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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 06:00

Si vous avez manqué le début ... ou simplement revoir l'épisode précédent

Pour ce 4ème extrait, il manque une 4ème lettre. A vous de la trouver ...    

 

Comme elle lui manque, Maria !

 

Maria ! chrétienne fervente, comme  souvent les filles de Castille, déchirée de la violence entre ses deux frères ennemis(1). Sa famille, dénoncée sous la torture de l'un, chassée des deux côtés de cette guerre civile. De son côté, sa mère à Josua avait refusé de coudre l'étoile de la honte sur leurs vêtements, et ils  échouèrent  vers Sète. Nouveau déménagement, nouvelle vie... Survie ?

 

Maria et les siens qui se sont enfuis vers le nord de la montagne. Cheminer en fugitifs, les huis clos, les refus.

Ses récits qui ne lui ont donné qu'une infime idée de ce qu'elle avait déjà dû vivre d'effrayant.

 

C'est sa mère qui les découvrit, en remontant du charbon de la cave, tout secoués de frissons dans l'angle d'un mur de l'immeuble, et les fit entrer chez eux.

 

Maria et Josua ...

 

"Nous étions jeunes gens, nous nous sommes tout de suite reconnus".

 

Jo, c'est le diminutif qu'elle enrobe de doux vocables, est juif car c'est mentionné sur sa carte d'identité. Il ne se sent singulier que maintenant qu'il subit concrètement les mesquineries, et les harcèlements dont ils sont l'objet. 

Comment seulement croire en Dieu qui tolère ces  horreurs aussi ignobles que folles ? Un jour les miliciens sont venus. Il les a vu de loin les emmener, sidéré, le journal serré contre son blouson  dissimulant l'étoile cousue la veille sur le revers sous la menace. En vain : la menace se faisait réalité sous ses yeux.

 

Deux minutes et des nouvelles à l'encre fraiches qui lui évitèrent la rafle mais en feraient à nouveau des fugitifs.

Il voulut courir, crier, Maria le retint.

 Eux, eux, sont-ils encore en vie ?

 

Lentement, le soir descend …  

 

 

à suivre ...

le-soir-descend.JPG 

(1) se rappeler une très belle chanson chantée en Français par Graeme Alwright, les deux frères qui sont dans les camps opposés pendant la guerre d'Espagne.

 

NB : La suite s'inscrit dans la consigne du défi n°61 sur le thème du voyage.

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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 15:30

Pour rester dans l'esprit du défi n°60 dont le texte ne devait pas comprendre la lettre E, la suite a été écrite sans la lettre T.

Après un Et, suit toujours un espace. Ce caractère est diffcile à introduire comme consigne d'absence, même si le caractère "espace" n'est apparu que tardivement dans les manuscrits occidentaux.

Alors, j'enchaine directement sur l'absence d'une nouvelle lettre, l'ensemble de ma petite nouvelle, si j'arrive au bout, formera une expression que je commenterai le moment venu.

 

Pour l'instant, revenons à notre fugitif (ma consigne s'applique à partir du paragraphe suivant).

 

Ils ont cheminé nuit et jour selon un rythme soutenu et ils découvrent enfin le dessin inoffensif vu d'ici de ce qui est une énorme difficulté.

 

Ils déboulent du bois comme des loups vers un festin et se réfugient en quelques minutes entre les ruines d'une vieille tour. Les heures qui vont suivre sembleront des siècles. Ils ne peuvent rien entreprendre, juste observerr le long fleuve qui scintille, si proche, et grignoter quelque quignon. Dormir un peu, s'ils le peuvent. L'un d'entre eux guette toujours.

 

L'obscurité doit être complète et, si tout est bien synchronisé, ils ont peu de temps entre les rondes de police.

 

- Pourvu que les heures restent les mêmes !

- Ces idiots sont donc réglés comme des métronomes ?

