Mes pas à la recherche d'un univers en poésie m'ont conduit vers la Voie lactée.
Le poème de Guillaume Apollinaire La chanson du mal aimé, en est l'une des plus puissantes et complexes évocations.
Vraiment ?
Que de possibilités de chemins de mots à illustrer avec la lettre V
Voulez-vous venir avec moi ? Vivre est-ce quitter son voisinage et partir en voyage ?
Il suffirait de soulever le voile, pour mettre à nu, selon, le vice comme la vertu. Qui en est le vainqueur et qui le vaincu ?
La veuve derrière sa voilette ? la nonne juste avant ses voeux ?
Pourquoi tant de vindicte, populaire ou pas, vengeresse ou vaguement panurge ?
Que de vies vivement rompues par la haine vaine. que de volontés agenouillées vainement et provisoirement vaincues !
J'aurais volontiers mêlé ma voix à la trille des oiseaux dans la verdure des prés plutôt que dans les volières des villes sans risquer de vous vriller les tympans comme le font le vrombissement des voitures automobiles.
J'irais soulager ma vessie dans les vespasiennes en voie de disparition.
Je me rêve nageant vigoureusement au milieu des vagues et des voiliers voguant au gré du vent sur le vaste océan, par delà l'horizon.
vers quoi vers où ?
Ma quête vers l'univers m'a guidé vers la voie lactée, celle du poème de Guillaume Apollinaire.
Voie lactée. D'où vient-elle, cette expression ? qui désigne une partie de notre galaxie telle le chemin de notre première nourriture ?
[Voie lactée ... deuxième évocation dans la Chanson du Mal aimé*]
Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses
Regret des yeux de la putain
Et belle comme une panthère
Amour vos baisers florentins
Avaient une saveur amère
Qui a rebuté nos destins
Ses regards laissaient une traîne
D'étoiles dans les soirs tremblants
Dans ses yeux nageaient les sirènes
Et nos baisers mordus sanglants
Faisaient pleurer nos fées marraines
Mais en vérité je l'attends
Avec mon coeur avec mon âme
Et sur le pont des Reviens-t'en
Si jamais reviens cette femme
Je lui dirai Je suis content
Mon coeur et ma tête se vident
Tout le ciel s'écoule par eux
O mes tonneaux des Danaïdes
Comment faire pour être heureux
Comme un petit enfant candide
Je ne veux jamais l'oublier
Ma colombe ma blanche rade
O marguerite exfoliée
Mon île au loin ma Désirade
Ma rose mon giroflier
Les satyres et les pyraustes
Les égypans les feux follets
Et les destins damnés ou faustes
La corde au cou comme à Calais
Sur ma douleur quel holocauste
Douleur qui doubles les destins
La licorne et le capricorne
Mon âme et mon corps incertains
Te fuient ô bûcher divin qu'ornent
Des astres des fleurs du matin
Malheur dieu pâle aux yeux d'ivoire
Tes prêtres fous t'ont-ils paré
Tes victimes en robe noire
Ont-elles vainement pleuré
Malheur dieu qu'il ne faut pas croire
Et toi qui me suis en rampant
Dieu de mes dieux morts en automne
Tu mesures combien d’empans
J'ai droit que la terre me donne
O mon ombre ô mon vieux serpent
Au soleil parce que tu l'aimes
Je t'ai mené souviens-t'en bien
Ténébreuse épouse que j'aime
Tu es à moi en n'étant rien
O mon ombre en deuil de moi-même
L'hiver est mort tout enneigé
On a brûlé les ruches blanches
Dans les jardins et les vergers
Les oiseaux chantent sur les branches
Le printemps clair l'Avril léger
Mort d'immortels argyraspides
La neige aux boucliers d'argent
Fuit les dendrophores livides
Du printemps cher aux pauvres gens
Qui ressourient les yeux humides
Mais moi j'ai le coeur aussi gros
Qu'un cul de dame damascène
O mon amour je t'aimais trop
Et maintenant j'ai trop de peine
Les sept épées hors du fourreau
Sept épées de mélancolie
Sans morfil ô claires douleurs
Sont dans mon coeur et la folie
Veux raisonner pour mon malheur
Comment voulez-vous que j'oublie
Guillaume Apollinaire**, La Chanson du Mal aimé, 1903, Alcools, poèmes 1898 - 1913
* voir la première évocation à la fin du poème introductif de La chanson du Mal aimé
et la troisième évocation qui termine ce long poème épique.
**Guillaume Apollinaire, 1880 - 1918 (article de wikipedia)
voir aussi son site officiel
(voie lactée, cliché trouvé sur Internet)