~ Billet 304 ~
Des mots de tête pour Brunô qui ménagent nos neurones en cette semaine où beaucoup de Croqueurs de mots sont occupés à d'autres tâches plus festives.
Je n'ai pas attendu qu'il fasse froid pour m'insurger contre le mal logement. Encore vaut-il mieux un abri même de fortune à pas d'abri du tout. Sur le sujet, j'avais l'embarras du choix.
Je vous propose une partie du billet fait en mai 2009 pour le Thème de la semaine de Dana, repris à l'automne par Lajemy publié sous le titre Je voulais faire silence ...
Je voulais faire silence sur cette jolie conquête moderne que je constatais semaine après semaine sur un chemin de retour.
Pour protéger ce besoin de tranquillité loin du tapage médiatique.
Entre bretelle d'autoroute et talus, à l'abri du béton du tablier du pont, j'avais vu pousser la cabane, non pas planche après planche, j'y passais trop peu souvent pour cette observation, proprette, simple mais pleine de charme. J'y avais même vu quelques fleurs. Rêve ? Réalité d'un lieu qui s'apprivoise ?
Etait-ce comme on dit maintenant de ce mot trop snob et galvaudé "un objet d'art conceptuel "?
La circulation dense et lente me laissait souvent le loisir de l'apercevoir progresser en un nid de moins en moins frustre pour abriter peut-être une ou plusieurs personnes qui ne demandaient rien d'autre qu'à se protéger des intempéries. Même pas en silence sûrement, vu le lieu. Au dessous des vrombissements de ces engins rugissants.
C'est trop tard, ce désir de discrétion n'a pas été respecté !
Mercredi, la vitesse et les péripéties accaparaient mon attention sur la chaussée et ses monstres à roulettes. Je n'aurais pas vu ....
Ce jour-là, exceptionnellement, j'avais un passager dans ma voiture. Elle, (ma voiture), ce n'est pas un monstre, seulement un objet de déplacement utilitaire bien pratique.
Lui, (mon passager), n'a pas de voiture, ni le permis de conduire, ni jamais assez de sous pour obtenir l'un et l'autre.
J'ai entendu mon passager s'exclamer :
« Ben, ça a drôlement brûlé sous le pont. Tout est cramé. »
C'était la première fois qu'il empruntait ce chemin avec moi et sûr qu'il aurait su ce qui avait brûlé s'il avait vu comme moi cette pimpante maisonnette de conte de fées.
Y avait-il des habitants ? Qui étaient-ils ? Sont-ils saufs ? Vont-ils pouvoir reconstruire autre chose en un ailleurs qui les chasse toujours et encore de partout ?
Sûr qu'il sera fait silence sur leur disparition. Ces nomades à peine tolérés, toujours harcelés, souvent méprisés.
Sûr qu'on a encore bien des progrès à faire dans l'apprentissage de notre humanité !
Jeanne Fadosi, samedi 16 mai 2009
Leur cabane devenue cendres,
Ils errent sans fin.
Jeanne Fadosi, le jeudi 17 septembre 2009
Ce haïku en est la suite, publié dans une cabane m'avait fait rêver; L'image vous conduit au billet.
J'aurais aussi bien pu choisir celui fait pour les Parchemins de Bigornette au début de mars : Lou et lu ... ou Lu et Lou ... ou encore mon poème Corolles écarlates publié dans Solidarité ou charité business ? en novembre 2008.