- Non ! rien n'est simple. Comment crois-tu donc que nous soyions ici ? Que nous cheminions seuls sur tous ces kilomètres ? S'ils nous surprennent, ils sont bien obligés de nous contrôler. Et pour l'éviter, ils ...

- ils quoi ?

- Eh bien, ils ... font peu de zèle !

- Tous ?

- Bien sûr que non ! Plus qu'on ne le croit, souvent.

- Et ceux qui font du zèle ?

- ... se méfier de tous, c'est dur !

 

Pour occuper ce temps vide, pour contrôler cette peur sournoise, il se souvient d'elle, qui est restée près des moutons, des ridules de ses yeux rieurs, de son odeur si douce, de ses gestes précis et généreux. Elle qui semble si présente en dépit de l'éloignement.

        à suivre ...

vieille-tour.jpg

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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 06:00

Certains d'entre vous m'ont demandé une suite, alors pourquoi pas ...

Ce n'est pas une fin. J'ai utilisé le E, trop utile à notre langue. Mais pour rester dans le principe d'une disparition alphabétique, il en manque une autre, presqu'aussi usitée. La devinerez-vous ?

 

Début ...

 

Maria frissonna au son lugubre de la grille du parc. Un agneau, dérangé, bêla. Puis à nouveau le silence.

 

Elle regarda avec envie les draps froissés. Mais non, elle décida de ne pas se recoucher. Impossible de songer à se rendormir.

 

Elle se résigne à penser qu'il a choisi une filière fiable. Bien obligé de faire confiance au passeur qui va guider son Josua. On murmure que pour l'un ou plusieurs, le rêve s'achève en fumées nauséabondes.

 

Pas rien, la somme qu'il a fallu réunir pour se nourrir, impossible sans passer par le marché noir, se loger, car le chemin prendra plusieurs jours. Payer le silence aussi, cher ! Rien ne se donne, même l'aide, même sincère !

 

Franchir les Alpes sera difficile, mais Josua a une belle expérience des longues courses sur les chemins escarpés. Le plus risqué sera de franchir le Rhône sans croiser de képis, gardes ou gendarmes, ni même des garçons curieux ou des vieille femmes bavardes, se cacher sans se faire repérer dans les wagons abandonnés sur les voies de garage, se moucher le nez en silence ...

 

Quand il arrivera en Suisse, ... pouvu qu'il y arrive sans encombres, il sera accueilli par un réseau organisé. Là-bas, il pourra se loger dans une bergerie pour seconder un vieux berger.

 

Alors Maria descendra au village pour faire le pein de courses, sans rien changer de ses manières. Elle y va une ou deux fois par mois, pas plus.

 

Alors Maria pourra prendre, elle aussi, son bagage et ira le rejoindre dans un ailleurs aux aubes lumineuses*.

 

Alors Maria fera grincer la grille du parc une dernière fois.

 

Nul ne se souciera de son absence, du moins les premières semaines ...

 

Jeanne Fadosi, 27 juillet 2011

A suivre ...

* superbe découverte chez une libellule aux douces confidences

Mont Blanc depuis aiguille du Midi 1998 - reduc1

.

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 06:00

lettre E barré

 

Introduction :

C'est Julien, alias Commios, qui prend la barre de ce défi n°60 des CROQUEURS DE MOTS avec l'invitation, sur les traces de Georges Pérec, d'écrire un texte d'au moins cinquante mots sans utiliser la lettre e.

 

Il passa la main sur son corps alangui, y posa un doux bisou, aspira son parfum. Maria paraissait dormir si fort !

 

Soupir !

 

Il glissa sans bruit hors du lit, prit un bain succinct dans un tub. Il passa son pantalon noir, un pull au gris indistinct, son blouson à capuchon, attrapa son sac à dos où il y mit tout l'attirail du montagnard (pics, cordons, gants, chaussons, crampons ...).

 

- Voici ! Bois au moins ça avant. 

 

Maria touillait du chocolat dans du lait fumant. Il lui sourit sans un mot, avala aussi trois toasts croustillants.

 

- Salut, à jamais ou à toujours. 

