère l'espèce de domination que, de tout temps, les hommes ont tenté d'exercer sur les femmes ; la résistance qu'elles n'ont cessé d'y opposer ; le peu de moyens qu'ils ont de se garantir de leur influence, et la parfaite compensation établie entre leurs facultés et leurs devoirs, on finit par se convaincre que toute idée de supériorité d'un sexe sur l'autre est vaine et illusoire, et que cet instinct d'autorité, qui semble inhérent aux hommes, ne leur a pas été donné pour que nous fussions dominées par eux, mais, au contraire, pour qu'ils ne fussent pas dominés par le genre de pouvoir et de séduction qui est notre partage.

Pensée de la princesse Constance de Salm (autrement appelée Constance de Théis), probablement extrait de De la condition des femmes dans une république, 1800

Constance de Théis

Défi n°139 : Résistance

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Constance de Théis, 1767 - 1845, poétesse et femme de lettres française

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Défi n°139 : Résistance

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 10:11
Bécassine et moi

Oui, je sais, pour ceux qui ne connaissent pas (encore) ma Bécassine, un tel titre peut paraître prétentieux.

Pour ceux qui ne retiennent de bécassine qu'un symbole caricaturé dans un sens ou dans un autre, je n'arriverai pas à les convaincre.

Bécassine mérite pourtant mieux ...

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On dit que Bécassine a été conçue à la veille de sa naissance, le 2 février 1905 dans le premier numéro d'un journal destiné aux petites filles "La semaine de Suzette" et la vas vite par la rédactrice en chef et le premier dessinateur qui passait par là.

En s'emparant d'une maladresse de la petite bonne bretonne de la dame parisienne.

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On dit que c'est pour combler la page vide provoquée par la défection d'une publicité.

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On dit cela ...

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On dit aussi que ce projet a été mis en route en 1904 et qu'il était pensé.

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Mais peut-être je serai plus sage si je laisse la place à wikipedia - Bécassine, dont l'article est fouillé. Dommage qu'il n'en soit pas de même pour celui sur la revue.

Ou à cette page L'art de Joseph-Porphyre Pinchon (1871 - 1953)

La genèse de Bécassine y est expédiée sans prudence mais la suite vaut, me semble-t-il, qu'on la lise avec attention.

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Ma Bécassine à moi, elle s'est concrétisée très tôt dans une poupée en mousse de caoutchouc articulé fidèle à son modèle de bande dessinée, celle que mon grand frère m'avait rapporté de Brest à son retour (voir Retour d'un grand frère)

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Cette poupée-là, elle a longtemps encore égayé les jeux de mes neveux et nièces quand ils la retrouvaient dans mes vieux jouets pendant leurs vacances à la maison.

Jusqu'à ce que le temps, la chaleur, la sécheresse, ne viennent a bout de la mousse et qu'elle finisse à contre cœur à la poubelle.

ma Bécassine, que j'ai bien sûr aussi suivi en bande dessinée, c'est bien autre chose encore, l'un des médiums de mon éducation sociale et d'un certain regard sur le monde, tel qu'il était et se transformait.

peut-être à suivre

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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 09:00

~ réédition du Billet 166 du 07/08/2009  17:44 ~

Notamment pour remettre en avant un petit livre publié en décembre 1998, à une époque où nous étions bien peu à tirer le signal d'alarme


Si Dana a choisi "le marron" comme  thème de la semaine, son blog vous plongera dans toutes ses nuances joyeuses dès sa page d'accueil.

Heureusement, car j'élimine tout de suite l'association du brun au pire, à cause de la folie des hommes. Les chemises brunes, certains en ont à peine entendu parler, d'autres pensent qu'elles appartiennent au passé.
Peut-être devrait-on continuer à méditer à partir de ce petit fascicule.

couvmatinbrun - reduc

Matin brun
de Franck Pavloff 

Editions Cheyne, 2002.
ISBN:2.84116.029.7
Dépot légal : 3me trimestre 2002


Loin de moi l'idée qu'il faille tout autoriser ! J'apprécie les trottoirs de nos villes et de nos villages débarrassés de ces traces que laissaient impudemment les chiens de toutes couleurs. Les amendes encourues sont peut-être plus dissuasives que l'éducation ...

