Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 08:40

 

Mes pas à la recherche d'un univers en poésie m'ont conduit vers la Voie lactée. 

Le poème de Guillaume Apollinaire La chanson du mal aimé, en est l'une des plus puissantes et complexes évocations.

Vraiment ?

Que de possibilités de chemins de mots à illustrer avec la lettre V

Voulez-vous venir avec moi ? Vivre est-ce quitter son voisinage et partir en voyage ?

Il suffirait de soulever le voile, pour mettre à nu, selon, le vice comme la vertu. Qui en est le vainqueur et qui le vaincu ?

La veuve derrière sa voilette ? la nonne juste avant ses voeux ?

Pourquoi tant de vindicte, populaire ou pas, vengeresse ou vaguement panurge ?

Que de vies vivement rompues par la haine vaine. que de volontés agenouillées vainement et provisoirement vaincues !

J'aurais volontiers mêlé ma voix à la trille des oiseaux dans la verdure des prés plutôt que dans les volières des villes sans risquer de vous vriller les tympans comme le font le vrombissement des voitures automobiles.

J'irais soulager ma vessie dans les vespasiennes en voie de disparition.

Je me rêve nageant vigoureusement au milieu des vagues et des voiliers voguant au gré du vent sur le vaste océan, par delà l'horizon.

vers quoi vers où ?

 

Ma quête vers l'univers m'a guidé vers la voie lactée, celle du poème de Guillaume Apollinaire.

Voie lactée. D'où vient-elle, cette expression ? qui désigne une partie de notre galaxie telle le chemin de notre première nourriture ?

 

 

[Voie lactée ... deuxième évocation dans la Chanson du Mal aimé*]

 

Voie lactée ô soeur lumineuse

Des blancs ruisseaux de Chanaan

Et des corps blancs des amoureuses

Nageurs morts suivrons nous d'ahan

Ton cours vers d'autres nébuleuses

 

Regret des yeux de la putain

Et belle comme une panthère

Amour vos baisers florentins

Avaient une saveur amère

Qui a rebuté nos destins

 

Ses regards laissaient une traîne

D'étoiles dans les soirs tremblants

Dans ses yeux nageaient les sirènes

Et nos baisers mordus sanglants

Faisaient pleurer nos fées marraines

 

Mais en vérité je l'attends

Avec mon coeur avec mon âme

Et sur le pont des Reviens-t'en

Si jamais reviens cette femme

Je lui dirai Je suis content

 

Mon coeur et ma tête se vident

Tout le ciel s'écoule par eux

O mes tonneaux des Danaïdes

Comment faire pour être heureux

Comme un petit enfant candide

 

Je ne veux jamais l'oublier

Ma colombe ma blanche rade

O marguerite exfoliée

Mon île au loin ma Désirade

Ma rose mon giroflier

 

Les satyres et les pyraustes

Les égypans les feux follets

Et les destins damnés ou faustes

La corde au cou comme à Calais

Sur ma douleur quel holocauste

 

Douleur qui doubles les destins

La licorne et le capricorne

Mon âme et mon corps incertains

Te fuient ô bûcher divin qu'ornent

Des astres des fleurs du matin

 

Malheur dieu pâle aux yeux d'ivoire

Tes prêtres fous t'ont-ils paré

Tes victimes en robe noire

Ont-elles vainement pleuré

Malheur dieu qu'il ne faut pas croire

 

Et toi qui me suis en rampant

Dieu de mes dieux morts en automne

Tu mesures combien d’empans

J'ai droit que la terre me donne

O mon ombre ô mon vieux serpent

 

Au soleil parce que tu l'aimes

Je t'ai mené souviens-t'en bien

Ténébreuse épouse que j'aime

Tu es à moi en n'étant rien

O mon ombre en deuil de moi-même

 

L'hiver est mort tout enneigé

On a brûlé les ruches blanches

Dans les jardins et les vergers

Les oiseaux chantent sur les branches

Le printemps clair l'Avril léger

 