 

Quand il sortit dans la nuit, l'air glacial gifla son cou nu ; il rabattit son col pour gravir un flanc tout blanc, glissant.

 

Il n'avait jamais su partir sans fracas, mais pourquoi fuir, toujours, quand tout paraissait doux. Maria son roc...

Aujourd'hui, il savait qu'il n'y aurait aucun futur ici. Au loin, un train stria l'air d'un angoissant tchou-tchou : il avait compris, sans savoir pourtant, qu'il n'y aurait aucun survivant.

 

Maria tairait sa disparition. Nul n'avait surpris Josua autour du buron si loin du bourg. Il disposait donc d'au moins cinq jours pour franchir vingt cols. Au loin, un pays voisin où il pourrait s'accomplir, il y croyait. Maria irait plus tard.

 

Il parvint au cabanon avant son compagnon. Sur un banc, trainait trois haricots qu'il glissa au fond du sac. Puis il fit un souhait.

A suivre ...

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 15:00

Souvenirs d'été, souvenirs d'enfance : 2 Départ pour ma première colonie de vacances

 

Début

 

je l'ai promis aux CROQUEURS DE MOTS ; voilà une suite ...

 

C'est l'effervescence des moments décisifs sur le quai de la gare.

 

Cette première expérience, il y a tant de jours que j'en rêve. Mes frères et soeurs ont su,  par leurs récits, m'éblouir de leurs aventures et susciter mon attente. J'ai même hâte d'arriver à l'âge des camps d'adolescents et des caravanes itinérantes. Mais je n'en suis pas encore là.

 

Ce jour, j'ai eu le privilège, pour emmener le trousseau de linge soigneusement marqué avec des étiquettes de tissu Boussac à mon nom, d'utiliser un de ces baluchons ramenés de leurs séjours précédents.

En toile blanche, il me semble immense, ce sac de voyage, pour ma carrure de môme crevette, à mi-chemin entre le polochon et le barda du marin.

 

Ce sac est un sésame qui me propulse dans ce monde étranger des colons au rang d'initiée. Situation bancale en vérité, qui m'a épargné les tout premiers rites de bizutage tout en me demandant d'apprendre à nager directement dans le grand bain.

Ce voyage, même si ce n'était pas la première fois que je prenais le train sans doute, reste flou dans mon souvenir. Seules affleurent des impressions, des sons et des odeurs ...

 

Comment raconter l'odeur des machines à vapeur, de la poussière de charbon et des escarbilles ... Le murmure des conversations sur le quai, les enfants figés de l'attente, l'immense et curieuse construction chargée de ravitailler la locomotive en eau et en carburant.

 

Il faudrait plusieurs années encore pour voir remplacer ces imposantes locomotives, du type Pacific 24... par des automotrices plus modernes ... sans pour autant voir arriver l'électrification longtemps promise.

 

Les quelques arrêts en gare de l'express étaient autant de haltes techniques, ce qui laissait du temps à nos joyeuses troupes pour grimper dans les voitures réservées par la CCAS de l'EDF*. Plus tard, l'annonce des trois minutes d'arrêt alimenterait ma terreur de ne pas avoir le temps de monter dans le train et plus encore d'en descendre à l'arrivée. Pour le moment, nous avions encore tout notre temps.

 

Aucun risque non plus d'effrayer d'autres voyageurs par notre turbulence toute relative, car nous étions entre nous. Les convoyeurs, nous les connaissions, car c'était des personnes de l'EDF engagés dans le comité d'entreprise ou leurs conjoints. Les autres enfants, nous nous étions également croisés à l'occasion des arbres de noël ou de la distribution des cadeaux d'entrprise pour les fêtes des mères.

 

Le trajet faisait encore à peu près deux heures trente mais il ne m'avait pas paru long. Nous avions visité l'un après l'autre les compartiments pour en détailler ces photos en noir et blanc montrant les principales attractions des destinations ferroviaires touristiques. Pas question cependant d'aller dans d'autres wagons  qui ne communiquaient pas encore entre eux. Seuls les contrôleurs avaient le privilège, légèrement acrobatique, de franchir les attaches aimantées au dessus des rails.

