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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 05:35

Lire  ICI la traduction française de Gérard de Nerval

C'est le deuxième Jeudi en poésie avec Hauteclaire pour le défi n°52 des CROQUEURS DE MOTS

Aujourd'hui légendes sur terre. S'il est un poète qui réconcilie avec la langue allemande, c'est bien Goethe, et un poème qui rend à cette langue à la réputation gutturale toute sa musique et sa douceur possible, c'est bien ce poème par ailleurs mis en musique par Schubert, et, excusez du peu, traduit par Gérard de Nerval que Gounod reprend pour son Faust.

 

Der König in Thule

 

Es war ein König in Thule,

Gar treu bis an das grab,

Dem sterben seine Buhle

Einen goldnen Becher gab.

 

Es ging ihm nichts darüber

Er leert' ihn jeden Schmaus;

Die Augen gingen ihm über,

So oft er trank daraus.                                       * ou trank er ?

 

Und als er kam zu sterben,

Zählt' er seine Städt' im Reich,

Gönnt' alles seinen Erben,

Den Becher nicht zugleich.

 

Er saß beim Königsmahle,

Die Ritter um ihn her,

Auf hohem Vätersaale,

Dort auf dem Schloß am Meer.

 

Dort stand der alte Zecher,

Trank letzte Lebensglut,

Und warf den heil'gen Becher

Hinunter in die Flut.

 

Er sah ihn stürzen, trinken

Und sinken tief ins Meer,

Die Augen täten ihm sinken,

Trank nie einen Tropfen mehr.

Johann Wolfgang von Goethe, 1774

 

fée de près - reducJe l'ai croisée dans mes promenades tout l'hiver, cette mystérieuse fée, au port de reine des neiges.

Et si c'était la reine de Thulé ?

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 05:30

Le jeudi en poésie des CROQUEURS DE MOTS sous le commandement de l'Amirale Hauteclaire est dédié aux légendes sur terre pour la deuxième semaine du défi n°52.

 

Comme vous le lirez, dans ce poème, la terre n'est pas loin de la mer.

 

Deux versions d'une même oeuvre ... J'ai mis l'original en ligne ICI.

 

Mais quand un poème de cette qualité est traduit par un autre poète de la qualité de Gérard de Nerval, en voici le résultat.

 

Il était un roi de Thulé

À qui son amante fidèle

Légua, comme souvenir d’elle,

Une coupe d’or ciselé.

 

C’était un trésor plein de charmes

Où son amour se conservait :

À chaque fois qu’il y buvait

Ses yeux se remplissaient de larmes.

 

Voyant ses derniers jours venir,

Il divisa son héritage

Mais il excepta du partage

La coupe, son cher souvenir.

 

Il fit à la table royale

Asseoir les barons dans sa tour ;

Debout et rangée alentour,

Brillait sa noblesse loyale.

 

Sous le balcon grondait la mer.

Le vieux roi se lève en silence,

Il boit, — frissonne, et sa main lance

La coupe d’or au flot amer !

 

Il la vit tourner dans l’eau noire,

La vague en s’ouvrant fit un pli,

Le roi pencha son front pâli…

Jamais on ne le vit plus boire.

Gérard de Nerval, poèmes divers, 1827,

traduction de Der König in Thule, de Goethe

 

voir l'article Der König in Thule - wikipedia

ainsi que celui sur Thulé (mythologie)

 

Vous pouvez aussi en écouter la ballade du roi de Thule, dans l'adaptation de Gounod, chantée par Conchita Supervia en 1931 ICI sur le blog musical de Colinearcenciel

 

300px-Thule_carta_marina_Olaus_Magnus.jpg

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 05:30

Hauteclaire nous invite sur la crête des hautes vagues des légendes de mer en ce premier jeudi du défi n°52 des CROQUEURS DE MOTS.

 

Jean sans Terre aborde au dernier port

A Claire sans lune.

 

Jean sans Terre sur un bateau sans quille

Ayant battu la mer sans horizons

Débarque un jour sans aube au port sans ville

Et frappe à quelque porte sans maison

 

Il connaît bien cette femme sans figure

Se décoiffant dans un miroir sans tain

Ce lit sans draps ces baisers sans murmure

Et ce facile amour sans lendemain

 

Il reconnaît ces trirèmes sans rames

Ces bricks sans mâts ces steamers sans vapeur

Ces rues sans bars ces fenêtres sans femmes

Ces nuits sans sommeil et ces docks sans peur

 

Mais il passe inconnu devant ses frères

Il ne voit point ses jeunes soeurs pâlir

L'herbe ne tremble pas dans le pré de son père

Quelle est cette idée sans souvenir ?

