Le jeudi en poésie des CROQUEURS DE MOTS sous le commandement de l'Amirale Hauteclaire est dédié aux légendes sur terre pour la deuxième semaine du défi n°52.
Comme vous le lirez, dans ce poème, la terre n'est pas loin de la mer.
Deux versions d'une même oeuvre ... J'ai mis l'original en ligne ICI.
Mais quand un poème de cette qualité est traduit par un autre poète de la qualité de Gérard de Nerval, en voici le résultat.
Il était un roi de Thulé
À qui son amante fidèle
Légua, comme souvenir d’elle,
Une coupe d’or ciselé.
C’était un trésor plein de charmes
Où son amour se conservait :
À chaque fois qu’il y buvait
Ses yeux se remplissaient de larmes.
Voyant ses derniers jours venir,
Il divisa son héritage
Mais il excepta du partage
La coupe, son cher souvenir.
Il fit à la table royale
Asseoir les barons dans sa tour ;
Debout et rangée alentour,
Brillait sa noblesse loyale.
Sous le balcon grondait la mer.
Le vieux roi se lève en silence,
Il boit, — frissonne, et sa main lance
La coupe d’or au flot amer !
Il la vit tourner dans l’eau noire,
La vague en s’ouvrant fit un pli,
Le roi pencha son front pâli…
Jamais on ne le vit plus boire.
Gérard de Nerval, poèmes divers, 1827,
traduction de Der König in Thule, de Goethe
voir l'article Der König in Thule - wikipedia
ainsi que celui sur Thulé (mythologie)
Vous pouvez aussi en écouter la ballade du roi de Thule, dans l'adaptation de Gounod, chantée par Conchita Supervia en 1931 ICI sur le blog musical de Colinearcenciel