 

A Paris, une flotille de cars nous attendaient pour nous conduire à la Porte de versailles où un vaste hangar était aménagé pour servir de plateforme d'accueil et d'aiguillage de tous les colons qui partaient ou revenaient de colonie et dont le plus grand nombre devaient transiter par la capitale.

 

Sous la voûte de cette immense coupole, avec au coeur une pointe de timidité craintive mêlée d'émerveillement, j'ai le sentiment d'entrer dans le jardin des merveilles d'Alice ...

 

A suivre ...

 

gare-de-laigle.JPG

Imaginez cette place, telle qu'en mon souvenir, avec toutes les autos des années cinquante des parents qui ont amené leurs rejetons jusqu'à la gare.

Un clic sur l'image pour retrouver le site où j'ai emprunté cet exemplaire numérisé, parmi les nombreuses cartes postales envoyées par des voyageurs.

 

* A cette époque d'enthousiasme pour le progrès économique et social, la CCAS était, avec certes les moyens financiers d'une grande entreprise publique nationale, un véritable laboratoire de l'éducation populaire et du temps libre, une ruche effervescente d'activité solidaire et d'engagement mutuel.

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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 06:00

Souvenirs d'été, souvenirs d'enfance : 1 première séparation

 

En ce défi n°59, Jill Bill a mission de piloter les coques de noix des CROQUEURS DE MOTS sur la route de nos plus beaux souvenirs d'enfance de vacances d'été.

 

Mais comme je le lui indiquais en commentaire :

 

"Tu nous fais faire une cure d'enfance alors et il va falloir en privilégier un au détriment de tous les autres ..."

auquel Jill Bill a répondu :

"Mais tu peux très bien en décrire plusieurs ... pourquoi pas ?"

 

Sous-entendu, choix difficile pour ma tête emplie de ces souvenirs précieux, indélébiles et  bien plus précis ... pour ces quelques dix à quinze années lointaines, que toutes les années d'adulte, une bonne quarantaine, qui ont suivi.

 

Les bons, et les moins bons, c'est vrai, comme ce dépit, malgré la gentillesse de ma tante et de mon oncle, quand mes parents, que je suivais partout, sont allés sans moi, pour la première fois, au mariage d'un cousin auquel je n'étais pas invitée.

Ce n'était pas à mon intention spécifique mais dans les familles élargies très nombreuses, il faut bien à un moment donné mettre une limite. Pourquoi moi et pas mes frères et soeurs ainés (nous étions 7) et pour les plus âgés, leurs époux et leurs enfants, sans compter qu'il y avait d'autres cousins ...

 

Avec le recul, je me dis que mes parents avaient, pour la première fois de leur vie commune peut-être, l'occasion de faire un voyage rien que pour eux deux.

 

Peut-être pensaient-ils aussi, à juste titre, qu'il me serait plus facile d'apprécier mon prochain premier séjour en colonie de vacances. Mes colonies de vacances seraient ensuite une mine inépuisables de bons souvenirs.

Mais que j'étais chagrine d'être laissée hors de ces réjouissances ! 

 

Alors, au coeur solitaire de la nuit, pour me consoler de cette première séparation, dans la molle chaleur du lit de plume, après des journées gaiement remplies, je faisais défiler les souvenirs en cherchant à oublier les descentes de lit en peau de bête dont l'une des têtes ressemblait fort à un loup, et les ponctuations des heures sans sommeil par l'horloge de la cuisine et le coucou de la salle à manger. Elles étaient réglées exprès avec un léger décalage. Imaginez le bruit du temps vers les onze heures et les minuit !

 

J'égrenais les surprises des journées à la campagne rythmées par l'observation des tâches villageoises, comme le jour de lessive au lavoir. Mon souvenir récurrent à l'époque était celui de l'anniversaire de l'année d'avant.