 

Dans le jardin sans arbre aucune grille

Ne l'empêche de cueillir le jet d'eau

Qu'il va offrir à cette triste fille

Qui se pendit pour l'avoir aimé trop

 

Quel est ce boulevard sans dieux à vendre ?

Ce crépuscule sans accouplement ?

Ce réverbère étouffé par ses cendres ?

Cette horloge laissant pourrir le temps ?

 

Alors pourquoi ces jonques ces tartanes

Chargées de fûts sans vin de Christs sans croix

De sacs sans riz de danses sans gitanes

De citrons sans vertu d'aciers sans poids ?

 

Pourquoi ces quais sont-ils sans un navire ?

Ces bois sans étincelle ces stocks

Sans douane et ces bars sans délire ?

Seule la mer travaille dans les docks !

 

Quel est ce port où nul bateau n'aborde ?

Quel est ce sombre cap sans continent ?

Quel est ce phare sans miséricorde ?

Quel est ce passager sans châtiment ?
 

Yvan Goll, 1891 - 1950

Le livre d'or de la poésie française des origines à 1940, Pierre Seghers, marabout, 1972, p 374-375 

      Voir aussi ICI et ICI.

Ce poète semble oublié, mais il a aussi ceux qui entretiennent son souvenir. ainsi, existe depuis 1994 le Prix International de Poésie Francophone Yvan Goll

Port de Sendaï après le passage du tsunami, 12 mars 2011, photo du domaine public prise par la US Navy photo, empruntée à wikipedia. Un clic sur le cliché pour en savoir plus

Sendai-12-03-2011.jpg

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 07:00

etang-de-la-Trappe.JPG 

Petit guide de lecture : On présente souvent les poèmes de Paul Fort(1), quand on ne l'a pas oublié, avec une mise en page en vers. C'est ne pas respecter le poète qui faisait rimer ses textes en les écrivant en prose, ce qui lui donne de la liberté et dans la place des rimes et dans les alternances et les changements de rythme.