Mais de là à inciter wikipédia à mettre un bandeau déroulant avec la mention "ces photos sont masquées, leur vue pourraient choquer certaines personnes sensibles" (sic !), si si, je vous assure, c'est bien ce que j'ai vu quand même, par curiosité, à l'article marron de wikipédia, à moins que ce ne soit de l'humour, peut-être ... (aujourd'hui, vous ne verrez ni les images masquées ni le bandeau, elles ont complètement disparu ...)

Bon tant pis pour les yeux sensibles, je n'ai pas d'outil info pour un menu déroulant. Attention les yeux ...

 

crottin de cheval - reduc


J'ai quand même fait quelques efforts en ne l'affichant pas en grand format. Ce crottin de cheval échappe sans doute à la sanction. Pas facile certes de dresser les intestins des chevaux et encore moins facile de descendre de selle pour ramasser la chose.
D'ailleurs, jusqu'à une période récente, cet engrais "presque" naturel ne restait pas bien longtemps sur le trottoir, aubaine d'un jardinier amoureux de ses rosiers.
Seulement voilà, depuis, le jardinier a appris que cet engrais contenait les insecticides et vermifuges ingérés par l'animal.

Bon, les excréments sont traditionnellement des engrais qui rendent la terre plus fertile.

engrais naturel - reduc1


Et là encore, même si l'apport répond au cahier des charges bio, je me serais autocensurée si l'appareil photo en avait capturé l'odeur. De ce côté, c'était supportable, mais une fois dépassé cet endroit ...
Ne riez pas, je suis sûre que le procédé existe au moins au stade du laboratoire ! Le parfum d'une rose ou du jasmin, ce serait sympa, non ?

La couleur marron est partout dans le minéral, le végétal, l'animal (au sens large englobant les humains).
Couleur de la décomposition, elle est aussi celle de la terre et de la vie en germe.

Elle m'évoque la rouille et les feuilles mortes.
Et l'automne de Prévert.


Sauf que ces deux escargots n'ont pas l'air d'aller à un enterrement !

deux escargots gris - reduc1
 

Encore qu'ils soient bien imprudents, sur cette petite route de campagne.


Désolée, Sherry, j'espère que ce n'est pas celui que tu avais vu !


crapaud applati - reduc1


Sont-ils insouciants, inconscients des dangers multiples qui les guettent, ou impuissants devant des prédateurs dont nous faisons partie ?

deux papillons - reduc


Dans tout petit d'homme
Se projette à l'infini
L'espoir du mieux vivre

                                Jeanne Fadosi, 7 août 2009


bebe michael Kamber - reduc1


Cette coupure de journal est avec d'autres petits clins d'oeil,depuis des années tenus par des magnés sur la porte du réfrigérateur. Je ne sais par quelle magie cette image, tout en jaunissant, ne semble pas vieillir.
Je ne sais pas comment joindre le photographe et le Journal car le cliché original n'est sans dout pas libre de droits. Si cela pose problème, je la retirerai de cet article.
Et je vous demande de ne pas l'enregistrer.