 

Le sommeil me cueillait enfin et me transportait déjà au lendemain où dès sept heures du matin, la voix de la Marie du moulin me réveillerait inévitablement :

" Qu'e'q c'est-y qui dit l'baromètre pour C'tantôt ?"

Je me rendormirais une bonne heure ou plus, maudissant cette voix trop matinale que les "chut" de mon oncle ne calmait pas, en pensant aux appétissantes gelées de groseille et de framboise et au lait tout chaud encore, que la brave fermière venait de porter juste après la traite.

 

voyage putanges 030

 

A suivre ...

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4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 06:00

Réédition du ~ Billet 191 ~ à l'occasion de l'été 2011 (première édition 6 septembre 2009)

Pour les mots de tête n°1 de Brunô pour sa nouvelle communauté Croqueurs de mots.



Zéro ! Nulle idée, nulle sève,
Pourtant une tête et du rêve,
Et deux pieds pour l'ancrage au sol.
Trois dimensions pour s'épanouir
Quatre directions où partir
Cinq sens qui font sentir le monde
Six frontières à l'hexagone.
Sept figures pour le silence,
Huit notes pour la mélodie,
Neuf muses pour l'inspiration,
Dix sages pour la contenir.
                   Jeanne Fadosi, le dimanche 6 septembre 2009

Le titre du billet fait juste un petit clin d'oeil à cette grande dame qu'est Stella Baruk, au risque assumé de dérouter plus d'un pédagogue, mais dans l'espoir que certains chercheront à comprendre pourquoi la compréhension des nombres et de la mathématique ne va pas forcément de soi.

agecapitaine - reduc1

Stella Baruk
L'âge du capitaine
Editions du Seuil, points Sciences, 1992
en couverture, photo Robert Doisneau, archives Rapho

.

copié collé ici du commentaire déposé sur le petit billet signalant l'emplacement de la première édition que je supprime car c'est sans intérêt et qui aurait plutôt dû se trouver sous celui-ci

 

Ah, le premier défi des croqueurs !!!!!

Cela me rend un brin nostalgique !!!!

J'aimais bien ce temps où nous n'étions pas très nombreux dans cette communauté, cela permettais de pouvoir rendre visite à chacun.

 

Il s'y cache de beau talent quand même !!!

 

Gros bisous Jeanne

Commentaire n°1 posté par harmonie37 le 02/07/2011 à 23h31

Oui mais foin de nostalgie, l'inspiration et les talents prospèrent. C'est tant mieux, même si c'est un peu frustarant de passer à côté de beaucoup faute de temps.

Je t'embrasse

 

Réponse de Jeanne Fadosi le 13/07/2011 à 18h18

 


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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 06:00

m'annette à la barre de la coquille des CROQUEURS DE MOTS, pour le défi n°58, nous invite à continuer des papotages de partout commençant par :

 

Assises sur le pas de la porte, Françoise demande à Marie :

- Alors, ce week-end à Paris ? Ca s'est bien passé ?

 

Cela faisait bien vingt fois qu'on lui posait ce genre de question depuis son retour au bahut, mais posée de cette manière et venant de la perfide Françoise, il ne pouvait y avoir que de la malice. En effet, Leur prof principal arrivait et elle avait parlé suffisamment haut pour s'en faire entendre.

 

Cela n'allait pas rendre facile l'explication de leur incroyable aller-retour jusqu'à la capitale !

 

Comme elle prenait le train pour rentrer le dimanche soir en compagnie d'un camarade habitant le même coin, les sous-entendus malicieux voire lourds avaient circulé dans toute la promo.

 

- Rebonjour, et bonjour Marie et ... Cela ne vous ressemble pas de faire l'école buissonnière ! Pourquoi n'étiez-vous pas arrivés pour la rentrée ? Tout va bien ?

 

Inutile de vous dire que les autres visages allaient du sourire à la franche hilarité, selon le degré de réserve ou de timidité.