A Saint-Pol-Roux(2).II
  Un trop grave problème occupait mon esprit, on riait au château, moi le Fou, je m'enfuis. - (La lune était pleine, l'étang était blême, et Coxcomb ordonnait un mignon stratagème...)
- "Les rayons de la lune et les bulles de l'étang procréeront-ils sans honte à la face du monde ? Ah, ma pudeur s'afflige. Qu'on se marie, voyons. Pas de prêtre ? Allons donc. Je suis là, moi, Coxcomb."
Or, j'ai marié ce soir la lune avec l'étang. Un fort beau mariage, avec beaucoup de gens. Autour du fils unique, un poupard de brouillard gros de tout un printemps, - ô cortège de noces ! - au clair de la lune, outre nos chats-huants, des étoiles battant neuf et des tétards d'argent fôlatraient aux bons coins de sa robe électrique, - humph ! avec aussi de notables personnes, moi, Coxcomb, mon Ombre et ma Bosse.
Bon, la coquette, là-haut, se frottait les pommettes, du bout bleu d'un nuage, et polissait son nez. Bien, je fis la toilette, moi-même, du fiancé. Que ce fut de l'ouvrage ! Sa branlante perruque de joncs écartée, - je lui courbais d'un saule une raie de côté, - ma surprise fut énorme :
- Qu'as-tu fait de ton nez ?- Hélas, gémit l'étang.- Foin, il te faut un nez.- J'ai ces drains, j'ai cent bras, j'ai cette source, j'ai une jambe.- Cent bras, c'est trop. Tu as assez d'une jambe, mais il te faut un nez.- J'ai des aulnes, j'ai des ailes...- Vois-tu, c'est qu'elle sent bon, la lune, les soirs d'été.- Je ne vois rien, monsieur, je suis aveugle-né.
Humph, quel Adonis. - Sais-tu qu'elle vaut les yeux d'être vue la Phébé ? Tu auras des yeux, tu auras un nez. Comment donc a-t-elle pu s'amouracher de toi ? Ca, je n'y comprends rien. N'y a-t-il pas Coxcomb à chérir ici-bas ? Si de passer ma Bosse, un fluide se dégage ensorceleur en diable... comme deux reines me l'ont dit... Peste ! mon Ombre, vous nous tendez une ouïe ! C'est tout, madame, sachez que je n'ai rien dit.
- Holà, mais je ne t'aperçois aucune bouche mon cher. Holà, l'étang, comment parles-tu ?- Avec le vent dans mescheveux, monsieur.- Ca ne se passera pas comme ça. Tu seras comme un ange. Et tu auras une bouche encore pour la baiser...- Et lui souffler ces vers couleur de son visage, que pour elle ma cervelle cisèle de ses reflets, n'est-ce pas ?- Ta cervelle ?...- Oui, ma vase; et depuis si longtemps ils sont au moins quinze cents ! (conclurent galamment les joncs avec le vent.)
Bref, crevé l'épiderme de ce beau ténébreux du coup d'éclair courbé de ma gaule, - bon, un oeil. Crevé par trois fois, - un oeil, un oeil, un nez. Puis trois éraflures, - les moustaches, la royale. Bref, au centre, planté ma gaule ! - une gueule superbe.
Tandis que deux iris donnent la vie à ses yeux, la lune aux lents baisers colore d'or son nez. Cette façon de se passer d'anneau parut sans doute fort déplacée. J'entendis un frouifrouis, dans l'air, de mal augure. Deux chouettes de bon aloi fuyaient épouvantées, et je cherchais en vain mon Ombre à mes côtés. Ces trois dames, fort prudes, s'étaient désinvitées.
- Du rythme ! - entends-je bruire - à ta cérémonie. On te paiera, Coxcomb.- Bien, bien.Je fais grogner mon nez et pleurer mes grelots, je me frappe la cuisse (en mesure toutefois), je siffle entre mes doigts, je fais humph ! je fais ha ! j'écrase les roseaux, j'escalade les aulnes - et ce sont des chants pieux qui dans la nuit résonnent.
- Tu m'arraches les cheveux ! tu me déchires les ailes ! Oh, sale humanité, va, je te quitterai ! - hurle si fort l'étang, que j'en reste accablé.- Vous me semblez ému ? Vous nous ouvrez des ailes... Il y a de quoi, sans doute. Heureux mortel, voyons. Eh donc, vous vous troublez ? Peste, quel geste ! Holà, mon Dieu, ma tête ! Vraiment, un tel lourdaud tenterait-il de voler ?- A moi, mes aulnes ! à moi, mes ailes !- Holà, ma caboche ! Il s'envole, ma parole !... Ah, ah, réfléchissons.
Lorsqu'un étang veut embrasser sa fiancée Et que sa fiancée se trouve être la lune, Et que (depuis des temps) la lune est aux étoiles,Mais que l'étang prétend avoir de quoi voler,Il vaut mieux filer Que de contempler d'aussi absurdes choses.D'autant mieux que l'étang peut vous choir sur le nez, Sans préjudice de la lune, S'il l'a décrochée.
Filons. Un gueux d'orage se drape sous la lune, qui d'une foudre oblique pourrait bien me pourfendre... Bah ! je suis de ces fous renaissant de leurs cendres.
Paul Fort, extrait de Les fous et les clowns, Mes légendes - II, quatrième livre des Ballades Françaises, Mercure de France, Paris 1897

(1) Paul Fort, 1872 - 1960, Ballades françaises, 40 volumes de ses poèmes réunis 1922 - 1958
(2) Saint-Pol-Roux, poète symboliste oublié mais célébré par André Breton qui lui dédie Clair de terre et Vercors qui lui dédie Le silence de la mer ("le poète assassiné"). Voir aussi l'article de Patriarch du 5 novembre 2010 : 1861-Saint-Pol-Roux-1940

Paul Fort, beaucoup d'entre vous en connaissent Le petit cheval dans le mauvais temps, mis en musique et chanté par Georges Brassens.
Mais c'est aussi l'auteur de Si toutes les filles du monde, réduit à Si tous les gars du monde par les Compagnons de la chanson (ma réflexion ne signifie pas que sous prétexte d'égalité des sexes il faille croire n'importe quelle fille !!!).
etang-de-la-Trappe.JPG

 

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 07:00

Pour le défi n°51 des CROQUEURS DE MOTS, piloté cette quinzaine par catiechris, les maîtres mots sont planètes, poussières d'étoiles, infini, sur fond de lettre d'amour intergalactique.

