J'ai l'âge d'être grand-mère et ma maman, à mon âge avait même trois ou quatre arrière-petits enfants. Cet article qui répond à certaines de mes réflexions depuis que je vois les gens happés par leurs téléphones portables en tous lieux et en tous temps a eu aussi le mérite de me renvoyer à ma propre enfance.
Point de téléphone mobile à l'époque où moins de la moitié des foyers étaient dotés d'un téléphone fixe.
Avoir une ligne prenait quelques mois, coûtait le raccordement aux lignes téléphoniques sous forme d'un forfait qui permettait la mutualisation des coûts d'infrastructure mais qui était un frein malgré tout pour les bourses les plus modestes.
L'abonnement n'était pas négligeable et surtout les communications étaient facturées à la durée par zone. Tous les deux mois la facture de téléphone était attendue avec crainte quand on en avait usé.
Inutile de vous dire que le téléphone n'était pas un objet en libre service pour les enfants, du moins dans la plupart des familles aux revenus budgétés.
Et la bande dessinée alors ?
J'y viens ! J'habitais en Normandie, une région où les vacances n'étaient pas toujours synonyme de beau temps et où, grâce à l'amélioration des techniques d'imprimerie, et au succès de Walt Disney, la bande dessinée jeunesse s'est développée en force vers la fin des années cinquante et le début des années soixante.
Il y avait déjà le phénomène Tintin qui a largement contribué à l'épanouissement des la bande dessinée belge.
Il y avait les pro Mickey, dingo Picsou avec le journal de Mickey, et il y avait les pro marsupilami et Spirou et bien sûr le magazine Pilote.
Mais à la maison, le débat se posait en amont entre grand parents privilégiant la lecture de "vrais" livres et des parents appréciant les BD.
L'avantage des étés pluvieux était qu'il y avait du temps à occuper pour les deux formes de lecture. J'ai eu des camarades de classe où les BD étaient proscrites, des oncles qui n'appréciaient pas non plus. Un papa vite rassuré sur mon avidité à lire qui faisait davantage attention aux contenus tant des images que des histoires.
Mais je doute que papa ou maman aient eu le contrôle en amont sur toutes les BD que j'ai lues, ni même qu'il ait été possible d'en mesurer toute la portée.
Du reste, les journaux avaient leurs planches de BD à la couleur de leurs idéologies et je me souviens avoir lu sur les journaux qui servaient pour s'essuyer dans les cabinets du jardin de ma tante "des voyages de missionnaires qui se terminaient dans les marmites de ces vilains sauvages cannibales." !!! à un âge où j'étais encore tenu à l'écart des BD, à un âge où je savais déjà lire, soit environ 7 ans.