 

Courageusement, c'est son camarade qui se tenait à côté de l'estrade pour donner l'explication.

 

- Vous allez avoir du mal à nous croire mais hier soir, la SNCF a renforcé les retours vers Paris et à la place de notre train habituel, nous n'avons pas fait attention qu'il s'agissait d'un train supplémentaire.

 

- Et ?

 

Jusque là, rien ne justifiait un retard d'une quinzaine d'heures.

 

- Quand nous avons vu notre station, le train a filé sans s'arrêter. Nous croyions qu'il allait s'arrêter à la gare suivante. Il s'y arrête toujours.

 

- Laissez-moi deviner : votre train est allé directement à Paris !

 

- Oui !

 

- Je vous crois, (yeux ronds de ce timide consciencieux). Et bien entendu, le dernier train pour la province était déjà parti !

 

- Evidemment !  Le train était bondé, nous n'étions pas les seuls à avoir été piégés par cet express transformé en rapide. Je ne sais pas comment le chef de train a transmis l'information mais un comité d'accueil nous attendait à la gare Montparnasse, avec un billet de retour, un panier repas, une lettre d'excuse de la direction de la SNCF envers ses usagers et ... une surprise.

Et puis on nous a dirigé vers un hôtel où nos chambres avaient été réservées.

 

Il était tard, il faudrait se lever tôt. Nous n'avions pas le temps ni l'envie de visiter Paris après ces émotions.

 

- Pas même une visite en haut de la tour la plus haute d'Europe* ?

 

Un grand sourire illumina le visage que les taches de rousseur rendaient encore enfantin.

 

- C'était cela la surprise ! Nous aurions écorné notre argent de poche de la semaine s'il l'avait fallu. Mais ceux d'entre nous qui le souhaitaient ont eu une invitation offerte par les Chemins de Fer. Hors horaires publics.

Et la nuit, de la haut,dans le ciel étoilé, la vue sur Paris était magique ...

 

Paris_Night.jpg

cliché de wikimedia commons, auteur, Benh lieu song : un clic sur l'image pour plus d'informations

 

* Je ne sais pas si la SNCF est allée jusqu'à offrir une visite du panorama de la Tour Montparnasse. Elle avait été inauguré peu de temps auparavant et c'était l'attraction nouvelle. Cette anecdote est vraie.

 

Je souris à la lecture des premiers commentaires qui ont la gentillesse de me rajeunir de quelques années. J'étais dans le rôle de la prof et pour être tout à fait honnête, je ne suis pas sûre que la SNCF soit allée jusqu'à leur offrir la visite en haut de la tour. Mais l'entreprise nationalisée a pris en charge ces naufragés et leur retour. C'était la moindre des choses il est vrai. Je me demande ce qui se passerait maintenant.

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 06:00

Sur la coquille des CROQUEURS DE MOTS, c'est nounedeb qui assiste l'amirale Tricôtine sur le thème de l'homophonie.

Pas de panique, hein, vous avez bien vu toutes les lettres, car il ne faudrait pas tomber dans l'homophonie approximative !

 

Le mot homophonie vient de deux mots grecs : homos, semblable et phônê, voix

 

Car elle s'inspire de l'émission de France Culture "les homophonies approximatives", nounedeb !

Pas de panique, elle a prévu le mode d'emploi du gilet de sauvetage ...

 

Nous écrivons une histoire commençant par "Le chameau était lancé ..." et se terminant par la phrase pratiquement homophonique de votre choix.

 

Car pour faire exactement homophonique, les solutions me semblent limitées encore que ...

 

Le chameau était lancé. Trois jours de désert et de bivouac avant d'arriver à l'oasis la plus proche. Mais qu'étaient-ils allés faire sur cette galère ? Ce qu'ils voulaient, c'était faire une croisière tranquille sur le Nil. Un grand voyage avant de tirer leur révérence du monde : Karnak, Louqsor, Thèbes, la Vallée des rois.