 

J'envie un peu les gens, la plupart en fait, qui sont capable de s'apitoyer devant les images de leur écran de télé et qui vivent leur petite vie égocentrée autour de leurs petits cercles.

 

Ma sidération est trop grande pour que je puisse encore la sublimer dans une inspiration qui me déserte et à fortiori continuer à jouer ces petits jeux littéraires qui sont habituellement mes bulles de légèreté, distractions anodines aussi nécessaires que la respiration d'un air préservé de trop grandes pollutions.

 

J'ai retrouvé ce sonnet de Louise Labé qui me semblait adapté à la consigne de ces jeudis,avant de prendre connaissance de ce magnifique haïku de Dominique.

 

Inutile de vous dire que les mots de Louise Labé me semblent bien vains, même tempérés par les derniers vers ...

lune-et-fleurs-de-prunier.JPG

 

Luisant soleil, que tu es bienheureux

De voir toujours de t'amie(1) la face !

Et toi, sa soeur, qu'Endymion(2) embrasse,

Tant te repais de miel amoureux !

 

Mars voit Vénus ; Mercure aventureux

De Ciel en Ciel, de lieu en lieu se glace ;

Et Jupiter remarque en mainte place

Ses premiers ans plus gais et chaleureux(3).

 

Voilà du Ciel la puissante harmonie,

Qui les esprits divins ensemble lie ;

Mais, s'ils avaient ce qu'ils aiment lointain,

 

Leur harmonie et ordre irrévocable

Se tournerait en erreur variable,

Et comme moi travailleraient en vain.

Louise Labé, Sonnets, XXII,

Louise Labé, Oeuvres poétiques, Poésie/Gallimard, 2006, p130

 

(1) t'Amie : la lune, Séléné ou Diane qui aima  Endymion

(2) Endymion : selon les sources, roi d'Elyde ou berger de la mythologie grecque aimé par Arthémis (grec) ou Séléné ou Diane (déesses romaines de la lune et pour Diane, de la chasse). 

(3) Ses premiers ans ...  chaleureux : ce vers est obscur, écrit le commentateur de Gallimard.
Il semble pourtant qu'il s'agisse de la référence aux jeunes années de Jupiter et de tout un chacun et de leur aptitude à la gaité et à l'insouciance, naïveté que la vie et les expériences se chargent de refroidir. 

 

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 07:00

Deuxième jeudi en poésie sous le signe du féminin en cette semaine de la journée de la femme, sous la conduite éclairée de Lilie pour le défi n°50 des CROQUEURS DE MOTS

fleur-duvet.JPG

 

L'offrande à la nature

 

Nature au coeur profond sur qui les cieux reposent,

Nul n'aura comme moi si chaudement aimé

La lumière des jours et la douceur des choses,

L'eau luisante et la terre où la vie a germé.

 

La forêt, les étangs et les plaines fécondes

Ont touché mes yeux que les regards humains,

Je me suis appuyée à la beauté du monde

Et j'ai tenu l'odeur des saisons dans mes mains.

 

J'ai porté vos soleils ainsi qu'une couronne

Sur mon front plein d'orgueil et de simplicité,

Mes jeux ont égalé les travaux de l'automne

Et j'ai pleuré d'amour aux bras de vos étés.

 

Je suis venue à vous sans peur et sans prudence

Vous donnant ma raison pour le bien et le mal,

Ayant pour toute joie et toute connaissance

Votre âme impétueuse aux ruses d'animal.

 

Comme une fleur ouverte où logent des abeilles

Ma vie a répandu des parfums et des chants,

Et mon coeur matineux est comme une corbeille

Qui vous offre du lierre et des rameaux penchants.

 

Soumise ainsi que l'onde où l'arbre se reflète,

J'ai connu les désirs qui brûlent dans vos soirs

Et qui font naître au coeur des hommes et des bêtes

La belle impatience et le divin vouloir.

 

Je vous tiens toute vive entre mes bras, Nature.

Ah ! faut-il que mes yeux s'emplissent d'ombre un jour,

Et que j'aille au pays sans vent et sans verdure

Que ne visitent pas la lumière et l'amour ...

