~ Billet 44 ~ Ou le zèle étourdi
Parenthèse : et non, je ne vais pas enlever la cigarette de cette photo célèbre de Jacques Prévert, même s'il faut le répéter sur tous les tons : le tabac fait des ravages, ses victimes en conviennent, mais toujours trop tard.
Avant toutes choses, je voudrais préciser ici que mon propos est davantage de mettre l'accent sur mes propres maladresses de « surfeuse » que de relever les inévitables imprécisions et lacunes de tel ou tel site ou moteur de recherche.
Il est bien connu que c'est d'abord le lecteur pressé ou l'auditeur ou le spectateur selon le média utilisé qui ne retient que ce qu'il veut bien y trouver quand il en retient quelque chose.
J'en ai encore eu l'expérience hier en faisant un détour par le blog de Bigornette, blog que j'apprécie.
Elle nous propose un sujet d'écriture et nous précise ceci : « j'ai retrouvé des textes sur d'autres sujets passés, égarés, déposés au mauvais endroit, ils ont été mis en ligne avec retard, c'est dommage ! Pour éviter ce genre d'inconvénient, je vous demande de bien déposer vos textes en commentaires sous ce sujet sur ce blog.... »
Suit le sujet du nouveau jeu proposé.
Ce qui n'empêche pas le second commentaire d'afficher (pardon à son auteur, qu'il n'y voit aucune malice de ma part surtout, cela aurait pu arriver à n'importe qui. Je suis coutumière moi aussi de ce genre d'étourderie) :
« Et si on veut particper on t'envoie les propositions de texte Où ? »
Je m'en vais loin de mon propos ? Voire.
Mes vagabondages mentaux sur la citation de Prévert m'ont amenée à vouloir la contextualiser comme on dit maintenant. La resituer dans son texte et dans son époque. Non par souci de précision mais pour savoir si mes divagations pourraient avoir une quelconque pertinence. Mes billets n'avaient pas pour sujet principal la recherche de l'origine qui fait l'objet de ce 3ème billet.
Le premier part de l'envie d'interpréter la citation, le second de mes tentations de chemins buissonniers sur le net où je me laisse facilement écarter du sujet de mes réflexions et m'éloigne souvent même de mes questions.
Ce n'est pas la toile qui m'a apporté une réponse mais un courrier, fût-il électronique.
Par paresse je n'ai pas relu le courriel.
La phrase était pourtant concise et précise :
« Bonjour,
Cette citation est extraite de "Adonides", dans le recueil Fatras (1966).
Bien cordialement, ...
Relevez au passage que l'usage du courriel peut ne pas faire oublier par tout le monde la convivialité d'une politesse bien utilisée.
Je n'ai retenu que la première moitié de la phrase :
... Adonides et 1966.
Et encore je n'ai reconstitué le mot « adonides » (pardon de mon puits d'ignorance aux spécialistes de Prévert) que via Adonis, dieu antique, dans un vague souvenir et un bel Adonis, expression un temps populaire et parce que j'avais quand même lu avec perplexité que l'expression n'était pas « anodine ».
Je note au passage juste au-dessus qu'Adonaï n'est autre que le titre donné à Dieu dans l'ancien Testament et dans la Bible hébraïque. Le cousinage, même fortuit est troublant.
Comme Adonis est un dieu phénicien, je vous fais grâce de mon détour par la Phénicie l'un des berceaux des civilisations occidentales dès le IIIème millénaire avant J-C qui s'étirait le long de la méditerranée de la Syrie au nord au Mont Carmel et Haïfa au sud.
Je retourne sur les moteurs de recherche, tape donc adonides et Prévert
Et découvre Joan Miro et une exposition actuelle. Mais point de 1966. Les avis sont partagés selon les sites entre 1978, 1972 et 1975.
Ouvrir plusieurs pages faire le tri des sites d'enchères, je n'utilise pas la toile de cette manière mais vu la rareté de ces pièces numérotées, les prix ne sont de toute façon pas compatibles avec ma bourse.
Fermer des Pop Up intempestives au détour de certaines pages, pourtant mon pare feu est en général efficace. Cela ne m'a pas empêché de voir mon écran illustré d'une ou deux réclames pour des voyances !!!
Revenons à mes recherches :
Ce qui revient quand même le plus fréquemment c'est Joan MIRÒ - Jacques PRéVERT : ADONIDES - Paris, Maeght (c'est l'éditeur), 1975 pour des tirages numérotés.
Ce n'est que plusieurs pages plus loin que je trouverai une piste sur le site dédié à Marcel Carné, compagnon de Prévert dans ses aventures cinématographiques. :
Adonides, avec gravures en couleurs et gaufrages de Miro, Maeght, 1978 (texte déjà publié dans Fatras)
Fatras, avec 57 reproductions de collages de l'auteur, Gallimard, NRF, collection " Le Point du Jour ", 1966. mais point d'adonides, info glanée sur une autre page dont, pardon, je n'ai pas noté l'adresse.
Ma perplexité restera entière à propos de 1972 car l'intérêt d'un éclaircissement de vaut pas le temps et les nouveaux tâtonnements, ainsi que les nouvelles tentations de surf sauvage que cela entraînerait.
Plus tard, dans l'extrait mis à disposition par l'INA d'un entretien avec Prévert de 1961 (Jacques, ne pas oublier Pierre, talentueux cinéaste et parolier aussi mais resté souvent dans l'ombre de son frère.), je découvrirai qu'il travaillait déjà aux Adonides.
Adonides ou fatras, lequel est dans l'autre ?
Fatras a intégré en 1966 les adonides en leur état puis fatras a été inclus dans les Adonides et peut-être exposés dans un premier temps, sans doute complétés car pour Prévert, une œuvre, un texte, un collage... n'était jamais abouti et il reprenait son ouvrage volontiers même après les premières parutions.
Finalement, ce n'est qu'à l'occasion d'une promenade sur internet pour un autre sujet relatif à Prévert, que je suis tombée sur le site d'édition en ligne de Munich, GRIN sur le sommaire d'un séminaire de Thomas Edeling de l'Université de Bayreuth qui s'intitule:
L'intermédialité dans « Fatras »
de
Jacques Prévert
donnant des hypothèses intéressantes dans l'introduction sur les motifs pour lesquels les dates de rédaction ne sont pas toujours connues.
Pour mes vagabondages en pensées à partir de « fatras », ce sera une autre histoire. Je vous promets d'y revenir un peu plus tard.
Il se fait tard (pour moi), je sais que les surfeurs sont beaucoup plus nocturnes et je publie ce texte en l'état, avec ses imperfections et j'y reviendrai pour l'illustrer si des idées d'images me viennent.
Samedi 21 février : je récapitule les dates :
1966 publication des fatras qui présentent l'état du moment des Adonides mises en chantier depuis au moins 1960
1975 publication des Adonides