Et voilà que l'actualité s'invitait dans le feu et l'acier dans le Sinaï*. Plus question de naviguer. Il leur fallait regagner l'aéroport le plus proche qui rapatrierait ces touristes insouciants. Ils pourraient toujours raconter qu'il avait eu le mal de mer sur ce vaisseau du désert. Ah, oui, il portait bien son nom ce fier compagnon du bédouin.

Ils voyageaient aux heures encore fraiches et cuiraient au zénith du soleil, à peine protégés par le chapeau d'été gansé.

 

Voilà je peux m'arrêter là, n'est-ce pas, j'ai rempli mon contrat. ... à peu près.

 

Le cagnard perfide surchauffait la cervelle de sa femme qui sommolait, bercée par la démarche chaloupée de leur imposante monture. Dis, ma douce, regarde donc ces dunes, comme c'est beau, ne dors pas, c'est dommage !

 

Elle ouvrit un oeil légèrement hagard. Quoi ? Tu m'as parlé mon Trésor ? Tu sais bien que le chat, Mô, est élancé !  

 

* J'ai brodé sur une (més)aventure authentique qui est arrivée à des proches de mon parrain en octobre 1973    

 

 

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 06:00

Pour LES CROQUEURS DE MOTS, c'est Fanfan qui prend résolument la barre sous un ciel d'orage, pour le défi n°56. Même pas peur !

Elle nous convie à nous lancer dans le polar ...

 

Un soir d'orage, où le bruit du tonnerre se mêlait à un plastiquage, près de la maison de Dumè ...

 

Désolée Fanfan, je crains de ne pas avoir de disposition pour les polars aux nuits bleues : Rien que de me mettre à l'ouvrage, cela me fait une peur ... bleue.

 

De toutes façons, avec tout ce tintamarre, les deux tourtereaux sont partis avec toutes les casseroles (7) se gondolant derrière le parechoc dans l'indifférence générale. C'est malin, personne ne les a vu partir et Mémé qui ne répond pas. Il fait lourd, il a soif. le petit JB. Mémé, où es-tu Mémé (5)?

 

Elle est partie comme ça au milieu de la nuit, sans même emporter son parapluie.

 

Son parapluie qui ne la quitte jamais, même en Egypte où elle n'a jamais pu l'utiliser pendant ces quatre années de sécheresse ! C'était une autre époque !

 

La fille de Mémé s'est enfin mariée à Rogerly et même le petit G, a voulu chanter comme les grands

 

Il a entonné

 

- Ploum ploum ploum tagadagada ... (bis) pendant la cérémonie

 

déclenchant l'hilarité de paroissiens bien peu attentifs ... et l'ire de l'officiant.

 

Qu'est-ce qu'il faisait, son parapluie, dans le lit conjugal, (4) enfin presque, dans le lit qui devait être nuptial ? Elle voulait l'offrir aux jeunes mariés en guise de prospérité mais ils ne viendraient plus ici maintenant. Et Mémé qui s'était cachée dans leur coffre d'auto !

 

Heureusement que le chat avait été confié aux voisins (10) pendant les fêtes : Il aurait bien été capable de les suivre jusqu'au bout du monde !

 

JB se rendit à la cuisine. Il avait soif, quoi d'étonnant ! Le garde manger* (1) était encore resté ouvert et la bouteille avait disparu. A la place une délicate pantoufle de vair (2) qui le fit immédiatement penser à Cendrillon

 

Une Cendrillon qui n'aurait pas retrouvé un prince pas charmant. et qui aurait dû se débrouiller seule, avec les conséquences de ce qu'il convenait bien de nommer "un troussage de domestique"**.

 

Mémé avait assumé, la tête haute, avec l'aide de ceux qui s'étaient chargé de sa fille, quand il lui fallait bien gagner son pain.

Sa fille, vivait son statut beaucoup plus douloureusement et depuis le temps qu'elle s'occupait de lui après le décès de sa maman, il ne lui avait pas été possible d'aborder le sujet.

