~ Billet 177 ~
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8) Rencontre ou pas les auteurs des livres qu’on a aimés ?
Il n’y a pas de règle. Tout dépend de la personne et des circonstances de la rencontre.
Ce sont des gens comme les autres, à multiples facettes, avec leurs qualités et leurs défauts.
Je n'évoquerai pas les séances de dédicaces qui sont l'incontournable pensum des auteurs à succès. Encore que le paraphe illisible sur la page de L'utopie ou la mort de René Dumont (Seuil 1973), me renvoie au souvenir d'une conférence passionnante et d'une rencontre pleine de simplicité. Souvent, les écrivains les plus sincères répondent avec gentillesse à une invitation dans un cadre pédagogique.
Ceux qui ont lu le billet dans lequel Le crieur voit plus loin savent aussi que je suis des conférences animées par des spécialistes qui sont bien souvent auteurs d'essais sur les sujets abordés.
En premier lieu, vu que l'écriture ne nourrit guère son homme, (façon de parler peu biaisée, les femmes auteures sont sans doute plus nombreuses mais des progrès restent à faire), vous comme moi en avons sans aucun doute côtoyés sans le savoir, tel chargé de rayon dans une grande librairie (le moindre mal), tel vendeur au kiosque de la place Machin, telle perchée dans sa cabine autoroutière, écrivant la nuit entre deux bonsoir d'automobilistes pressés.
Ensuite, certains, dont le succès monte à la tête, ou qui ont tout simplement oublié les codes, oublient, (la répétition est volontaire), de dire bonjour en entrant dans la boulangerie de leur village. Celui-là, que je ne nommerai pas, a peu de chance de se reconnaître. Il a sans doute rayé de sa mémoire les quelques années où il a habité là.
Peu de chance qu'il s'abaisse à lire notre littérature de midinettes.
Alors qu'un autre immensément connu et pourtant encombré d'une poussette dont le bambin me semblait être son petit fils, saluait sans emphase la clientèle de l'épicerie fine tout en négociant avec les deux marches à descendre ! Celui-ci, je peux le nommer puisqu'il se comportait simplement, quoique avec la fierté de sa tardive paternité : c'était Hervé Bazin au début des années 80.
Pour faire bonne mesure, il faudrait aussi nommer les écrivains de l'ombre, les nègres sans qui les VIP seraient bien démunies face à leur agenda surbooké et à leurs dispositions plus ou moins limitées devant la page blanche. Les traducteurs aussi, que l'on oublie souvent de citer et qui apportent leur propre talent d'écriture pour transposer l'intime d'un livre d'une langue à l'autre.
Peut-être l'un de vos enfants a-t-il un prof de langues qui souffre de la misère de notre enseignement linguistique et qui arrondit ses fins de mois en traductions au kilomètre !
J'ai été déçue par certaines rencontres et confortée dans mon opinion par d'autres.
Depuis que je blogue, je lis des blogueurs ou blogueuses qui ont publié et je pense que je ne serais pas déçue de voir Bigornette en vrai, ou Clémentine ou encore Quichotine et ses co-auteurs.
D'ailleurs Bigornette s'est inscrite à un salon organisé dans sa région. Dommage que ce soit un peu loin !
9) Aimes-tu parler de tes lectures ?
Oui, échanger ses impressions élargit encore et prolonge le plaisir de la lecture. Avec des amies, nous nous prétons des livres que nous avons aimés. Mais je ne sais pas défendre un livre auprès de quelqu’un qui ne l’a pas aimé.
10) Comment choisis-tu tes livres ?
De multiples manières : dans les librairies ou les rayons librairies de grandes surfaces, c’est au feeling. Il y en a tant. Je lis la 4ème de couverture et j’ouvre au hasard. J’ai souvent la main heureuse. Et la tentation tenace. J’ai bien du mal à ne pas acheter au moins un ou deux livres !
Le thème et une présentation, dans un magazine ou à la radio ou la télé et j’ai noté les références.
Le violoncelliste de Sarajevo, de Steven Galloway, chez JC Lattès j’en ai trouvé une critique enthousiaste dans TéléZ et le conseil était bon (en tous cas je l’ai apprécié).
Pour la première fois ce printemps, j’ai suivi la suggestion heureuse de blogueurs concernant « les déferlantes de Claudie Gallay aux éditions du Rouergue, et ce voyage au bout du Cotentin, je n’ai pas regretté non plus de l’avoir fait.