Vendredi 7 août 2009, journée mondiale de l'éducation


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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 17:45

 

Brouillon interrompu par le téléphone samedi soir vers huit heure moins le quart

Je voulais juste partager avec vous ce que Bernard Maris, avec un sens aigu de la dérision autant que de la pensée fouillée et réfléchie

 

"La fin de l'histoire"

(avec un h minuscule, note personnelle)

 

Albert Camus, qui ne dédaignait aucun jour de la vie et ne méprisait aucune de ses souffrances, fit remarquer (après tant d'autres) que nous ne vivons pas pour ce jour, mais pour demain : demain quand je serai libre, riche, grand, guéri, de retour, etc. Or demain, c'est la mort. Le mur final contre lequel se brisera notre misérable petit tas de secrets. Un raisonnement backward induction (en note de bas de page "rétroactif" : raisonnement très utilisé en théorie des jeux) dont le point de départ serait le moment fatal, devrait nous conduire à reconnaître l'absurdité du moment présent et nous en libérer, à la manière des Cyniques ("Que risques-tu ? Mourir ? Alors tu ne risques rien") ou, tout au contraire, nous inciter à vivre intensément le moment présent, comme s'il devait se répéter une infinité de fois. C'est l'image opposée du Cynique : le fou de vie, le romantique nietzschéen. L'existence de la mort ne résout absolument rien : toute attitude est justifiable par la conscience de la mort, y compris celle du contemplatif ou du styliste, qui est de ne pas bouger en l'attendant. "A quoi te sert-il d'apprendre cet air de musique avant de mourir ?" Socrate, peu avant de boire la ciguë, répond "A l'apprendre avant de mourir" ...

 

Bernard Maris, Antimanuel d'économie, 2 Les cigales, éditions Bréal 2008,

INTRODUCTION (sous-titre L'espérance de vie), p 26-27

 

      Ce soir de dimanche, après ce rassemblement de Paris inédit, je me pénètre des mots de ce texte dont le sens m'apparaît, au regard des événements de cette semaine, multiple et de plus en plus. 

Aujourd'hui, je me demande qui a vécu intensément le moment présent et qui s'est projeté dans les jours d'avant ou dans les jours et les mois d'après.

Aujourd'hui, je me demande quelle ont été les dernières pensées de Maris et ses collèges et amis juste avant "le moment fatal" ? S'ils ont seulement eu conscience de ce qui arrivait.

Aujourd'hui, je me demande comment et si l'on peut seulement inscrire de tels actes terroristes dans cette réflexion sur la vie la mort le temps. En ce qui concerne les tueurs.

Aujourd'hui, je veux seulement m'émerveiller de cette formidable force de vie qui a animé tant de monde.

 

Sisyphos 1732

Illustration pour le mythe de Sisyphe

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4 janvier 2015 7 04 /01 /janvier /2015 11:00

 

Je voulais en savoir un peu plus sur les voeux de Jacques Brel pour 1968, trouvés sur Ecrimages : Intime.

 

"Je vous souhaite de souhaiter. Je vous souhaite de désirer. Le bonheur, c'est déjà vouloir."

ainsi débute ce qu'en publie un site consacré à Jacques Brel

 

En particulier, j'aurais bien aimé entendre le son de sa voix nous les dire.

 

Alors j'ai pianoté sur mon moteur de recherche habituel sinon préféré 

voeux Brel 1968 Europe n°1 

Ils circulent largement sur la Toile, plus ou moins tronqués et non vérifiés.

et se terminent souvent par ces mots que j'ai envie de faire miens pour les partager ...

 

"Je vous souhaite surtout d'être vous, fier de l'être et heureux, car le bonheur est un destin véritable"

Jacques Brel, voeux du 1er janvier 1968 sur Europe n°1  

 

à condition de ne pas gommer tout ce qu'il a dit d'important avant cela (on ne peut pas être fier de tout)

 

J'ai cliqué sur cette vidéo d'un entretien de Jacques Brel en français sous titré en anglais (en page 3 ou 4 des propositions de google)

Un moment superbe de sagesse et d'aventure (environ 10 minutes)

qui débute par Noël, ça veut dire quelque chose pour vous ?

et une réponse en résonances avec Pourquoi une crèche ? aussi bien qu'avec Nous sommes tous des migrants ...

 

Un moment d'authenticité et de subjectivité.