 

Anna de Noailles, 1876 - 1933, Le coeur innombrable, 

L'offrande à la nature, Le coeur innombrable, 1901*

 

voir aussi l'article wikipedia, Anna de Noailles

* Sarah Bernhardt l'a récité en 1901

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 07:00

Le défi n°50 des Croqueurs de mots est piloté par Lilie cette quinzaine et à l'approche de la journée de la femme, elle nous invite à mettre la femme à l'honneur en poésie. Je choisis de donner la parole à une poétesse, elles ne sont pas si nombreuses à être éditées.

 

L

Deux amis, joints par étroite amitié,

Eurent, sans plus, une dissension :

L'un soutenait - par raison la moitié -

Que le Thuscan* a plus d'affection :

L'autre disait - par résolution -

Que le Français parle plus proprement.

Pour les vouloir mettre d'appointement,

Je dis qu'ils sont tous deux beaux à décrire :

Mais, pour en faire au vrai le jugement,

Celui dépeint ce que cestui veut dire.

Pernette du Guillet, Rymes, Epigramme L,

extrait de Louise Labé, Oeuvres poétiques, nrf, Poésie/Gallimard, p64

*Il s'agit de la langue toscane, en concurrence avec le Français au XVIème siècle, notamment dans la région de Lyon qui se trouve au carrefour de l'influence italienne et de l'influence française.
Je ne connais pas assez Pétrarque pour y voir une allusion. 

L'allusion à l'homme de lettres qu'elle aimait en secret est sans doute plus transparente : Pernette du Guillet a en effet été l'élève et l'inspiratrice de Maurice Scève

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 07:30

"Calme et berce ô ma parole l'enfant qui ne sait pas

que la carte du printemps est toujours à refaire"

Aimé Césaire, 1913 - 2008, Cahier d'un retour en pays natal, 1930 ed. Présence Africaine (je n'ai pas les pages de ces extraits)

 

Ce billet est un petit plus pour les CROQUEURS DE MOTS, mais surtout pour cette fleur et les siens.

Mon choix pour le jeudi en poésie se trouve au billet précédent : ICI

Je dédie à une petite fée qui a deux ans aujourd'hui ces vers extraits d'un long poème de Aimé Césaire ;

Cette petite fée, Chloé pour qui j'avais écrit ce billet : Ode à la vie, ode à demain.

J'avais mis en exergue  quelques vers de Aimé Césaire.

En bonus pour le jeudi en poésie, j'en ai trouvé un extrait assez large et magnifique sur le site de Potomitan, site de promotion des cultures et langues créoles. (pour atteindre l'extrait en vers, descendre dans la page au-dessous de la photo de l'heliconia)

drapes-1.JPG

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 07:00

Le mot suggéré par ABC pour ce deuxième jeudi en poésie du défi n°49 des CROQUEURS DE MOTS sous sa houlette est "surprise" après le "sourire" de la semaine dernière.

Je fais un pas de côté pour sourire d'espérance et de fierté pour ces peuples à ce vent de liberté et de dignité qui se lève depuis décembre et qui parvient jusqu'à nos oreilles depuis janvier 

 

Liberté

 

Sur mes cahiers d'écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable sur la neige

J'écris ton nom

 

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J'écris ton nom

 

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers

Sur la couronne des rois

J'écris ton nom

 

Sur la jungle et le désert

Sur les nids et les genêts

Sur l'écho de mon enfance

J'écris ton nom

 

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées

Sur les saisons fiancées

J'écris ton nom

 

Sur tous mes chiffons d'azur

Sur l'étang soleil moisi

Sur le lac lune vivante

J'écris ton nom

 

Sur les champs sur l'horizon

Sur les ailes des oiseaux

Et sur le moulin des ombres

J'écris ton nom

 

Sur chaque bouffée d'aurore

Sur la mer sur les bateaux

Sur la montagne démente

J'écris ton nom

 

Sur la mousse des nuages

Sur les sueurs de l'orage

Sur la pluie épaisse et fade

J'écris ton nom

 

Sur les formes scintillantes

Sur les cloches des couleurs

Sur la vérité physique

J'écris ton nom

 

Sur les sentiers éveillés

Sur les routes déployées

Sur les places qui débordent

J'écris ton nom

 

Sur la lampe qui s'allume

Sur la lampe qui s'éteint

Sur mes maisons réunies

J'écris ton nom

 

