~ Billet 103 ~
Pour le thème de la semaine Dana nous propose de nous rapprocher des nuages, sur une suggestion de Azalaïs
Je ne résiste pas à la tentation de vous rappeler ce que j'y avais vu quelques jours avant pâques :
un petit tour par Des cloches et des oeufs ?
Je ne sais si nos anciens étaient plus ou moins poètes ou rêveurs que nous, mais les gens y cherchaient aussi des signes pour des finalités pragmatiques, en témoigne le dicton suivant :
L'temps s'abernaudit
Les poul's s'accroupiotent
I' va nous cha un' r'nappée !
Proverbe normand ou percheron
Ciel couchant au dessus d'Oslo
Ce qui forme un haïku presque parfait en 5/5/7, mais impossible à améliorer, vous allez comprendre pourquoi.
Autre ciel au dessus d'Oslo
Ce dicton signifie
Le temps s'assombrit
Les poules s'accroupissent
Il va tomber une averse
Et forme un haïku rythmé 5/5/7
Etonnant non ?
Evidemment dicton transmis oralement, j'ai essayé d'en donner une transcription écrite. Je vous fais grâce de la transcription phonétique, que je ne maîtrise assez mal.
S'abernaudir que j'ai traduit par s'assombrir est plus précis puisqu'il fait référence à la nuit :
Le temps en plein jour, prend la couleur de la nuit.
extrait d'une photo prise en plein midi à Bergen, réputé pour être la ville de Norvège qui a le plus d'averses.
(Mais la réputation de la Normandie n'en est pas loin pour la France en ce qui concerne le jours de pluies, du moins avant que le réchauffement climatique ne s'en mèle.)
La r'nappée voici quelques pistes pour la prononciation : le A tend vers un O ouvert et le é de la fin est très fermé avec mais avec presque un éil comme si vous prononciez soléil avec un accent aigu.
Quant à l'image de la nappée, elle correspond bien à cette région dont les pluies d'automne et de fin d'hiver et de début de printemps, qui duraient quelquefois des jours, étaient, sont souvent synonymes d'inondations à venir dans les prés.
La renappée suggère que la pluie est déjà installée.
Il ne serait venu à l'idée de personne de construire dans certains endroits et les règles de construction des moulins étaient l'objet d'améliorations constantes.
Pour en revenir aux nuages, leur connaissance ne portait peut-être pas sur leurs noms savants, mais tout le monde chez nous savait ceux qui annonçaient du beau temps, ceux qui annonçaient le vent et la bruine, ceux qui n'étaient que de la colère brève.
Je me souviens de ces milliers de fois où l'on interrogeait « le pied du temps », c'est-à-dire, l'apparence du ciel vers l'ouest. Cette météo, assez fiable, n'avait qu'une vérité locale. Logique, lorsqu'on habitait à moins de cent kilomètres de la Manche.
Quant aux poules, elles s'accroupissaient en effet juste avant la pluie, sous un arbre, ou, quand elles étaient mieux loties et bénéficiaient d'un abri en dur, elles rentraient au poulailler avant même que les nuages ne nous fassent signe.
Et celle-ci, venue par intrusion dans le jardin de ma grande soeur, n'était pas prête à rejoindre son poulailler :
car Il faisait grand beau temps !
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