Et aussi un florilège d'aphorismes que l'on peut sans perte de sens extraire de leur contexte tels ceux-ci, pianotés à la volée :

à condition de bien en entendre et en écouter tous les mots !

 

"L'enfance, c'est une notion géographique

N'attendez rien que de vous

"Désespérer n'est pas une chose triste

"la main d'un homme c'est une fête

"l'espoir imbécile c'est abominable

"Tous les cris c'est de la douleur

 

et encore :

"Je crois que les hommes sont merveilleux        faut p'têt' qu'on leur dise

 

Plus surprenant, cette promo pour la sortie de son album en 2011, en forme d'hommage à Jacques Brel, de Julien Doré

 

 creche-2014-15---reduc1.JPG

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27 décembre 2014 6 27 /12 /décembre /2014 11:00

 

Dans ma bal* ce matin, j'ai reçu un lien vers un flashmob (mobilisation éphémère donnant lieu à un événement filmé et mis en ligne)

Un lien qui n'avait rien à voir avec celui que je vous présente ici mais qui me semble plus en lien avec mon article précédent : Bancs publics ... encore que ...

 

flash_1_Lannion_23-11-14.jpg

 

mettez le son et cliquez sur l'image pour accéder au clip (durée environ 9 minutes)

 

en savoir plus sur cet événement (clic France3 Régions du 19/12/2013)

 

*bal = boite aux lettres électronique. Je montre ce que j'ai reçu dans Sur la Toile  ... (3)

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27 décembre 2014 6 27 /12 /décembre /2014 07:00

 

A quoi ça sert ?

14-21-Simenon.JPG 

Satue de Georges Simenon à Liège (sa ville natale)

 

14-08_les-superbes-dessins-de-ben-heine32.jpg

pour Les amoureux des bancs publics 

versus Ben Heine ; versus Georges Brassens

 

pause au jardin de Notre Dame - reduc1

pause musicale dans un jardin de Paris près de la Seine

 

Pour le couple de la rue La Hurlette et Carmen (clic) (Raymond Souplex et Jeanne Sourza)

 

bancAngouleme-25-12-14.jpg

 Angoulème, 25 décembre 2014

Dernière déclinaison de l'exclusion déguisée en "installation artistique" (clic)

 

Complément samedi 11h (Libération)

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23 décembre 2014 2 23 /12 /décembre /2014 16:00

 

Voyager au Moyen-Âge, tel est le thème de l'exposition du Musée de Cluny (à Paris) jusqu'au 23 février 2015

 

"Routes dangereuses, aléas climatiques, la faim, la mort, les bêtes féroces ou les monstres tout droit sortis de l’enfer… Voilà ce à quoi les voyageurs au Moyen Âge étaient confrontés quand ils sortaient des murailles rassurantes de leur cité. Ils étaient pourtant des milliers à affronter ces dangers. L’exposition «voyager au Moyen Age», actuellement au musée de Cluny à Paris, revient sur les raisons de ces migrations. [...]"  

Lire la suite  --->

 (dans cet excellent article de Libération-voyages)

 

donquichotte1_Sergio_Martinez_La-Havane.JPG

statue de Don Quichotte, Sergio Martinez 1980, La Havane*

 

* Non, je n'y suis pas allée, j'ai juste emprunté cette photo sur Internet en cherchant une illustration. Je la retirerai si cela pose problème à son auteur ou au sculpteur, mais ce serait dommage. ...