Mort d'immortels argyraspides

La neige aux boucliers d'argent

Fuit les dendrophores livides

Du printemps cher aux pauvres gens

Qui ressourient les yeux humides

 

Mais moi j'ai le coeur aussi gros

Qu'un cul de dame damascène

O mon amour je t'aimais trop

Et maintenant j'ai trop de peine

Les sept épées hors du fourreau

 

Sept épées de mélancolie

Sans morfil ô claires douleurs

Sont dans mon coeur et la folie

Veux raisonner pour mon malheur

Comment voulez-vous que j'oublie

 

Guillaume Apollinaire**, La Chanson du Mal aimé, 1903, Alcools, poèmes 1898 - 1913

 

* voir la première évocation à la fin du poème introductif de La chanson du Mal aimé

et la troisième évocation qui termine ce long poème épique.

**Guillaume Apollinaire, 1880 - 1918 (article de wikipedia)

voir aussi son site officiel

voie-lactee-vision-artiste.jpg    

 

(voie lactée, cliché trouvé sur Internet)

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
<br /> ardu , franchement je n'ai pas tout compris, mais joli !<br />
Répondre
J
<br /> <br /> c'est vrai que le poème est difficile. c'est un extrait de la chanson du Mal aimé qui est un poème épique sur le modèle des grandes Chansons de geste du Moyen-Âge, mais avec la sensblité et<br /> l'érudition d'un jeune homme brillant de vingt ans qu a l'ambition de révolutionner la poésie comme les peintres l'ont fait avec la peinture<br /> <br /> <br /> <br />
Q
<br /> Je crois n'avoir jamais lu ce poème... et pourtant, j'aime bien Apollinaire. :)<br /> <br /> <br /> Merci pour la découverte... Bisous et douce journée.<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Il fait partie de La Chanson du Mal aimé. bises<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Un poème un peu difficile bien que la complainte amoureuse soit magnifique, précédé d'un beau texte vif et de ton cru!<br />
Répondre
J
<br /> <br /> difficile oui, La Chanson du Mal aimé a été écrit et ciselé par un jeune homme de 18 à 21 ans qui est dans la recherche. C'est lui aussi qui a donné un nom au calligramme.<br /> <br /> <br /> J'ai du mal à me représenter une société où l'élite intellectuelle tout au moins lisait encore en vers des histoires fort longues<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Joli poème merci. Bel après midi avec bises<br />
Répondre
J
<br /> <br /> en fait le titre en a été rajouté. Ces vers font partie de La Chanson du Mal aimé. Sa référence à la voie lactée revient trois fois, celle-ci en est la deuxième et je crois que je préfère encore<br /> la troisième, qui achève la Chanson<br /> <br /> <br /> bises<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Bonjour Jeanne, j'aime ton V à toi et celui de Guillaume...  Je pense aussi au V de la victoire que font les soldats vainqueurs.... Bon dimanche, jill<br />
Répondre
J
<br /> <br /> mais à quel prix cette victoire ...<br /> <br /> <br /> belle journée<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Fa Do Si
  • : Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
  • Contact

Sur les blogs, les jeux d'écriture témoignent de la vitalité

de la langue française sans tapage

Recherche

 

 Ephéméride de ce jour

 

et chaque jour

je n'oublie pas Anne-Sophie

les yeux dAnne-sophie

et ses compagnes d'infortune :

145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015 ; 123 en 2016 et en 2017 ; 121 au moins en 2018 ; 150 en 2019 (au moins 122 confirmés)

(clic sur son regard pour comprendre ... un peu)

 

Profitez des instants de la vie :

le temps s'écoule à sa cadence,

trop vite ou trop lentement,

sans retour possible

N'oubliez pas que

"Tous les matins du monde sont sans retour"

Métiers improbables

TheBookEdition - Les anthologies Ephémères

La 6ème anthologie est parue en mai

Informations sur 

 Les anthologies éphémères