Elle était longtemps restée vieille fille comme on disait alors, mais tout le monde s'était réjoui de cet arrangement qui l'avait unie aujourd'hui à son ami d'enfance, à son papa.

 

Elle était sa marraine depuis toujours. Une marraine un peu fée, comme toutes les marraines. Depuis ce matin, elle était aussi devenue sa belle-mère ! depuis ce Oui échangé avec émotion et une infinie tendresse. Et pourtant ce fond de tristesse dans les yeux de la mariée.

 

Il sourit à cette idée. Comment rêver plus douce belle-mère, depuis le temps qu'elle prenait soin lui avec plein d'attention. Encore une différence de taille avec le conte.

 

Bien sûr, après la noce, toutes les bouteilles étaient vides. (6) Heureusement qu'il restait un peu cidre  dans le pichet car il ne se voyait pas aller tirer de l'eau à la pompe.

 

La pièce principale donnait directement sur la cour et il avait si peur que le grand-père (3) ne se soit invité. Il lui semblait bien sentir son corps lourd barrer la sortie sur le seuil.

 

Ah, il n'avait pas intérêt à se montrer celui-là ! Ce matin, le petit JB, en croisant le regard voilé de sa marraine, et en dépit du silence sur ce secret, s'était juré de savoir qui avait, de force, engendré celle qui allait consoler les jours de son père.

 

Il commencerait son enquête dès lundi (9) ! Qui a dit que c'était impossible ? (8)

 

* pardon Fanfan et les Croqueurs mais en ce temps-là, le frigidaire n'avait franchi l'atlantique que chez quelques foyers aisés.

 

** permettez-moi de prendre la défense de Jean-François Kahn, dont, connaissant par ailleurs son engagement pour la cause des femmes, j'ai du mal à penser qu'il ait prononcé cette expression avec une intention graveleuse. Je crois au contraire qu'il a trouvé l'expression juste et qu'il a mis le doigt sur une vérité qui dérange bien au-delà de cet épisode, car il ne s'agit pas seulement ici de  machisme dans ses excès les plus abjects, mais de machisme associé à la soumission largement considérée comme allant de soi, du serviteur ou de la servante au maitre.

Consignes :

L'histoire commence ainsi:

Un soir d'orage ,où le bruit du tonnerre se mêlait à un plastiquage  ,près  de la maison de Dumè , ....à vous de continuer

Voici les questions:

 

1- Pourquoi la porte du frigo est-elle ouverte ?

2 - Pourquoi y-a-t-il une chaussure à l'intérieur ?

3- Pourquoi le grand-père est-il couché dans l'entrée ?

4- Que fait le parapluie dans le lit conjugal ?

5- Où est passée la grand-mère ?

6- Pourquoi la bouteille est-elle vide ?

7- Où sont passées les casseroles ?

8 - Qui a dit que c'était impossible ?

9 -Pourquoi lundi ?

10- Que fait le chat chez les voisins ?   

mariage-de-parrain-et-marraine.JPG

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  • : Fa Do Si
  • : Au fil de mes réflexions, en partant du quotidien et ou de l'actualité, d'une observation, ou à partir de thèmes des communautés de blogs ...
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Sur les blogs, les jeux d'écriture témoignent de la vitalité

de la langue française sans tapage

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 Ephéméride de ce jour

 

et chaque jour

je n'oublie pas Anne-Sophie

les yeux dAnne-sophie

et ses compagnes d'infortune :

145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015 ; 123 en 2016 et en 2017 ; 121 au moins en 2018 ; 150 en 2019 (au moins 122 confirmés)

(clic sur son regard pour comprendre ... un peu)

 

Profitez des instants de la vie :

le temps s'écoule à sa cadence,

trop vite ou trop lentement,

sans retour possible

N'oubliez pas que

"Tous les matins du monde sont sans retour"

Métiers improbables

TheBookEdition - Les anthologies Ephémères

La 6ème anthologie est parue en mai

Informations sur 

 Les anthologies éphémères