~ Billet 376 ~
lundi 8 mars où deux événements se rencontrent :
La journée de la femme, dont les historiens et les mouvements se disputent l'origine.
Disons pour faire large que cette idée puise ses sources dans les mouvements ouvriers qui eux-même ont forgé progressivement une conscience féministe, vers une revendication d'existence et de droits égaux, avec et à côté des hommes, bien loin de ces descriptions caricaturales, sans doute lancées par les opposants à ces mouvements pour les discréditer et diviser les mouvements populaires (au sens noble et non populistes) les accusant de lutte des femmes contre l'autre genre. Si les résistances rencontrées obligent à lutter contre elles, si comme dans tous les mouvements de changements ou de conservatisme, il a existé des positions radicales voire fanatiques, à condamner, je rappelle comme je l'ai déjà dit, que la lutte des femmes pour le droit à l'existence pleine et entière en tant qu'être humain n'est pas une lutte contre, mais une lutte avec, pour l'émancipation de tout le genre humain.
Le lancement du Printemps de poètes, du 8 mars au 21 mars, déjà douzième du nom et auquel je souhaite de nombreuses renaissances au fil des années à venir.
Sans doute est-ce la coïncidence du calendrier qui a soufflé aux organisateurs le thème de ce nouveau printemps des poètes :
Couleur femme
Alors, pour fêter à ma manière le début de ces deux semaines de fête de la poésie, permettez-moi de citer quelques lignes de Maya Angelou*, Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage, 1969, traduit par Christiane Besse
"[...] elle épousseta la table et prit un petit livre épais dans la bibliothèque. J'avais lu Un conte de deux villes et le jugeais à la hauteur de mes exigences en tant que roman sentimental. Mme Flowers** l'ouvrit à la première page et, pour la première fois de ma vie, j'entendis de la poésie.
-- C'était la meilleure et la pire des époques ...
Sa voix se glissait dans chaque mot, le contournait, l'explorait. Elle chantait presque. J'aurais voulu regarder les pages. Etaient-ce les mêmes que j'avais lues ? Ou y avait-il des notes de musique sur des portées comme dans un livre de cantiques ? Les sons commencèrent doucement à se déverser en cascade. Je sus, pour avoir entendu des milliers de prédicateurs, qu'elle arrivait au bout de sa lecture, et, je n'avais pas vraiment entendu, pas entendu au point de comprendre le moindre mot.
-- Ca te plait ?
L'idée m'effleura qu'elle attendait une réponse. J'avais encore sur la langue le goût sucré de la vanille et dans les oreilles sa merveilleuse lecture. Je devais parler.
-- Oui, madame, dis-je.
C'était le moins que je pouvais faire, mais c'était aussi le plus.
-- Une chose encore. Prends ce livre de poèmes et apprends-en un par coeur pour moi. La prochaine fois que tu viendras me voir, je veux que tu me le récites.
J'ai souvent essayé de retrouver, derrière la sophistication de l'âge, l'enchantement que je découvris si facilement dans ces cadeaux. L'essence m'en échappe, mais son odeur demeure. Être admise, non, invitée dans l'intimité d'étrangers et partager leurs joies et leurs craintes revenait à échanger l'aigre armoise du Sud contre une coupe d'hydromel avec Beowulf ou une tasse de thé chaud avec Oliver Twist. [...]"
Maya Angelou, Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage***,
Livre de poche, édition 2009, pages 124-125.
*Ce livre est la biographie sans complaisance de son enfance et de ses débuts d'écrivaine et de militante dans l'Amérique des années 1960.
**Flowers signifie Fleurs au pluriel. comme mes deux Fleur ?
*** Le titre anglais (américain) est I know why the caged birds sing (Je sais pourquoi chantent les oiseaux en cage)
Le signet en soie qui dépasse du livre est l'oeuvre des talentueuses artistes du Pied d'alouette à Saint Martin de Ré, une autre manière de faire de la poésie avec des pinceaux et de la soie.
Vous trouverez les liens pour la Journée de la femme (intialement (journée internationale deS femmeS) et pour le printemps des Poètes au billet Le crieur prévoit pour le printemps (1) : mars.