Je me suis procuré deux livres de blogamies, Les pirouettes de Bigornette dont j’ai souligné la bonne humeur dans le billet Une recette infaillible du rire léger et la convocation de Clémentine Séverin que j’ai aimé pour des raisons bien différentes car le livre de Clémentine aborde des sujets douloureux et graves.
11) Une lecture inavouable ?
Qu’est-ce qu’une lecture inavouable ? Non ce n’est pas la question qui m’embarrassait.
A treize ans, j’ai choisi un des premiers livres de la bibliothèque rose que j’avais lu, en soulignant la nécessité de ne pas oublier sa part d’enfance.
Je craignais les quolibets de mes camarades de classe ! Ils ont applaudi mon courage et ce sont les adultes qui ont ironisé sur ma démarche. Il faut dire que notre jeune prof de français ne savait pas non plus que les automates sophistiqués avaient des accus* pour fonctionner et avait rayé d’un grand trait rouge rageur ma description technique (sur un autre sujet).
(*terme accepté dans les revues techniques pour accumulateurs, ancêtres des piles électriques)
Partant du principe que pour comprendre et critiquer avec pertinence, il faut connaître, il m’arrive de lire même ce qui ne me plait pas. Quand je peux les emprunter car alors je n’aimerais pas, mais pas du tout, payer des droits d’auteurs à des auteurs dont je réprouve les idées. Mais il y a des limites que je m’impose, d’ailleurs, ce genre de littérature ne parvient pas jusqu’à moi.
J’espère aussi ne jamais connaître une vie où suggérer la lecture de Matin brun aurait des conséquences néfastes. (voir marron paradoxe)
J’ose croire que c’est seulement l’ardeur du soleil qui a mis le feu aux chaumes dans la campagne !
12) Des endroits préférés pour lire ?
Bien calée dans un fauteuil et surtout dans mon lit avant de m’endormir. C’est pourquoi je peste après ces bouquins qui pèsent des kilos. Ou au milieu de la nuit entre deux sommes. Mais c'est pour cela que j'apprécierais des livres divisés en tomes plus légers. Certains pavés (au sens physique du terme, pas dans son contenu) que je prendrais volontiers comme livres de chevet, sont bien trop encombrants !
13) Lire et manger ?
Pas même le journal.
C’est s’absenter des gens avec qui on est sensé partager un repas. C’est un moment de rencontre, le repas.
Et même seule. Un plateau repas devant la télé oui. Mais lire demande d’être entièrement à la lecture. Sans compter qu’avec ma maladresse, je ferais des taches.
14) Livres empruntés ou livres achetés ?
Les deux, Je regrette que les bibliothèques ne soient pas plus nombreuses. Le réseau des bibliothèques départementales est une bonne idée, qui repose sur quelques bénévoles et manque souvent de moyens.
Quand un livre me plait, je l’achète ensuite si j’ai l’intention de le relire ou de l’offrir.
Entre amis sûrs, nous nous prêtons aussi des livres.
Avant, je prêtais facilement mais je déplore la perte de livres auxquels je tenais et qu’on ne m’a pas rendus.
15) As-tu déjà abandonné la lecture d’un livre ?
Oui, sans honte. Je n’ai jamais pu aller au-delà de quelques dizaines de pages de Proust. …Mais j’ai beaucoup aimé la version bande dessinée (à zut, c’était peut-être la question lectures inavouables …)
Il y en a que je reprends plus tard parce que ce n’était pas le bon moment.
Il y en a que je me force à lire jusqu’au bout, pour dire ne pas juger sans connaître, rarement mon avis change au cours de la lecture.
Par contre il est vrai que certains livres on n’y entre pas dès le début et il faut insister sur plusieurs dizaines de pages.
Certains sont comme les musiques, séduisants à la première lecture mais sans consistance, ou au contraire d’autant plus intéressants qu’on les découvre plusieurs fois à des âges différents de notre vie ou avec des humeurs diverses.
De toutes façons, j’ai toujours plusieurs livres en train en même temps que je lis selon mon humeur et ma disponibilité. A part les romans, qu’il faut lire jusqu’au bout, bien des livres permettent des abandons et des reprises.
Tu tagues qui ?
Alice a terminé son devoir de vacances par
Le tag ayant beaucoup circulé, je tague qui ne l’a pas fait.
Elle ne m’en voudra pas si je reprends cette sage suggestion à mon compte.
Une dernière suggestion de lecture, autant pour les yeux que pour la tête et le coeur :
A hauteur d'enfants d'olivier Föllmi aux éditions La Martinière