Sur le fruit coupé en deux

Du miroir et de ma chambre

Sur mon lit coquille vide

J'écris ton nom

 

Sur mon chien gourmand et tendre

Sur ses oreilles dressées

Sur sa patte maladroite

J'écris ton nom

 

Sur le tremplin de ma porte

Sur les objets familiers

Sur le flot du feu béni

J'écris ton nom

 

Sur toute chair accordée

Sur le front de mes amis

Sur chaque main qui se tend

J'écris ton nom

 

Sur la vitre des surprises

Sur les lèvres attentives

Bien au-dessus du silence

J'écris ton nom

 

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés

Sur les murs de mon ennui

J'écris ton nom

 

Sur l'absence sans désir

Sur la solitude nue

Sur les marches de la mort

J'écris ton nom

 

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l'espoir sans souvenirs

J'écris ton nom


Et par le pouvoir d'un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaitre

Pour te nommer

 

Liberté

 

Paul Eluard, Poésie et vérité,1942


 

Pour en savoir plus sur ce poème et sur Paul Eluard :

La page Wikipedia - Paul Eluard

Et si vous préférez l'écouter il y a l'embarras du choix : j'ai opté pour ces voix d'élèves de CM1 et  CM2

Mais si vous avez 5 minutes encore, pour lire et voir dans une toute autre ambiance sonore ou récité par Jean-Louis Barrault pour A2 en 1977 (archive de l'INA)

liberte-de-Paul-Eluard.jpg

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 07:00

C'est notre capitaine de quart ABC qui a lancé le 49ème défi des CROQUEURS DE MOTS pour la quinzaine.
Au menu poétique de ce jeudi "sourire". Jeudi prochain rimera sous le signe de la "surprise".

 

Etrange voyageur voyageur sans bagages

Je n'ai jamais quitté Paris

ma mémoire ne me quittait pas d'une semelle

ma mémoire me suivait comme un petit chien

j'étais plus bête que les brebis

qui brillent dans le ciel à minuit

il fait très chaud

je me dis tout bas et très sérieusement

j'ai très soif j'ai vraiment très soif

je n'ai que mon chapeau

clef des champs clefs des songes

père des souvenirs

mais ce soir je suis dans cette ville

derrière chaque arbre des avenues

un souvenir guette mon passage

C'est toi mon vieux Paris

tes monuments sont les bornes kilométriques de ma fatigue

je reconnais tes nuages

qui s'accrochent aux cheminées

pour me dire adieu ou bonjour

la nuit tu es phosphorescent

je t'aime comme on aime un éléphant

tous les cris sont pour moi des cris de tendresse

je suis comme Aladin dans le jardin

où la lampe magique était allumée

je ne cherche rien

je suis ici

je suis assis à la terrasse d'un café

et je souris de toutes mes dents

en pensant à tous mes fameux voyages

je voulais aller à New york ou à Buenos-Ayres

connaître la neige de Moscou

partir un soir à bord d'un paquebot

pour Madagascar ou Shanghaï

remonter le Mississippi

je suis allé à Barbizon

et j'ai relu les voyages du capitaine Cook

je me suis couché sur la lmousse élastique

j'ai écrit des poèmes près d'une anémone sylvie

en cueillant les mots qui pendaient aux branches

le petit chemin me faisait penser au treanscanadien

et ce soir je souris parce que je suis ici

devant ce verre tremblant

où je vois l'univers

en riant

sur les boulevards dans les rues

tous les voyous passent en chantant

les arbres secs touchent le ciel

pourvu qu'il pleuve

on peut marcher sans fatigue

jusqu'à l'océan ou plus loin

là-bas la mer bat comme un coeur

plus près la tendresse quotidienne

des lumières et des aboiements

le ciel a découvert la terre

et le monde est bleu

pourvu qu'il pleuve

et le monde sera content

 

Phillippe Soupault, 1897 à Chaville, 1990 à Paris,

Westwego (1917 - 1922), Libraire six 1922, page 15 à 18

 

Sur-un-pont-de-Paris.JPG

Sur un pont de Paris au milieu des années 1950. Le premier voyage à Paris dont je me souvienne. La petite fille que je suis ne souris peut-être plus mais ses petites jambes sont bien fatiguées, sans doute ...

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(clic sur son regard pour comprendre ... un peu)

 

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