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11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 05:59

 

Le Chat est un animal domestique infidèle, qu'on ne garde que par nécessité, pour l'opposer à un autre ennemi domestique encore plus incommode et qu'on ne peut chasser : car nous ne comptons pas les gens qui, ayant du goût pour toutes les bêtes, n'élèvent des chats que pour s'en amuser ; l'un est l'usage, l'autre l'abus ; et quoique ces animaux, surtout quand ils sont jeunes, aient de la gentillesse, ils ont en même temps une malice innée, un caractère faux, un naturel pervers, que l'âge augmente encore et que l'éducation ne fait que masquer. De voleurs déterminés, ils deviennent seulement, lorsqu'ils sont bien élevés, souples et flatteurs comme les fripons ; ils ont la même adresse, la même subtilité, le même goût pour faire le mal, le même penchant à la petite rapine ; comme eux ils savent couvrir leur marche, dissimuler leur dessein, épier les occasions, attendre, choisir, saisir l'instant de faire leur coup, se dérober ensuite au châtiment, fuir et demeurer éloignés jusqu'à ce qu'on les rappelle. Ils prennent aisément des habitudes de société, mais jamais des mœurs : ils n'ont que l'apparence de l'attachement ; on le voit à leurs mouvements obliques, à leurs yeux équivoques ; ils ne regardent jamais en face la personne aimée ; soit défiance ou fausseté, ils prennent des détours pour en approcher, pour chercher des caresses auxquelles ils ne sont sensibles que pour le plaisir qu'elles leur font. Bien différent de cet animal fidèle, dont tous les sentiments se rapportent à la personne de son maître, le Chat paraît ne sentir que pour soi, n'aimer que sous condition, ne se prêter au commerce que pour en abuser ; et par cette convenance de naturel, il est moins incompatible avec l'homme qu'avec le chien dans lequel tout est sincère.

La forme du corps et le tempérament sont d'accord avec le naturel ; le chat est joli, léger, adroit, propre, et voluptueux ; il aime ses aises, il cherche les meubles les plus mollets pour s'y reposer et s'ébattre. Comme les mâles sont sujets à dévorer leur progéniture, les femelles se cachent pour mettre bas ; et lorsqu'elles craignent qu'on ne découvre ou qu'on n'enlève leurs petits, elles les transportent dans des trous ou dans d'autres lieux inaccessibles, et après les avoir allaités pendant quelques semaines, elles leur apportent des souris, de petits oiseaux, et les accoutument de bonne heure à manger de la chair : mais par une bizarrerie difficile à comprendre, ces mêmes mères, si soigneuses et si tendres, deviennent quelquefois cruelles, dénaturées, et dévorent aussi leurs petits qui leur étaient si chers.

Les jeunes chats sont gais, vifs, jolis, et seraient aussi très-propres à amuser les enfants, si les coups de patte n'étaient à craindre ; mais leur badinage, quoique toujours agréable et léger, n'est jamais innocent, et bientôt il se tourne en malice habituelle ; et comme ils ne peuvent exercer ces talents avec quelque avantage que sur les petits animaux, ils se mettent à l'affût près d'une cage, ils épient les oiseaux, les souris, les rats, et deviennent d'eux-mêmes, et sans y être dressés, plus habiles à la chasse que les chiens les mieux instruits. Leur naturel, ennemi de toute contrainte, les rend incapables d'une éducation suivie. On raconte néanmoins que des moines grecs de l'Île de Chypre avait dressé des chats à chasser, prendre et tuer les serpents dont cette île était infestée ; mais c'était plutôt par goût général qu'ils ont de la destruction que par obéissance, qu'ils chassaient ; car ils se plaisent à épier, attaquer et détruire assez indifféremment tous les animaux faibles, comme les oiseaux, les jeunes lapins, les levrauts, les rats, les souris, les mulots, les chauve-souris, les taupes, les crapauds, les grenouilles, les lézards et les serpents. Ils n'ont aucune docilité, ils manquent aussi de la finesse et de l'odorat, qui, chez le chien, sont deux qualités éminentes ; aussi ne poursuivent-ils pas les animaux qu'ils ne voient plus ; ils ne les chassent pas, mais ils les attendent, les attaquent par surprise, et, après s'en être joués longtemps, ils les tuent sans aucune nécessité, lors même qu'ils sont les mieux nourris et qu'ils n'ont aucun besoin de cette proie pour satisfaire leur appétit.

