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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 06:01

Pour le Jeudi en poésie sous la baguette magique de Nat.

Les Croqueurs de mots ont fait des voeux aux astres, sans les nommer, c'était la règle du jeu de mots qui se nomme lyponymie

 

Beaucoup d'amateurs de poésie connaissent la lune selon Alfred de Musset.

Comme je me suis replongée, (avec délices) dans l'Art d'être grand-père, de Victor Hugo, je vous propose celle que le poète a bien voulu décrocher pour ses petits enfants.
Le titre se décline en quatres poèmes que je mets en ligne. Vous pouvez en lire un ou les quatre, à votre choix. Et si vous les lisez tous les quatre, peut-être sera-t-il judicieux de les relire dans l'ordre que Victor Hugo leur a donné.

 

Si vous voulez commencer par le début,

Le début est ICI

 

II

Choses du soir

 

Le brouillard est froid, la bruyère est grise ;

Les troupeaux de boeufs vont aux abreuvoirs ;

La lune, sortant des nuages noirs,

Semble une clarté qui vient par surprise.

 

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,

Maître Yvon soufflait dans son biniou.

 

Le voyageur marche et la lande est brune ;

Une ombre est derrière, une ombre est devant ;

Blancheur au couchant, lueur au levant ;

Ici crépuscule, et là clair de lune.

 

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,

Maître Yvon soufflait dans son biniou.

 

La sorcière assise allonge la lippe ;

L'ariagnée accroche au toit son filet ;

Le lutin reluit dans le feu follet

Comme un pistil d'or dans une tulipe.

 

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,

Maître Yvon soufflait dans son biniou.

 

On voit sur la mer des chasse-marées ;

Le naufrage guette un mât frissonnant ;

Le vent dit : demain ! l'eau dit : maintenant !

Les voix qu'on entend sont désespérées.

 

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,

Maître Yvon soufflait dans son biniou.

 

Le coche qui va d'Avranche à Fougère

Fait claquer son fouet comme un vif éclair ;

Voici le moment où flottent dans l'air

Tous ces bruits confus que l'ombre exagère.

 

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,

Maître Yvon soufflait dans son biniou.

 

Dans les bois profonds brillent des flambées ;

Un vieux cimetière est sur le sommet ;

Où Dieu trouve-t-il tout ce noir qu'il met

Dans les coeurs brisés et les nuits tombées ?

 

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,

Maître Yvon soufflait dans son biniou.

 

Des flaques d'argent tremblent sur les sables ;

L'orfraie est au bord des talus crayeux ;

Le pâtre, à travers le vent, suit des yeux

Le vol monstrueux et vague des diables.

 

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,

Maître Yvon soufflait dans son biniou.

 

Un panache gris sort des cheminées ;

Le bûcheron passe avec son fardeau ;

On entend, parmi le bruit des cours d'eau,

Des frémissements de branches traînées.

 

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,

Maître Yvon soufflait dans son biniou.

 

La faim fait rêver les grands loups moroses ;

La rivière court, le nuage fuit ;

Derrière la vitre où la lampe luit,

Les petits enfants ont des têtes roses.

 

Je ne sais plus quand, je ne sais plus où,

Maître Yvon soufflait dans son biniou.

Victor Hugo, L'art d'être grand-père, première édition 1876

écrite en 1859  et prévue pour  Chansons des rues et des bois

 

 Début I

 Suite III

 

 

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commentaires

P
<br /> <br /> Merci, Jeanne. C'est effectivement appréciable. Et ma cadette aime beaucoup Victor Hugo...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Elle chosit bien ses auteurs !<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> C'est très beau...Je n'ai jamais lu "L'art d'être grand-père". Merci pour cette découverte, Jeanne.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> le livre existe en format poche pour pas très cher et le papier et la typographie en font une lecture lisible et agréable.<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> <br /> Salut à toi Jeanne. Voici un témoignage du génie multiple de Victor Hugo.     Bonne journée.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Un homme d'une sacrée trempe ! qui retiendra-t-on pour représenter le siècle suivant ! Quant à celui qui fait déjà ses dix ans bientôt ...<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> j'aime beaucoup celui ci<br /> <br /> <br /> bisous<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> C'est le plus léger des quatre, autant qu'un poème de Victor Hugo puisse être léger !<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> bon ne rit pas de mon inculture mais le pire serait de ne stupidement pas posé la question qui me tarabuste :-)) la "buyère" le domaine ou la plante ou peut être aucun des deux?<br /> <br /> <br /> bisous<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Pas besoin de culture, rassure-toi : c'est une bruyère qui manque d'R. et elle pousse un peu partout à l'état sauvage. Merci de ton com. J'ai réparé ma coquille.<br /> Bises<br /> <br /> <br /> <br />

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