On ne peut pas dire que les chats, quoique habitants de nos maisons, soient des animaux entièrement domestiques ; ceux qui sont le mieux apprivoisés n'en sont pas plus asservis : on peut même dire qu'ils sont entièrement libres ; ils ne font que ce qu'ils veulent, et rien au monde ne serait capable de les retenir un instant de plus dans un lieu dont ils voudraient s'éloigner. D'ailleurs la plupart sont à demi sauvages, ne connaissent par leurs maîtres, ne fréquentent que les greniers et les toits, et quelquefois la cuisine et l'office, lorsque la faim les presse.

Buffon, Histoire naturelle, animaux domestiques

 

 

Le-vieux-chat-et-la-jeune-souris_Gustave-Dore.jpg

Le vieux Chat et la jeune Souris, illustration de Gustave Doré pour la fable de La fontaine

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25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 09:00

 

Pourquoi ce titre ? Comment ponctuer cette expression ?

Par un point, tel ce point final qui met fin à la vie, des points de suspension comme la vie qui s'écoule dans le temps, continu ou (/et ?) suite d'instants ? Par un point d'exclamation soulignant en creux le résumé de toute la condition féminine, dans l'espace et dans l'histoire ? Par un point d'interrogation comme l'est ce continent inconnu ?

 

Pourquoi vivre femme ? Pourquoi pas être ? Pourquoi pas naître femme ?

 

Etre femme, ce n'est pas toujours ni partout vivre. Vivre femme, ce n'est pas toujours ni partout exister.

 

« On ne naît pas femme : on le devient. »

Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, 1949, tome II, p13

 

Naître femme, oui, j'aurais pu opter pour ce titre, n'en déplaise à Simone de Beauvoir qui a sûrement déploré elle-même que son célèbre aphorisme enferme la réflexion et l'action dans une géographie et une sociologie étriquée et clivante, ce qui n'était pas sa démarche comme le font pressentir ces deux autres petites phrases d'elle, glanées par wikipedia

 

« La femme libre est seulement en train de naître. »

 

« Se vouloir libre, c'est aussi vouloir les autres libres. »

extraites du même ouvrage

Car oui, on naît presque toujours fille ou garçon.

Presque. L'intersexuation est un sujet connu mais tabou et 1 enfant sur 2500 naît "intersexué"en France

Alors oui, naître fille ou naître garçon,  quelque soit l'être humain que ce petit d'homme va devenir, ce n'est pas rien.

 

Aujourd'hui 25 novembre

Journée internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes

Celles et ceux qui connaissent mon blog savent un peu en quoi ce sujet me tient à coeur 

Inutile de préciser que j'apprécie les mots du plan de bataille de Madame Christiane Taubira ...

et que j'espère qu'il sera assorti des moyens et de la volonté de l'appliquer afin d'être efficace dans la durée.

 

C'est aussi la sainte Catherine qui fête les catherinettes, une tradition largement tombée en désuétude, sauf peut-être dans les ateliers de couture qui l'ont initiée. 

 

quatre femmes

quatre femmes en 1929, pastel sec et fusain sur pastel card

 

Mes billets du 25 novembre : 2013 ; 2012 ; 2011 ; 2010

 

Vivre femme ... et parfois en mourir

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 Ephéméride de ce jour

 

et chaque jour

je n'oublie pas Anne-Sophie

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et ses compagnes d'infortune :

145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015 ; 123 en 2016 et en 2017 ; 121 au moins en 2018 ; 150 en 2019 (au moins 122 confirmés)

(clic sur son regard pour comprendre ... un peu)

 

Profitez des instants de la vie :

le temps s'écoule à sa cadence,

trop vite ou trop lentement,

sans retour possible

N'oubliez pas que

"Tous les matins du monde sont sans retour"

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TheBookEdition - Les anthologies Ephémères

La 6ème anthologie est parue en mai

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